Transidentité et transition

Transition : un regard en arrière.
Une transition, qu'elle soit MTF pour "man to femal" ou inversement, consiste pour une personne souffrant de dysphorie de genre, à modifier son apparence et/ou son corps, généralement à l'aide de traitements hormonaux (inhibiteurs de la testostérone, oestrogènes ou progestérone), la chirurgie thoracique et génitale ou réassignation sexuelle étant le cas échéant, l'étape finale de la transition et non pas la transition en elle-même.
La transition est donc souvent confondue avec le "changement de sexe", un terme incorrect et globalement dépourvu de sens. En effet, à quel moment pouvons-nous parler d'un changement de sexe ? Quand une personne entreprend une hormonothérapie ? Une chirurgie thoracique ? Une chirurgie génitale ? Qu'en est-il des personnes qui font une transition sociale, mais ne suivent que certains, voire aucun de ces processus ? Cet abus de langage n'est pas sans conséquences sur la compréhension que l'on peut avoir du sujet, déjà par nature suffisamment complexe sans y adjoindre amalgames et confusions.
Notons que toutes les personnes transgenres n'entreprennent pas une transition, et parmi celles qui font ce choix, toutes ne la font pas de la même façon. Il existe en effet une multitude de transitions possibles, transition sociale, sociale et hormonale, uniquement hormonale, ou encore hormonale et chirurgicale...
La transition sociale.
Il s'agit pour la personne transgenre d'adopter différentes attitudes visant à affirmer socialement son identité de genre, incluant :
- les tenues vestimentaires, coiffures, maquillage etc. en accord avec l'identité trans ;
- l'utilisation de pronoms qu'il ou elle estime adéquats (il, elle, lui) ;
- des sorties en famille ou entre amis assumées en tant que transgenre ;
- l'utilisation d'un prénom différent ;
- le changement d'état civil et de tout document administratif.
La transition médicale.
Certaines personnes trans franchissent l'étape "finale" de leur transformation physique : la chirurgie. Là encore, il existe différentes interventions possibles selon le sexe assigné à la naissance.
Pour une femme trans ou MtF :
- une augmentation mammaire par implants
- une orchidectomie (ablation des testicules)
- un rasage trachéal destiné à réduire la visibilité de la pomme d'Adam
- une chirurgie de féminisation du visage
- une vaginoplastie d’inversion du pénis consistant à créer un vagin par inversion de la peau du pénis.
Pour un homme trans ou FtM :
- une reconstruction thoracique masculine (ablation des seins et du tissu mammaire)
- une hystérectomie (ablation de l'utérus et des ovaires)
- une phalloplastie (construction d'un pénis avec l'utilisation de la peau d'autres parties du corps)
- une scrotoplastie (création d'un néo-scrotum à partir des grandes lèvres avec implants testiculaires)
- une vaginectomie (retrait de tous les tissus constituant le vagin et fermeture de celui-ci)
- une métoidioplastie (transformation par traitement hormonal du clitoris le faisant grossir et fonctionner comme un pénis)
La modification du corps d'une personne, qu'elle soit hormonale ou chirurgicale n'est pas anodine.
L'hormonothérapie n'est pas sans risque pour la santé, notamment cardiovasculaire. Selon une étude récente coordonnée par des chercheurs de la Rollins School of Public Health de l'Université Emory et dirigée par le département de recherche et d'évaluation de Kaiser Permanente de Californie du Sud, chez les femmes transsexuelles, un lien de causalité a été révélé entre hormonothérapie et augmentation des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des cas de thromboembolie veineuse (TEV). Les résultats ont été publiés dans les Annals of Internal Medicine. Quant aux différentes chirurgies, hémorragies, nécroses du téton, fibroses, dégénérescence des cicatrices sont parmi les possibles complications nécessitant de nouvelles interventions. Et enfin, le résultat final peut ne pas correspondre aux attentes des personnes, tant sur le point esthétique, fonctionnel qu'existentiel. Pourtant, selon Michael Goodman, l'auteur principal de l'étude, tous ces risques doivent être "mis en balance avec les avantages importants du traitement" :
Nous espérons que les gens comprendront que nous n'essayons pas de faire peur à qui que ce soit. Nous disons simplement qu'il y a des questions auxquelles il faut répondre pour guider la thérapie. Les risques s'accompagnent d'avantages, et les avantages s'accompagnent de risques. Il faut un professionnel de santé réfléchi et un patient bien informé pour prendre une décision éclairée.
Ce regard lucide sur les tenants et aboutissants d'une transition, convoquant la notion de décision éclairée, ne doit-il pas inclure la prise de connaissance de témoignages de transsexuels regrettant amèrement l'expérience et les raisons qui les y ont conduits ?
Transition et regrets.
