Réseaux sociaux des ados : un tue l'amour ?

Baisse des grossesses non désirées chez les adolescentes : les ados font-ils moins l'amour ?
Le nombre de grossesses enregistrées en Angleterre chez les 16-24 ans a atteint son plus bas niveau depuis 50 ans. En seize ans, il a été divisé par deux. Les derniers chiffres donnés par l’Office National de la Statistique montrent que 23 adolescentes sur 1 000 sont tombées enceintes en 2014 alors qu’elles étaient 47 en 1998. Le nombre de grossesses était de 24 306 en 2013 et de 22 653 en 2014. Comment expliquer ce phénomène ?
Un des facteurs mis en évidence est celui de la baisse de consommation d’alcool et de drogue chez les jeunes Anglais, surtout chez les 16-24 ans. La proportion de ces jeunes adultes qui affirment ne consommer ni alcool, ni drogue, a augmenté de 40% entre 2005 et 2013. Pour Clare Murphy, directrice de la branche avortement du BPAS ( British Pregnancy Advisory Service), l’alcoolisation des jeunes favorise les pratiques sexuelles à risque, notamment les rapports non protégés. Une baisse de la consommation des boissons alcoolisées et autres drogues induirait une baisse des comportements imprudents et donc celle des grossesses, ce qui peut s’entendre.
Une autre cause invoquée pour expliquer le phénomène se réfère au développement des réseaux sociaux.
Aujourd’hui, les ados passent beaucoup plus de temps dans leur chambre à surfer sur les réseaux sociaux qu’à l’extérieur, limitant ainsi les possibilités de rencontres réelles et donc de “dérapage”. Si l’on en croit Ofcom, en charge de la régulation des télécommunications au Royaume Uni, les 16-24 ans consacrent en moyenne 27 heures par semaine à internet. 75% d’entre eux disent avoir un profil sur Facebook, Twitter, Linkedin, Instagram etc, soit 22% de plus qu’en 2007. Notons que l’utilisation des réseaux sociaux qui se développe dans toutes les tranches d’âges, a par ailleurs triplé depuis 2007.
Aux USA, les ados sont en moyenne 9 heures par jour devant leurs écrans. Il est vrai que les possibilités, les propositions, les opportunités de se connecter sont absolument monstrueuses. Ce monde numérique accapare l’essentiel de leur temps et façonne leur vie. Au Japon, l’utilisation massive des réseaux sociaux a donné naissance à une expression, “sekkusu shinai shokogun”, qui décrit le syndrome du célibat, syndrome vécu comme un drame national. 45% des femmes nippones entre 16 et 24 ans avouent n’avoir aucune attirance pour les “contacts sexuels”. C’est ainsi que le Pays du Soleil Levant connaît le taux de natalité le plus faible de la planète et que sa population pourrait être réduite d’un tiers aux alentours de 2060.
Une forte diminution des grossesses non désirées.
Si le nombre des grossesses chez les jeunes ados britanniques a fortement diminué, c’est sans doute aussi en rapport avec l’amélioration des programmes d’éducation sexuelle, les changements de regard sur la maternité et l’impact de l’immigration. Si d’aucuns pouvaient penser qu’il n’y avait pas grand-chose à faire pour améliorer l’approche de la sexualité adolescente, arguant même que la problématique serait inhérente à la mentalité anglo-saxonne, d’autres se sont attaqués au problème. Alison Adley, directrice du département en charge des questions de grossesses adolescentes à l’Université de Bedfordshire rapporte :
Beaucoup de gens pensaient que le but était inatteignable, mais nous avons concentré nos efforts pour résoudre ce problème complexe de santé publique. C’est une extraordinaire réussite et cela montre que les efforts des hauts dirigeants et des praticiens locaux, conjugués à la diffusion de programmes d’éducation sexuelle plus efficaces, permettent aux jeunes gens de faire des choix éclairés et, finalement, de faire baisser le nombre de grossesses, même dans les catégories sociales défavorisées.
Lucy Emmerson, qui pilote le Sex Education Forum, confirme que tous les endroits où l’on peut accéder à une bonne éducation sexuelle et relationnelle connaissent une réduction du taux de grossesses adolescentes. S’il y a tout lieu de se réjouir d’une telle réussite, il ne faut pas moins pointer le fait que 25% des ados ont une mauvaise opinion de cette éducation et 4 ados sur 10 ne savent pas à qui s’adresser en cas de problème. Il y a encore du travail à faire.
{reply-to}{comment}{status-info}
Poster un commentaire