Témoignage : le pénis mal aimé
Diplômé de l'Institut de Sexologie du docteur Jacques Waynberg, Eric Royer répond aux questions des abonnés.es.

L'homme et son pénis : une histoire d'amour déçu
Olivier, 33 ans, chef opérateur
Je suis très heureux en couple avec ma compagne. Cependant il y a quelques mois elle m’a révélé que deux de ses ex-amants avaient un plus gros pénis que le mien. Même si je suis dans la norme (selon les infos trouvées sur le net) cela n’empêche pas que depuis je ne me sente plus à l’aise. Je pense faire de la chirurgie, mais elle me jure que je suis le meilleur amant qu’elle ait jamais eu. De plus elle affirme que les pénis trop longs rendent douloureuses certaines positions et que le mien est parfait pour elle. Je crois qu’elle dit ça pour me rassurer, et je suis toujours à me questionner sur la chirurgie. Qu’en dîtes-vous ?
Ce que j'en pense
Sur un plan purement "mécanique", la taille idéale du pénis en érection est la taille standard : 13-14 centimètres de longueur et 10-11 centimètres de circonférence. Rappelons que la profondeur moyenne du vagin est de 8-9 centimètres au repos et de 10-12 centimètres au cours des phases d’excitation sexuelle. Qu’on ne s’y trompe pas, la nature fait bien les choses.
Votre compagne le confesse à juste titre, un pénis trop long rend certaines positions inconfortables, douloureuses. La circonférence quant à elle, sauf à être extrêmement réduite ou importante, ne joue pas un rôle déterminant pour le ressenti sensoriel. Toutefois force est constater que les pénis imposants ont, pour certaines femmes, une dimension fantasmatique, dès lors qu'elles expérimentent le désir d’être pleinement remplies, pleinement accueillantes, dévorantes, de l’être désiré, aimé. La question n'est donc pas celle du sexe proprement dit, mais de la part d'imaginaire qu'il véhicule. Autrement dit, l'érotisation des mensurations de la verge en érection est sous-tendue par l'émotion qui se lie au fantasme d'être "comblée". Cependant, le fantasme n’est pas la réalité de terrain et à nouveau votre compagne en témoigne.
Cela dit, reste à savoir pourquoi elle s’est autorisée à vous confesser des détails, avérés ou non, de son historique intime. Je suppose qu’elle n’ignore pas que le pénis est l’angoisse fondamentale de l’homme. Difficile de croire à son "innocence", de présumer qu’elle n’avait pas conscience que ses révélations vous affecteraient, en vous infériorisant, et induiraient une crispation de vos relations intimes. Votre témoignage montre, une nouvelle fois, que le champ sexuel est un lieu privilégié pour les règlements de compte, l'émergence des conflits larvés, des petites rancœurs… Quoiqu'il en soit, elle vous signifie que quelque chose ne lui convient pas ou plus, qu’un manque, un vide est apparu, ou que peut-être vous ne la comblez-vous plus totalement. C’est la première hypothèse.
Maintenant, il serait intéressant de connaître les conditions qui ont déclenchées et accompagnées ses confidences. L’analyse précédente serait nulle et non avenue si elles avaient découlé de votre propre quête de renseignements, de votre propre et insoutenable anxiété pénienne. Je dois reconnaître que j'ai été interpellé par la rapidité avec laquelle vous êtes passé de je suis très heureux à mais mon pénis pose problème. Envisager aussi instamment une intervention chirurgicale m’incite à imaginer que vous puissiez chercher à légitimer un passage à l’acte. Peut-être fantasmez-vous depuis longtemps sur un remodelage pénien ? C’est la seconde hypothèse.
Notez enfin que longueur de la verge ne peut être augmentée qu’à l’état flaccide et que la modification de sa circonférence par injection sous-cutanées de matières graisseuses la prive de sa fermeté. En tout état de cause, je ne conseillerais sous aucun prétexte.
{reply-to}{comment}{status-info}
Poster un commentaire