J'ai dit non, mais il a insisté...

Publié par Lisa Seltzer  Admin - 25 mai

#Témoignage.

J’ai dit non, mais il a insisté. Il était obstiné. J’ai abdiqué, nous avons eu des relations sexuelles. C’était la première fois que je le faisais contre mon gré, mais je n’arrivais à me convaincre que c’était un viol. Chaque fois que je l’imaginais, je me trouvais des torts et lui trouvais des excuses. Peut-être avais-je joué à me faire désirer, peut-être que je voulais, d’ailleurs pourquoi n’ai-je pas crié ? Pourquoi ne lui ai-je pas envoyé mon pied dans les parties ?

Mais il savait que ne je ne voulais pas, que je n’étais pas consentante. Alors pourquoi a-t-il continué ? Et pourquoi ai-je cédé ? J’ai malheureusement éludé ces questions pendant des années, jusqu’au jour où j’ai osé regarder la vérité en face. À cette époque je pensais encore que son plaisir était plus important que ma douleur, qu’il était en proie à ses pulsions, qu’il ne pouvait les contrôler. J’ai cédé parce que je pensais qu’après tout ce n’était qu’un moment à passer. Mais je me trompais, et ce moment m’a hanté pendant des années.

Parfois je me disais qu’il aurait pu aussi bien se masturber et que ça ne lui aurait pas causé de dommages psychologiques insurmontables. Alors pourquoi ? Était-il un cas isolé ? Tous les hommes sont-ils capables de contraindre une femme à subir leurs assauts sexuels ? J’ai cherché et j’ai compris qu’un homme sur trois ne voyait pas d’inconvénient à forcer le passage tout en niant que ce soient des viols. Le sexe forcé et le viol seraient deux choses différentes ?

J’ai compris que les femmes et les hommes n’avaient pas la même compréhension du consentement, que la plus grande injustice à laquelle nous (les femmes) devions faire face était la perte de contrôle sur notre corps, largement enracinée dans notre culture et normalisée dans la pub, les émissions télé, la politique et la façon dont nous élevons et éduquons nos enfants. Comment ne pas voir que les filles grandissent avec l’idée que devenir une femme c’est se soumettre à l’objectivation et l’abandon corporel ? Comment ne pas comprendre que les garçons sont formatés à utiliser le corps des femmes pour leur seul plaisir. C’est clair, les femmes n’ont pas la liberté de choix !