Pour une personne transgenre, transitionner est un processus susceptible de lui permettre d'intégrer un corps plus en phase avec son identité profonde de genre (transidentité). La transition, c'est la démarche ultime, souvent irréversible, le grand saut vers l'inconnu d'une nouvelle vie que l'on espère meilleure. Entamer une transition exige d'avoir initié un chemin personnel, accompagné par des professionnels de la santé, médecins, psychologues ou psychiatres, chemin qui selon la communauté trans française est long et difficile à bien des égards. Il faut en effet compter entre 3 et 9 ans à partir de la prise de décision jusqu'à l'obtention d'un nouvel état civil. Les personnes trans doivent donc s'armer de patience et de persévérance, c'est un fait, mais lorsque la transformation physique est achevée et la nouvelle situation administrative validée, alors en principe, on peut parler d'une "transition réussie". Les témoignages sont d'ailleurs nombreux, visibles, très faciles à trouver, de personnes transsexuelles installées dans leur nouvelle condition, ravies d'avoir pris cette décision qui a changé leur vie, soulagées d'avoir été libérées d'une apparence qu'elles ne pouvaient plus supporter. Mais pour d'autres, beaucoup moins visibles, la transition fut un choix catastrophique, plus destructeur encore que la dysphorie de genre dont elles souffraient auparavant, si bien qu'un certain nombre, par ailleurs difficile à chiffrer, changent d'avis, regrettent leur décision et décident de "dé-transitionner" lorsque c'est possible, alors que d'autres, désespérés, sombrent dans la dépression, voire se suicident. Les causes de regrets évoquées par certaines études seraient une mauvaise prise en charge médico-psychologique, des chirurgies ratées ou suivies de complications, ou encore un impact négatif sur l'environnement social et familiale. La Trans Mental Health Study'(1) qui serait la deuxième plus grande étude sur les trans menée au Royaume-Uni a fait état de "grands regrets" au sujet des changements physiques survenus pendant la transition. Ces regrets incluent :
- le fait de pas avoir eu le corps qu’ils désiraient à la naissance ;
- de ne pas avoir effectué la transition plus tôt ;
- des complications suite à l’opération (en particulier perte de sensibilité) ;
- un mauvais choix du chirurgien (si la chirurgie nécessite des révisions et des réparations) ;
- la perte des amis et de la famille ;
- un impact de la transition sur d'autres aspects de leur vie.
Pourtant, certains témoignages dont nous disposons ne semblent pas coller aux résultats de cette étude selon laquelle, les "grands regrets" évoqués, finalement, n'en sont pas vraiment. En effet, le regret, quand il se produit, proviendrait davantage de problèmes sociaux et chirurgicaux que du processus de transition physique en lui-même, d'autant que l’étude sur la santé mentale des personnes transgenres démontrerait "un lien clair" entre la transition physique et le bien-être en termes de santé mentale, de confiance en soi et de satisfaction générale dans la vie. Mais quid du quartile pour lequel ce ne fut pas le cas, et surtout, pour quelles raisons la transition chirurgicale fut pour elles une mauvaise décision ?
Pour Alan Finch, devenu Helen Finch, la réassignation sexuelle est un leurre :
le transsexualisme a été inventé par des psychiatres. . . . Tu ne peux fondamentalement pas changer de sexe… la chirurgie ne te modifie pas génétiquement. C'est une mutilation génitale. Mon "vagin" n'était que le sac de mon scrotum. C'est comme une poche, comme un kangourou. Ce qui est effrayant, c'est que tu as toujours l'impression d'avoir un pénis quand tu es excité sexuellement. C'est comme le syndrome du membre fantôme. Tout cela a été une terrible mésaventure. Je n'ai jamais été une femme, juste Alan. . . L'analogie que j'utilise pour donner une intervention chirurgicale à une personne désespérée pour changer de sexe, c'est un peu comme offrir une liposuccion à un anorexique.
Le champion de tennis Rene Richards, dans une interview attribuée à Tennis Magazine en mars 1999, dit décourager quiconque envisage de subir une intervention :
Si j'avais pu prendre un médicament qui aurait réduit la pression, j'aurais mieux fait de rester tel que j'étais - une personne totalement intacte. Je sais au fond de moi que je suis une femme de deuxième classe. Les transsexuels potentiels me posent de nombreuses questions, mais je ne veux pas que quiconque me prenne pour exemple. Aujourd'hui, il existe de meilleurs choix, y compris des médicaments, pour faire face à la contrainte liée à la tenue vestimentaire et à la dépression résultant de la confusion des sexes. En tant que femme, je ne suis pas aussi épanouie que je rêvais de l'être. Je reçois beaucoup de lettres de gens qui envisagent de subir cette opération… et je les décourage tous. ' René Richards, The Liaison Legacy, Tennis Magazine, mars 1999.
