Sphère émotionnelle

Charte de l'Écosexologie : pour une nouvelle sexologie

Charte de l'Écosexologie : pour une nouvelle sexologie

Le projet Osphères, dans la perspective d’une autre sexologie, a produit une réflexion et alimenté un corpus de textes balayant l’ensemble des sujets liés à la sexualité, l’amour, l’érotisme, sur les plans émotionnel, fonctionnel et sociétal. Cette perspective se nomme aujourd’hui "Écosexologie".

Charte de l'Écosexologie : pour une nouvelle sexologie

Mieux se connaître, mieux s'aimer

Quid de la sexologie ?

Si les pionniers* de la sexologie ont eu l’ambition d’en faire une discipline à l’intersection de l’ensemble des sciences humaines et sociales, sa confiscation par la sphère médicale en a réduit l’identité à une sous-catégorie de la médecine. Les grandes thématiques de la sexologie, dysfonction érectile, anorgasmie, baisse de libido, sont aujourd'hui abordées sous l’angle du déséquilibre de la chimie cérébrale et "traitées" en tant que tel. Plus que jamais l’approche diagnostique s’oriente vers la causalité organique. La sexologie s’étiole, elle se recroqueville sur une mécanique du rapport sexuel en s’exonérant de sa mission centrale d’analyse érudite de l’écosystème des personnes et des couples en souffrance. Ce faisant, elle génère une négation de la complexité des relations interpersonnelles qui concourt à l'effacement de la sexologie au profit de la sexiatrie*, d'une discipline de la santé sexuelle. Le symptôme était la porte d'entrée dans les coulisses de la chambre nuptiale, la manifestation palpable d'un dysfonctionnement relationnel, il devient le nuisible qu'il convient d'éradiquer coûte que coûte. La Flibansérine et aujourd’hui la Kisspeptin, présentées comme des boosters de libido féminine, démontrent, une fois de plus, l’obstination coupable dans la réduction de l’humain à un corps machine déconnecté de son environnement, de son histoire, de ses émotions.

Par ailleurs, contrairement à ce qu’avait initié Magnus Hirschfeld, la sexologie orthodoxe s’est désengagée de toute implication, de toute prise de position politique. On remarquera, entre autres, que l’analyse du phénomène porno-prostitutionnel, de ses conséquences en matière de violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants, est confiée à la sociologie, alors que l’enjeu est celui de la jouissance et des conditions de son obtention. La sexologie contemporaine a déserté le sociétal, le politique, et abandonné tout un pan de la recherche, de l’implication sexologique.

L'écosexologie : écosystème et pensée holistique 

Le projet Osphères, dans la perspective d’une autre sexologie, a produit un corpus de textes balayant l’ensemble des sujets liés à la sexualité, l’amour, l’érotisme, sur les plans émotionnel, fonctionnel et sociétal. Cette perspective se nomme aujourd’hui "Écosexologie".

L’écosexologie se voue à l’étude holistique de La Sexualité et de ses écosystèmes. Inspirée de la sexologie humaniste du docteur Jacques Waynberg, elle est la rencontre originale des sciences humaines, de la philosophie et de la politique. Elle défend la nécessité de repenser le rapport au corps, au désir, au plaisir, à la liberté, au bonheur, dans une optique d’hédonisme ascétique, compris comme une résistance salutaire à la consommation sexuelle et plus largement au consumérisme du monde moderne. 

Les principes écosexologiques

1- L’écosexologie envisage les problématiques de la sexualité érogène comme l'expression d'un écosystème perturbé par :

  • un conflit entre les déterminants émotionnels, cognitifs, fonctionnels et sociétaux de la sexualité érogène ;
  • et/ou une altération de la fonction érotique individuelle ;
  • et/ou une incompatibilité des fonctions érotiques du couple. 

L’écosexologie ne s’intéresse au dysfonctionnement du rapport sexuel qu’au titre de la plainte exprimée. 

2- L’écosexologie, suivant les principes de la sexologie humaniste, priorise la dimension émotionnelle de l’expérience érogène. C’est par le prisme des émotions partagées qu’il est possible de porter un regard lucide sur ses réussites, ses défaillances, ses ratés. Lorsqu’un couple se plaint de mal en jouir, la sexologie orthodoxe interroge le rapport sexuel, quand l’écosexologie se penche sur la capacité du couple à s’émouvoir de concert de la vie.

