Le "Viagra pour femme", l'arnaque du siècle ?

Les compagnies pharmaceutiques ne sont-elles devenues que de vulgaires machines à générer du cash ?
Nous ne ferons pas ici la liste des médicaments mis sur le marché qui, à défaut de manifester une quelconque efficacité, se sont révélés dangereux pour la santé. Un jour sans doute faudra-t-il remettre en question le bien-fondé du commerce de la santé. Mais pour l’instant, rien ne semble arrêter les affairistes du médicament prêts à tous les lobbyings, toutes les turpitudes, pour imposer sur le marché des molécules dont ils ne sauraient garantir que l’efficience économique.
La flibansérine fait partie de cette liste. Présentée en 2009 comme une révolution dans le traitement du syndrome dit "trouble du désir sexuel hypoactif", la molécule a depuis suscité bien des suspicions. Non seulement son action est contestée par une partie de la communauté scientifique, non seulement le nombre des effets indésirables associés est proprement stupéfiant, mais aussi inquiétante est la façon dont les professionnels du marketing pharmaceutique se sont arrangés avec la réalité du trouble du désir féminin.
Chez la femme comme chez l'homme le trouble du désir est rarement d'origine biologique.
Le plus souvent, le trouble du désir est d’ordre psychologique et nécessite plutôt l’intervention d’un psychothérapeute, d’un sexologue, d’un sexothérapeute, que d’un médecin. Cependant, les professionnels de la pharmacopée ont tenté et réussi, au moyen d'une pseudo argumentation scientifique, à légitimer le recours à un traitement médicamenteux et transformer ce qui était un trouble en maladie. Pour couronner le tout, ils ont initié des études dont le but était de faire croire que l'affection touchait un grand nombre de femmes et ont inventé des méthodes pour la diagnostiquer.
Les laboratoires Pfizer, connus pour la mise au point et la commercialisation du Viagra, ont financé une étude en 2005 qui a conclu qu’un tiers des femmes européennes souffrait d’une perte d’intérêt pour les activités sexuelles et qu’une petite moitié des femmes du sud-est asiatique avait des difficultés à atteindre l’orgasme. Résultats illusoires quand on sait que les questions posées ne faisaient pas état de la récurrence du trouble. En clair se retrouvaient pêle-mêle des femmes ayant connu une fois ou deux des baisses de libido ou des difficultés à jouir pleinement et des femmes sans désir et/ou anorgasmiques. De son côté, Boehringer Ingelheim, promoteur de la flibansérine, a édité un questionnaire à l’intention des médecins pour leur permettre de diagnostiquer la maladie en quelques minutes.
Il est absolument machiavélique d'exploiter la détresse des femmes souffrant d'un trouble du désir et le désarroi des médecins face à des patientes en pleurs, souvent terrifiées à l'idée de perdre leur conjoint. La tentation de choisir la solution de facilité consistant à prescrire un remède miracle aux effets immédiats est certainement compréhensible. Pourtant, les sexologues sont unanimes : les causes pouvant perturber la libido sont multiples et peu d'entre elles répondent à un traitement médicamenteux.
A toutes celles qui souffrent nous devons quelque chose de plus respectueux qu’une médication inefficace et autre chose que de faux espoirs, dussent-ils rapporter des millions d’euros aux vendeurs de chimères.
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