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Docteure Helen Singer Kaplan

Docteure Helen Singer Kaplan

Docteure Helen Singer Kaplan

La sexologie globale d'Helen Kaplan.

La docteure Helen Singer Kaplan fut l'une des plus grandes psycho-sexothérapeutes du vingtième siècle. Son travail de recherche a laissé une empreinte considérable dans le champ de la sexothérapie en initiant un rapprochement entre la pensée psychanalytique et les thérapies cognitivo-comportementales. Son traitement des problématiques sexuelles qualifié de thérapie psychosexuelle est à distinguer de la sexothérapie pure et dure. Bien qu’elle n’ait pas bénéficié la même renommée « médiatique » que ses confrères William Masters et Virginia Johnson, elle n’en reste pas moins une émérite penseuse de la sexologie. Elle est décédée le 17 aout 1995, dans son appartement de Manhattan, à l’âge de 66 ans des suites d’un cancer du sein.


Docteure Helen Singer Kaplan

Helen Kaplan en quelques dates et diplômes.

Née Helen Singer à Vienne le 6 février 1929, elle arrive aux États-Unis en 1940 dont elle devient citoyenne en 1947. Elle obtient un premier diplôme de licence d’art plastique avec mention honorifique en 1951, une maîtrise de psychologie en 1952 et un doctorat dans la même matière en 1955. En 1959 elle valide son doctorat en médecine qu’elle agrémente d’une formation en psychanalyse jusqu’en 1970. Après avoir exercé en tant que psychologue clinicienne dans les hôpitaux et cliniques de la « Veterans Administration » et s’être formée en psychiatrie, elle débute sa carrière d’enseignante en développant et coordonnant un programme de sciences comportementales à destination des psychiatres et en dispensant des cours pour les étudiants en première année de psychiatrie. Parallèlement elle développe et donne des cours en psychopharmacologie. Maître de conférence, assistante psychiatre, co-directrice de la « Behavior Therapy Unit », présidente du « Behavioral Science Teaching Program », auteure de plusieurs ouvrages remarquables, Helen Singer Kaplan est un être hors-norme doté d’une intelligence exceptionnelle. À ses talents scientifiques s'ajoute celui de plasticienne qui, aux dires de ses proches, lui aurait certainement permis de devenir une figure de l’art contemporain si elle avait opté pour la voie artistique.


The Illustrated Manual of Sex Therapy

En 1970 elle crée le « Human Sexuality Program » à la clinique Payne Whitney, l’une des plus importantes cliniques de psychiatrie attachée au complexe du New-York Hospital Corner Medical Center, dont elle restera directrice jusqu’à sa mort. Ce programme destiné aux médecins et autres professionnels de la santé mentale proposait des formations de troisième cycle universitaire en sexothérapie. En plus d’être un centre de formation, le « Human Sexuality Program » accueillait, pour diagnostics et traitements, des patients atteints de troubles psychosexuels ce qui en retour permettait aux étudiants d’acquérir de l’expérience sur la base d’étude de cas cliniques. Tout au long de sa carrière, Helen Kaplan a collecté un impressionnant volume de données fort utiles pour la recherche. 

Une théoricienne du désir.

Ses apports théoriques lui ont valu la reconnaissance de la profession. Parmi ceux-ci, une nouvelle modélisation de la réponse sexuelle. Avant elle, Masters et Johnson l'avaient scindée en deux phases : excitation-plateau et orgasme-résolution. Constatant que nombre de ses patients en proie à des problèmes sexuels ne manifestaient aucun trouble de la performance, mais plus évidemment un trouble du désir, elle proposa un modèle triphasique de la réponse sexuelle : désir-excitation-orgasme, permettant de ventiler les problématiques sexuelles d’une manière plus précise, de produire des diagnostics rigoureux et préconiser les traitements idoines. 

Dans son huitième et dernier ouvrage, « Sexual Desire Disorders : Dysfunctional Regulation of Sexual Motivation », elle exposa un modèle duel de la motivation sexuelle et identifia les vecteurs stimulant (Sexual Inciters) ou inhibant le désir (Sexual Suppressors). 




Cette appréhension de la dynamique du désir fut, entre autres, essentielle pour l’élaboration du célèbre modèle du double contrôle de l’excitation du psychiatre John Bancroft, un concept permettant de comprendre comment l’interaction des facteurs inter et intra personnels influence de manière positive ou négative la fonction sexuelle. Kaplan suggérait que le contrôle duel n’était pas seulement opérant sur la motivation sexuelle, mais répondait à un principe général d’ajustement entre les effets inhibiteurs et stimulants attachés à d’autres processus de la physiologie comme la fonction de nutrition. En affirmant que l’on « pouvait apprendre des similitudes entre l’alimentation et le sexe » elle anticipait les découvertes du rapport entre la physiologie du désir et celle de la satiété.

Le multi-déterminisme des troubles sexuels.

Si elle défendait l’idée que les troubles sexuels ont souvent pour origine des causes superficielles, elle ne niait pas qu’un conflit intrapsychique à la source de la dysfonction puisse laisser présager d’un profond problème émotionnel. Elle recommandait donc aux cliniciens de se détourner des causes superficielles pour rechercher celles plus profondes lorsque le patient ne manifestait pas d’amélioration de son état au cours de la thérapie. En fonction de l’origine du trouble, elle proposait d’associer interventions cognitivo-comportementales et thérapie psychodynamique. 

La grande force de Kaplan résidait dans une savante articulation de ses connaissances, médicales, biologiques, psychologiques, psychosociales et psychiatriques. Les sexologues modernes lui doivent beaucoup, car sa conception diagnostique et thérapeutique des problématiques sexuelles, marquée par le multi-déterminisme, la pluralité des causes et la pluridisciplinarité, a permis de comprendre que la sexologie n’appartient pas plus au champ de la médecine, qu’à celui de la psychologie, de la psychiatrie, ou celui de la sociologie, mais qu’elle est une discipline à part entière éminemment protéiforme. 


The New Sexual Therapy

En dehors de ses recherches fondamentales, Helen Kaplan défendait une approche joyeuse et ludique de la sexualité lui refusant toutes connotations dégradantes. L’épidémie de sida qui se développa dans les années 80 l’obligea cependant à modérer son propos quant aux dangers de la sexualité, elle qui avait encouragé les gens à vivre pleinement leur sexualité se désolait de devoir les mettre en garde : « J’ai passé toute ma vie à trouver des solutions aux problèmes des gens, leur disant que le sexe n’est pas sale ou nuisible, mais une fonction naturelle. Et maintenant je dois leur dire qu’ils peuvent en mourir. »

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