3- L’écosexologie comprend l’écosystème de l’individu et du couple comme un ensemble d’interactions croisées, complexes, entre les ambitions personnelles, les potentiels émotionnel, cognitif, l’image de soi, le capital santé, l’historique émotionnel, les codes et tabous culturels, les attentes et injonctions sociétales. La pratique écosexologique vise la résolution des conflits d’écosystème et le rétablissement pérenne de la santé relationnelle.  

4-L’écosexologie est fondamentalement attachée à la liberté d’expression des diverses orientations érotiques et sexuelles, mais aussi à la liberté d’Être dans le respect de l’Autre. L’écosexologie ne porte pas de jugement moral sur les relations intimes. Elle se focalise sur le désir partagé, la rétribution équitable des émotions et l’épanouissement personnel. Elle instaure une analyse des comportements érogènes qui appelle le concept d’acte sexuel limite au-delà duquel la pratique érotique acquiert les marqueurs du dysfonctionnement. Hormis pour les comportements sexuels qui s’excluent d’eux-mêmes du champ érotique — pédophilie, zoophilie, nécrophilie, coprophilie, etc. — l’écosexologie reconnait qu’aucune interprétation de l’érotisme n’est par nature pathologique ou pathogène.

5- L’écosexologie condamne toutes formes d’agression et d’exploitation sexuelles. Elle fait du combat contre la porno-prostitution une priorité en vue de la pacification, de la normalisation des relations humaines. Il s’agit de redonner du sens, du sacré, à l’expérience de la sexualité érogène.

6- L'écosexologie constate que la libération sexuelle, la libération du désir, la consommation de sexe, et in fine la pornification des relations intimes n’ont pas déclenché un tsunami d’individus et de couples épanouis. Le modèle érogène socialement validé semble épuiser les amantes, les amants, dans la quête d’un Graal désacralisé. L’expérience érotique "pornifiée", qui impose l’effacement du singulier au profit d’une standardisation psychocomportementale, est contreproductive, anxiogène et parfois traumatisante. C'est pourquoi l’écosexologie replace l’identité assumée de la relation amoureuse, de la relation érogène, au centre de la réussite du projet de couple. L’écosexologie invite à écrire une histoire de l’union centrée sur l’acceptation, le développement de la singularité et l’ambition du sens.

7- L’écosexologie milite en faveur de l’éducation aux sexualités reproductive et érogène, pour la transmission d’un savoir érudit et exhaustif. De fait, elle préconise de confier cet enseignement à des personnels dument qualifiés. Il lui semble pertinent, par ailleurs, d’impliquer celles et ceux qui maîtrisent l’art de la pédagogie et bénéficient de la connaissance du public. C’est pourquoi l’écosexologie préconise la formation du corps enseignant au discours sexo-éducatif.

8- L’écosexologie est empreinte des courants philosophiques axés sur la maîtrise du désir. Autrement dit, la prise de conscience qu’il est possible, souhaitable et bénéfique de le dominer. C’est in fine de la recherche du bonheur, de son acception, dont on parle, d’une redéfinition de ses moyens d’accès. Comment être heureux ? Comment s’épanouir ? Comment en jouir plus ? L’écosexologie y répond au regard des bénéfices liés à l'assujettissement du désir à la libre volonté de lui résister, en termes de mieux-vivre, de mieux jouir, de mieux être. 

9- Enfin, l’écosexologie s’accorde avec les principes de vie écologistes. En cela elle porte un regard critique sur l’implication de la pharmaceutique, de la cosmétique et de la chirurgie esthétique dans la mise en œuvre des sexualités érogène et reproductive. L’écosexologie est une sexologie humaniste, holistique, politiquement engagée et militante, qui œuvre à l’avènement d’un projet sociétal empreint d’humanité et de nature. 

* Parmi les pionniers de la sexologie, citons le docteur-sexologue Jacques Waynberg penseur de la sexologie humaniste.

* Le terme "sexiatrie" a été proposé par le docteur-sexologue Jacques Waynberg pour définir la mutation de sexologie en médecine de la santé sexuelle. La sexiatrie est à la sexologie ce que la psychiatrie est à la psychologie.

* Crédit illustration : Twin Flame You Are

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