Similitudes et différences entre hommes et femmes

Orientation, réponse sexuelle, préférences érotiques, des réalités nouvelles.
Notre compréhension des différences de comportements sexuels entre hommes et femmes se fonde bien souvent sur des préjugés. De plus, le fait de mettre l’accent sur les différences oblitère l’opportunité de parler des similitudes. Les principales et indéniables différences entre les femmes et les hommes sont d’ordre anatomique et physiologique. Par exemple les femmes peuvent avoir des orgasmes successifs tandis que la très grande majorité des hommes sont soumis à une période réfractaire post-éjaculatoire qui rend impossible, à court et moyen terme, toute nouvelle érection.
L’orientation sexuelle et les préférences érotiques ont un caractère fluctuant pour les femmes et beaucoup plus monolithique pour les hommes. Cependant, les hommes présentent un terrain plus favorable au développement des paraphilies, attirances et expériences sexuellement hors normes tels l’exhibitionnisme, le fétichisme, la pédophilie, le sadomasochisme, le voyeurisme, etc. Quant aux femmes, si l’on en croit les recherches du docteur Richard Lippa, psychologue et professeur pour l’Université de Californie, celles qui ont d’intenses pulsions sexuelles manifestent une attirance pour les partenaires des deux sexes, un trait que l’on ne retrouve pas chez les hommes à forte libido. Si la vision d’images sexuellement explicites excite autant les femmes que les hommes, ces derniers sont émoustillés par le corps des femmes, quand les femmes le sont autant par celui des hommes que celui de leurs congénères. Le fait a été mis en évidence par une étude menée en 2007 par Chivers, Seto et Blanchard.
On a longtemps pensé que les femmes et les hommes étaient soumis au même processus de réponse sexuelle. Mais une étude de Rosemary Basson, professeure au département psychiatrique, Université de Colombie britannique de Vancouver, a suggéré que le désir sexuel féminin est plus volontiers lié à une situation érotique, une complicité affective qu’à des pensées érotogènes ou des fantasmes quand chez la plupart des hommes, la stimulation physique et les fantasmes prévalent sur le reste.
La plupart des hommes font leur première expérience du plaisir sexuel en se masturbant et les femmes dans le cadre d’une relation amoureuse. Ainsi, pour la grande majorité des hommes, l’expérience du plaisir sexuel précède l’expérience relationnelle, ce qui n’est pas le cas pour les femmes en général. Cela a des implications sur la façon dont les adolescent(e)s appréhendent leur vie sexuelle, les garçons étant moins tributaires de la nature de la relation lorsqu’il s’agit de passer à l’acte.
Selon l'étude de Carpenter, Nathanson et Kim publiée en 2009, les hommes connaissent plus tôt que les femmes leur pic d’intérêt sexuel et de fréquence orgasmique. Vers la quarantaine, les hommes commencent à attacher plus d’importance à l’aspect relationnel quand les femmes développent une autre approche de la sexualité qui leur permet de mieux en jouir. Passé la cinquantaine, la qualité de la relation devient un facteur déterminant pour l’épanouissement sexuel masculin alors qu’elle l’est moins chez les femmes du même âge.
À partir de 40 ans, les hommes connaissent un déclin progressif de leurs aptitudes sexuelles, l’érection devient plus fragile et capricieuse, le désir s’émousse. Pour les femmes cela est plus brutal et survient au moment de la ménopause et peut se manifester par une diminution, voire une disparition de la lubrification vaginale. Bien que la fréquence des rapports baisse avec le temps, une majorité des hommes et des femmes reste sexuellement actifs jusqu’à un âge avancé (Schick et al., 2010).
Jusqu'alors, il était admis que les garçons s’engageaient plus précocement que les filles dans les activités sexuelles mais de récentes recherches ont démontré que cela n’était plus d’actualité, sans que l’on sache imputer cette évolution à un changement de comportement ou à une plus grande liberté de parole. L’adultère reste plus prisé par les hommes qui semblent penser sexe plus souvent que les femmes, sans que la différence soit aussi importante que ce qui est communément admis (Fisher, Moore, Pittenger, 2012). Que ce soit pour les hommes ou les femmes, la rencontre d’un nouveau partenaire stimule l’appétit sexuel. La perspective de relations multiples reste cependant plus attrayante pour les hommes qui par ailleurs, semblent connaître dans leur vie plus de partenaires sexuelles que les femmes (Schmitt et al., 2003).
