Sphère émotionnelle

L'érotisme militant de Kimberley Manning

L'érotisme militant de Kimberley Manning

De nombreuses artistes féminines osent désormais affronter la critique sur le terrain tabou de l’érotisme. Un double défi, mêlant l’art et le sexe. Parmi elles, Kimberley Manning, une jeune et talentueuse Australienne et ses œuvres qui challenge le culte de l’imagerie porno.

L'érotisme militant de Kimberley Manning

La nouvelle vague de l'érotisme au féminin.

Si dans la sphère artistique les femmes sont sous-représentées, ceci est particulièrement flagrant dans le domaine des arts plastiques. Un paradoxe au regard de la féminisation des écoles d’art qui s’opère depuis les années 70 et du nombre croissant de jeunes femmes diplômées. La raison pour laquelle à talent égal, une artiste féminine est moins considérée que sa contrepartie masculine, qu’elle se voit offrir moins d’opportunités d’exposer dans les galeries d’art, est à la fois mystérieuse et évidente. Mystérieuse, car aucun élément rationnel ne saurait le justifier. Par contre, si l’on reconnaît que les compétences assignées au genre féminin sont systématiquement dépréciées dans les sociétés phallocratiques, alors l'explication s'impose d'elle-même. Dévalorisées et marginalisées les artistes féminines sont invisibilisées au profit de leurs homologues masculins qui bénéficient toujours de l’apriori favorable des marchands d’art. Mais Kimberley Manning ne l'entend pas de cette oreille et s'expose sans complexes sur les réseaux sociaux.

L’artistique est sous emprise masculine, tout comme la sexualité, et les fantasmes féminins sont ostracisés au même titre que leur œuvres artistiques. La créativité et l’aptitude des femmes à embrasser l’exigence de l’expérience émotionnelle déstabilisent et dérangent vraisemblablement les ténébreux de l’art et les pornographes qui usent de leur reste de pouvoir pour endiguer leur flot. Cependant, de nombreuses artistes féminines osent désormais affronter la critique sur le terrain tabou de l’érotisme. Un double défi, mêlant l’art et le sexe. Parmi elles, Kimberley Manning, une jeune et talentueuse Australienne et ses œuvres qui challenge le culte de l’imagerie porno. 


Deux modes opératoires pour une même finalité.

Le premier à base d’acrylique s’emploie à déconstruire, sur le mode de l’abstraction, l’hyper-réalité sursaturée de la pornographie hardcore. Toutefois la démarche n’est pas celle de Betty Tompkins, il ne s’agit pas de sublimer la laideur pornographique, mais d’instiller un malaise chez le spectateur : « Le sentiment de honte que peut ressentir celui qui identifie le scénario représenté est une idée qui m’intéresse au plus haut point. » Par essence, l’abstraction sollicite l’imagination et la subjectivité. De fait, la vision d'une sexualité androcentrée qui surgirait dans l’esprit du spectateur pourrait-elle s'originer autrement que dans une représentation des relations intimes qui lui est familière ? L'ambition louable de Kimberley Manning de pousser le spectateur à la prise de conscience, repose toutefois sur un postulat risqué : la clairvoyance des consommateurs de hardcore. Un défi de taille. Quoiqu’il en soit, comme elle le précise, « le process artistique qui consiste à déstructurer l’image porno jusqu’à la limite du reconnaissable est plus satisfaisant que de la peindre de façon réaliste avec l’objectif de choquer […] car l’ambiguïté qui en découle alimente les discussions et interpelle un plus large public. » 


Animée par la volonté d’offrir une perspective à la sexualité autre que l’érotisme porno, Kimberley Manning développe, sur fond d’aquarelle, un discours artistique qui met en valeur la séduction, la sensualité, la passion, l’intimité et la vulnérabilité, autant d’items lexicaux absents de la rhétorique des pornographes. Grâce à sa maîtrise de la fluidité, l’artiste rend visible ce qui ne peut être traduit par des mots : le caractère intense, étrange et extraordinaire d’un érotisme complice. Les émotions ressenties ne se nourrissent pas d’une exposition à des plans serrés sur la génitalité, de la domination perverse des hommes sur les femmes, mais d’une atmosphère de volupté, d’harmonie relationnelle où l’engagement consensuel des partenaires est une donnée imprescriptible. De plus, l’artiste qui n’occulte pas la réalité physique, parfois obscène, fantasmatique de la sexualité, prouve que l’on peut explorer avec raffinement et intelligence le champ de l’intime sans se défendre de dépeindre son exacte nature. Elle précise à ce sujet : « Nous ne sommes plus de délicates fleurs rêvant au Prince charmant, nos fantasmes sont follement divers, excitants, étranges et créatifs. » Quand la pornographie ne parvient pas à appréhender la complexité des relations érotiques, s’enlisant dans le coercitif et le charnel bas de gamme, Kimberley Manning s’y épanouit avec talent. 

Comme beaucoup de jeunes artistes féminines, Kimberley Manning a compris qu'elle ne pourrait compter que sur elle pour diffuser son travail. Elle dispose à cette fin d'un compte instagram où elle présente ses innombrables créations. Il est donc possible de suivre l'évolution de sa démarche artistique au jour le jour et le cas échéant d'un coup de cœur d'acquérir une de ses œuvres.     





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