L'orgasme prostatique, le graal du plaisir masculin !

La prostate, un organe du plaisir masculin.
Tous les hommes possèdent une prostate, mais la plupart du temps ils n’en prennent vraiment conscience qu’à partir du moment où elle devient source de problèmes, en général après la cinquantaine. Indispensable au processus de reproduction, elle est aussi une zone érogène ouvrant des perspectives orgasmiques. Les gays en connaissent toutes les potentialités voluptueuses, ce qui est plus rarement le cas chez les hétéros.
La prostate fait partie de la famille des glandes exocrines qui, à l’instar des glandes sudoripares, sécrètent des liquides destinés à être expulsés du corps. De la taille d’une noix de Grenoble, située sous la vessie et en avant du rectum, elle entoure le canal de l’urètre qui permet l’évacuation de l’urine. Composée de fibres musculaires lisses, de vaisseaux sanguins et de terminaisons nerveuses, elle produit un liquide, riche en enzymes, minéraux et protéines, ayant une fonction nourricière et protectrice des spermatozoïdes, le liquide prostatique. Ce dernier compte pour 15-20% du sperme dont les autres constituants sont : le liquide séminal (65-70%), les sécrétions des anses épididymo-déférentielles (15-20%), le liquide en provenance des glandes de Cowper (5%) et les spermatozoïdes (1%). Au moment de l’orgasme, les contractions de tout l’appareil génital interne et des muscles du périnée permettent au sperme d’être éjaculé.
Le point G des hommes.
L’orgasme induit par une stimulation de la prostate n’est que très peu référencé dans la littérature scientifique, contrairement à celui déclenché par l’excitation du gland. Ni Master et Johnson ni les autres penseurs de la réponse sexuelle n’en ont fait cas et seul Komisaruk le mentionne rapidement dans un ouvrage paru en 2006. Quoi qu’il en soit, la réalité de cet orgasme ne fait aucun doute et les témoignages attestent qu’il est plus puissant et voluptueux que l’orgasme pénien. Il existe plusieurs solutions pour stimuler la prostate, doigt, godemichés ou vibromasseurs dédiés, mais une seule manière de l’atteindre, la pénétration anale. De fait, pour de nombreux hétéros la pratique est teintée d’apriori homosexuel, leur interdisant d’essayer ou d’apprécier pleinement l'expérience. Il est donc indispensable de dépasser les représentations pour s’adonner à la stimulation prostatique.
La prévalence des facteurs psychologiques dans la perception de l’excitation sexuelle chez les femmes, démontrée par les travaux de Cindy Meston et Ariel B Handy (Département de psychologie de l’Université du Texas), pourrait s’appliquer aux hommes qui pratiquent la stimulation prostatique. La modulation de la fonction physiologique de la prostate en vue du plaisir sexuel, dépendrait de processus psychologiques, notamment de ceux en lien avec l’acceptation des zones érogènes et la manière dont on s’autorise à les investir. Notons qu’il est maintenant admis que le cerveau adapte constamment ses propriétés fonctionnelles et structurelles au regard des expériences vécues, grâce à des évolutions des connexions synaptiques modifiant le rapport excitation/inhibition. La plasticité du cerveau découvre des horizons surprenants dans bien des domaines.
La prostate dans le cadre des activités sexuelles est souvent nommée "point P", en référence au point G des femmes. Si la comparaison est anatomiquement incorrecte, elle n’est pas totalement dénuée de sens dans la mesure où ces deux zones portent quelques mystères. Les mécanismes exacts permettant le déclenchement d’un orgasme prostatique restent obscurs. Pour certains, ils seraient connexes avec le réseau nerveux qui entoure la prostate, pour d’autres avec l’innervation interne de la glande ou encore la plasticité cérébrale qui autoriserait par apprentissage à goûter aux effets de cette stimulation. L’orgasme prostatique demeure énigmatique car la communauté scientifique s’est peu penchée sur la question, il n’existe pas par exemple d’études ayant comparé les orgasmes péniens et prostatiques via des scans du cerveau.
Une explosion de sensations.
Pour nombre d’hommes ayant essayé la stimulation prostatique, le constat est sans ambiguïté : excitation exceptionnelle et plaisir inégalé. Explosions de sensations à couper les jambes qui envahissent tout le corps, spasmes incontrôlables, impression de partir très loin dans la jouissance et orgasmes multiples sont les principaux bénéfices de la pratique. Pour la sexologue Nathalie Giraud Desforges, si l’orgasme pénien est suivi d’une période réfractaire caractérisée par la détumescence du pénis, l’orgasme prostatique ne connaît pas ce genre de contrecoup, d’où la possibilité d’en enchaîner plusieurs. Il n’en faut pas plus pour que l’orgasme prostatique soit défini par certains comme le pendant de la jouissance féminine.
Pour bien stimuler la prostate, quelques règles doivent être respectées. L’hygiène de la zone anale est indispensable comme doit l’être celle des doigts ou des sextoys. Les parois rectales étant fragiles, les ongles longs ou mal taillés sont déconseillés. Il est aussi nécessaire de prévoir un lubrifiant. Techniquement, une approche par paliers paraît souhaitable. Un massage préliminaire de la zone anale externe pour la décontracter avant la pénétration n’est jamais superflu. Nathalie Giraud Desforges insiste sur le contrôle de la respiration qui doit être ample pour laisser l’énergie circuler, permettre un réel lâcher prise et la concentration sur les ressentis. Le plaisir prostatique n’étant pas inscrit dans les mécanismes réflexes naturels du cerveau, il est couramment entendu qu’un temps de conditionnement est nécessaire pour l’atteindre. Pour le reste, tout est question de préférences, il n’y pas de recettes sinon celles que les amants inventent au fil de leurs explorations.
L’orgasme prostatique stricto sensu s’obtient sans stimulation complémentaire du pénis. C’est pourquoi généralement il n’est pas accompagné d’éjaculation. L'absence d'éjaculation présenterait des avantages en matière d'orgasme multiple en neutralisant la période réfractaire. La rétention de l’éjaculation est un des fondements des techniques orientalistes qui permettent de conserver une érection complète après l’orgasme et d’accéder à la multiorgasmie. Suite à une prostatectomie, quelques patients ont rapporté pouvoir multiplier les orgasmes, la disparition de l’éjaculation serait là aussi la cause de cette modification du potentiel orgasmique masculin. L’écoulement d’un fluide est parfois rapporté par les adeptes du massage prostatique au moment de l’orgasme, fluide qui n’est pas du sperme mais plus certainement le liquide produit par la prostate.
Le massage de la prostate aurait aussi des effets bénéfiques sur la santé, mais là encore les données scientifiques ne sont que trop peu nombreuses. La pratique peut à l’inverse présenter des risques, les parois du rectum et la prostate sont délicates, facilement endommageables et l’intromission de sextoy trop volumineux, les pratiques brutales sont susceptibles de leur causer des lésions plus ou moins importantes. Pour profiter au mieux des opportunités sensorielles qu’offre la prostate, il est donc essentiel de respecter son corps et de ne pas lui imposer plus qu’il ne peut en supporter. La douleur est toujours un bon indicateur, en dehors des expériences SM, pour réaliser que les limites ont été dépassées. Enfin, le massage prostatique peut se combiner avec une excitation, manuelle, orale ou autre du pénis qui dans le meilleur des scénarios permettront de superposer les deux orgasmes pour un effet vraiment Waouh !
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