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Implants mammaires : les dangers de la texturation

Implants mammaires : les dangers de la texturation

Implants mammaires : les dangers de la texturation

Implants mammaires, esthétique, éthique et santé.

Hormis les cas de malformations congénitales, telles l’asymétrie mammaire ou le sein tubéreux, et ceux faisant suite à une mastectomie, la nécessité d’en passer par la pose d’un implant mammaire n’est pas toujours justifiée, il en est ainsi lorsque seule la taille du bonnet est en jeu. Malheureusement de nombreuses femmes subissent le diktat des standards de la mode et développent des complexes qui leur rendent la vie pénible et parfois même insupportable. Il est certes légitime de prendre en considération la souffrance psychologique de ces femmes complexées et plus encore d'user de talent et savoir-faire pour leur venir en aide, mais sous couvert de compassion pointe trop souvent la raison économique. 

En parcourant les divers forums dédiés à la plastie mammaire d’augmentation nous avons pu nous rendre compte que la déception l’emportait fréquemment. À mots couverts, le plus souvent s’y exprime la discordance entre le bonheur fantasmé et celui ressenti une fois la pose des implants réalisée. Alors que le résultat final est généralement correct, ou du moins conforme à ce que l’on est en droit d’attendre aujourd’hui, le mal-être qui habitait ces opérées déçues semble toujours aussi intense. La question de leur « défaut » anatomique n’était que le symptôme d’un mal plus profond que l’augmentation mammaire n’était pas en mesure de soulager. Si la compétence technique de la plupart des chirurgiens ne peut être mise en doute, leur manque de connaissances des troubles psychologiques susceptibles d’affecter certaines personnes l’est plus sûrement. La dysmorphophobie qui se caractérise par une angoisse irraisonnée centralisée sur un défaut physique imaginaire est de toute évidence à la source de nombreuses demandes de rectification mammaire. Une approche holistique de leur problématique aurait donc permis de leur proposer les bonnes solutions, à savoir des thérapies de restauration de leur image corporelle. 

La texturation et le lymphome anaplasique à grandes cellules.

Après le scandale des prothèses mammaires frauduleuses PIP, nous pouvions espérer que les autorités sanitaires feraient preuve d’une vigilance accrue et que l’homologation des implants ne se ferait plus à la légère. Malheureusement, une nouvelle fois la santé des femmes a été le cadet des soucis des fabricants, chirurgiens et contrôleurs. En 2018, le Docteur Christian Marinetti, lanceur d’alerte à l’origine de l’affaire PIP, évoquait sur France Info des risques de cancer rare, mais agressif, qui affecte les ganglions lymphatiques et les organes : le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC). En cause, le modèle de prothèse mammaire de type texturé « Biocell » de la marque Allergan. Malgré les affirmations des fabricants assurant que les implants de dernière génération ne présentent aucun risque pour la santé, le docteur Marinetti rappelait qu’avec le temps, toutes les prothèses ont tendance à laisser fuir un peu de leur contenu et précisait que même infime la diffusion de silicone est en mesure de provoquer des désordres immunologiques et des lymphomes. Entre 2007 et 2016, 85% des prothèses mammaires implantées étaient texturées et contenaient à quelques exceptions près du gel de silicone. Notons que des cas de LAGC ont été signalés dès 2011 !

Le 5 Avril 2019, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), a enfin réagi et décidé de retirer du marché les implants mammaires macrotexturés de texture équivalente à l’enveloppe Biocell d’Allergan, et ceux à surface recouverte de polyuréthane. Selon les instigations menées par l’agence, il appert que plus l’implant est texturé, plus le risque de survenue de LAGC est important. Pour répondre à toutes les questions que ne manqueront pas de se poser toutes celles porteuses de ce type d’implant, un numéro vert a été mis en place : 0 800 71 02 35. Par ailleurs la liste des implants mammaires concernés est disponible sur le site ansm.sante.fr 

Si on ne peut que se féliciter de la décision de l’ANSM, nous remarquerons cependant que seule la macro texturation des implants mammaires est mise au ban de la fabrication. La micro texturation reste donc possible, sans que l’on en connaisse ni la raison scientifique ni à quoi correspond exactement cette appellation. Le docteur Maurice Mimoun dans une interview accordée au Figaro fin 2018, dénonçait le flou entourant les notions de macro et micro texturation, remarquant qu’entre les deux le classement était arbitraire et relevait essentiellement de l’appréciation des fabricants. Il concluait par une déclaration sans ambiguïté : « Mon opinion est qu’il faut arrêter complètement la texture ».

D'autres scandales à venir ?

Compte tenu de l’évident laxisme qui règne dans le secteur de la chirurgie esthétique d’augmentation mammaire, nous devons nous attendre à d’autres scandales dans les années à venir. Une étude publiée en janvier 2019 dans Annals of Surgery – « US FDA Breast Implant Postapproval Studies »– et s’appuyant sur l’analyse des données médicales de 100 000 femmes, dont 80% porteuses d’implants en silicone, a mis en évidence que ces dernières présentent un risque accru de développer maladies auto-immunes et cancer de la peau : 

  • le syndrome de Gougerot-Sjögren, risque multiplié par 8 ;
  • la sclérodermie, risque multiplié par 7 ;
  • la polyarthrite rhumatoïde, risque multiplié par 6 ;
  • le cancer de la peau, mélanome, risque multiplié par 4.

Il est important de noter que de par leur liaison avec un désordre du système immunitaire, les maladies auto-immunes sont cause d’un sur-risque de lymphomes.

Bien que nous n’ayons aucune intention de stigmatiser celles qui ont opté pour la plastie mammaire d’augmentation, que nous reconnaissons que certaines situations la légitiment complètement, nous déplorons toutefois que dans leur quête du corps parfait, les femmes soient disposées à mettre leur santé en jeu. Cela est d’autant plus regrettable que le canon esthétique, qui permet de définir la beauté idéale à une époque donnée, est un horizon au beau que seuls les artistes parviennent à toucher du doigt et son incarnation un fantasme par la simple raison de l’inéluctable vieillissement de l’être. Encourager l’expression de la diversité pour échapper à la dictature canonique et recouvrer la liberté, la sérénité d’être ce que nous sommes, ou promouvoir l’idéalisation de l’humain et son corollaire de frustrations, est in fine la véritable question à laquelle la chirurgie esthétique nous invite à répondre.

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