Les hommes s’adonnent à la masturbation plus fréquemment et ce quel que soit leur âge. Ils sont aussi de plus grands consommateurs de pornographie. Certains scientifiques pensent que cette consommation est liée à un besoin naturel de varier les stimuli. Pour d’autres, l’explication trouve sa source dans la conception androcentrée des matériels pornographiques.
Les hommes ont des attitudes plus désinvoltes, moins autocritiques quant à leurs comportements et attitudes et ils sont plus à l’aise avec le sexe occasionnel. Les femmes voient l’engagement relationnel comme un préalable souhaitable aux relations sexuelles alors que les hommes n'y attachent qu’une moindre importance. D’une manière générale, il se trouve plus de femmes que d’hommes en proie à une crainte exagérée de la sexualité, sans doute parce qu’il leur arrive plus souvent d’expérimenter des émotions sexuelles désagréables.
Les diverses études citées montrent clairement des différences dans l’approche de la sexualité entre les hommes et les femmes, mais quid de leurs origines et causes ?
L’ensemble des théories explicatives peut être scindé en trois sous-ensembles (Delamater et Hyde, socio-psychologues, 1998). Dans le premier se trouve les théories centrées sur la biologie qui font de la génétique et des cycles hormonaux les principaux vecteurs de disparités. Le second sous-ensemble rassemble les théories expliquant les différences par le rôle social assigné aux femmes et aux hommes et l’influence du contexte culturel, faisant que certains comportements sexuels n’ont pas la même connotation pour une homme ou une femme. Le dernier sous-ensemble comprend les théories qui voient dans l’interaction du biologique et du social la raison des contrastes.
Cela dit, pour appréhender la question avec acuité, les scientifiques savent qu’il leur faudra attendre d’avoir une compréhension totale des divers aspects de la sexualité. Dans une perspective biologique, il est acquis que la testostérone a une fonction cruciale, qu’elle stimule l’appétit et influe sur les comportements sexuels et il est avéré que les hommes en produisent plus que les femmes. D’un autre côté, le rôle de l’œstrogène, autre hormone sexuelle plus présente chez les femmes, est moins étudié et moins bien compris.
L’approche sociale de la problématique qui s’appuie sur le recueil et l’analyse de témoignages est dépendante de l’honnêteté des interrogés, de leur propre vision des différences entre les femmes et les hommes et des exagérations ou omissions de certaines de leurs facettes comportementales. Si le sondé a un apriori, il y a fort à penser que ses réponses en seront teintées. D’ailleurs, des études réalisées avec l’appui d’un détecteur de mensonge ont donné une vision moins contrastée des différences comportementales entre hommes et femmes.
Autre facteur pouvant perturber la justesse des résultats : l’âge des participants. Beaucoup d’études ont été menées dans des populations d’étudiants, donnant une vision assez précise des conduites sexuelles des 18-25 ans mais ne reflétant pas l’exacte image des différences entre hommes et femmes de tous âges.
Le désir sexuel et son expression varient dans des proportions non négligeables d’un individu à l’autre. L’analyse des différences comportementales qui se base sur des clichés ne peut donner des résultats satisfaisants. Quoi qu’il en soit de la nature, de l’origine de l’hétérogénéité des conduites sexuelles, il est important de comprendre qu’il peut y avoir beaucoup plus de similitudes dans l’approche de la sexualité entre une femme et un homme qu’il peut y en avoir entre deux hommes. En d’autres termes, même s’il est possible au travers d’études de déterminer les éléments récurrents des comportements sexuels féminins et masculins, la complexité de nos psychologies ne permet pas de prédire avec exactitude la conduite d’un individu donné. Par exemple, s’il est acquis que la majorité des hommes pensent sexe plus souvent que les femmes, rien ne permet de dire qui, de la femme ou de l’homme au sein du couple, manifestera la plus grande appétence sexuelle. En tout état de cause, toute analyse de la nature humaine doit éviter les généralisations abusives et en matière de sexualité, il est indispensable d'opter pour une approche individualisée des comportements.
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