Quelques voix au sein de la communauté transgenre semblent s’attendre à une nouvelle vague de regrets. Extrait d'un rapport publié en mars 2014 par un activiste australien transgenre et intitulé À venir, tendance au sein de la communauté trans, y compris les doutes et les regrets :
Oui, il existe plusieurs cas de regret ou de transition bien documentés. Cependant, la plupart cachent leur insatisfaction et leur transition graduelle avec pour résultat que le nombre réel ne sera jamais connu. C'est très regrettable, car nous devons comprendre les problèmes auxquels ils sont confrontés et pourquoi ils se produisent davantage avec le temps. Je ne fais pas simplement allusion à l'Australie, mais au monde en général si nous voulons comprendre ce qui nous fait douter et regretter.
Voilà quel doit être le coeur du débat, comprendre ce qui fait douter et regretter, s'extraire des pressions exercées par les lobbys trans ou conservateurs, ou encore la communauté scientifique toujours encline à vendre ses "progrès". Ce dernier témoignage, trouvé sur un forum trans anglo-saxon, hurle une souffrance trop souvent silencieuse et que nous ne pouvons décemment pas ignorer.
Non. Personne ne devrait "transitionner". La transition n’est pas réelle. C’est une farce, un mensonge. C’est dangereux et nocif. Ce n’est pas nécessaire. C’est un jeu de dupe. C’est du gaslighting. De l’eugénisme. De la "médecine" à la Frankenstein. C’est jouer à dieu. C'est basé sur des recherches pseudo-scientifiques, lorsque les véritables recherches sont taxées de "bigoterie". Ça empoisonne ton système endocrinien, système nécessaire ne serait-ce que pour survivre jusqu’à un certain âge. Ça mutile ton corps. Ça coûte cher. C’est douloureux. Au mieux, ça masque tes véritables problèmes. C’est traiter un problème psychique via une intervention radicale sur le physique. C’est basé sur des stéréotypes, sur la culture et sur les sentiments, tous réversibles avec le temps. Mais ton corps ne sera pas réversible. Si tu (moi, nous, quiconque) penses que tu souffres de dysphorie maintenant, attends un peu d’être piégé sous une forme non-viable et dénaturée. Tu crois que t’es en train de mourir maintenant ? Attends qu’ils ajoutent les radios des os à tes prises de sang, des médications en supplément aux hormones, des routines thérapeutiques quotidiennes lourdes… Tu trouves que t’arrives pas à avoir une vie relationnelle amoureuse là, ou à te regarder dans le miroir, ou à te changer dans des vestiaires publics, ou même juste à te pointer sapé dans la rue, au taf ou à la réunion de famille annuelle… Tu crois que ton existence est mentalement accablante et viscéralement insoutenable ? T’as même pas idée… Jusqu’à ce que ce soit trop tard. Et à ce moment-là, transitionner jusqu’au bout ou détransitionner te consumera de la même manière, ta vie, ton esprit, ton compte en banque… La mutuelle santé, l’assurance vie, la paperasse juridique, l’administration civique, les autorisations… Chaque minute qui passe je me débats entre poursuivre ma quête vers une éventuelle, supposée, impossible guérison et restauration vers un état de santé supportable ou juste en finir avec cette souffrance insoutenable et complètement débile. Chaque minute. C’est ma nouvelle réalité quotidienne depuis bien plus d’années maintenant que les courts moments de fun apparents et d’enthousiasme libérateur qui occupaient ma transition à l’époque.
Et transitionner est complètement insensé. Ça ne change pas ton sexe biologique. Tu n’a pas besoin de changer de sexe. Le "genre", c’est soit le sexe biologique, soit la personnalité/les stéréotypes sociaux/une vue de l’esprit /des conneries. Tu peux t’habiller comme tu veux, parler et bouger n’importe comment, peu importe, sois qui tu veux être, tel que tu es maintenant, tel que tu es né.
Oublie ça. Prends ton mal en patience. Profite de ta vie. Profite du monde extérieur. Profite de ton corps en pleine santé, fonctionnel, entier. Trouve toi un loisir. Voyage. Apprends. Construits. T’es dans la fleur de l’âge. Allonge ça, ne le gâche pas. S’il te plaît, écoute.
Voilà, mon opinion, puisque vous avez demandé.
Texte original :
Pouvoir être à la fois tels qu'ils sont nés et tels qu'ils sont devenus, une femme dans le corps d'un homme, un homme dans le corps d'une femme, acceptés dans leur singularité, voilà sans doute ce qui éviterait à nombre de transgenres le supplice d'une transition physique qui, même dans le meilleur des cas, leur coûte bien plus que le prix des interventions et traitements médicamenteux. Mais pour ce faire, ce sont les mentalités qui doivent transitionner, en portant un autre regard sur la diversité de la nature humaine.
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