Alcool et sexualité

Alcool et sexualité, la liaison dangereuse.
En Occident, la consommation d’alcool est un phénomène socioculturel lié aux notions de convivialité et de festivité. Il est couramment admis que ses effets désinhibiteurs permettent une meilleure socialisation, débrident les fêtes et accessoirement, boostent la libido. Toutefois, notre perception de l’alcoolisation n’est pas sans aprioris positifs souvent renforcés par le lobbying actif des producteurs de boissons alcoolisées. Une étude scientifique datant de 1994, divulguée par The Indépendant en 2015, montrant que l'alcool stimulait la libido féminine, avait été commanditée par la société finlandaise Alko, un alcoolier spécialisé dans la vente au détail. Étonnamment la publication de l’article avait coïncidé avec la mise sur le marché d’une nouvelle marque de vodka, « Lust Vodka », dédiée aux femmes et se vantant de stimuler leur appétit sexuel !
L’alcool est une substance psychoactive qui agit sur différentes zones de notre cerveau. Si ses effets euphorisants et désinhibiteurs sont bien connus il est en réalité un dépresseur du système nerveux central qui ralentit les fonctions biologiques. C’est pourquoi les personnes fortement alcoolisées manifestent des difficultés d’expression orale et de coordination des mouvements. La façon dont l’alcool impacte l’humeur, le comportement et les fonctions neurologiques dépend de plusieurs facteurs. La quantité d’alcool absorbée amène à des degrés d’ivresse allant de l’euphorie légère à la perte totale de contrôle sur ce que l’on dit et fait. La qualité de l’alcool est aussi déterminante. Bas de gamme il induit plus facilement une sensation d’engourdissement que d’euphorie. Enfin, chaque individu, en fonction de son métabolisme, réagit différemment à sa consommation. Il est donc impossible de dresser un inventaire précis des conséquences de l’alcoolisation, tant les critères entrant en jeu sont nombreux.
"L’alcool provoque le désir, mais diminue la performance." Shakespeare.
C'est donc un fait établi de longue date, alcool et sexualité ne font pas bon ménage. Pourtant, dans la croyance populaire, reste ancrée l’idée contraire. Alors qu’en est-il vraiment ?
Les études scientifiques sont formelles, lorsque l’alcoolisation devient trop importante, les résultats sur l’activité sexuelle sont catastrophiques. Pour les hommes, dysfonction érectile et anorgasmie, pour les femmes perte de lubrification vaginale, insensibilisation du clitoris et anorgasmie sont les symptômes les plus fréquemment associés à la suralcoolisation. Au-delà de ses effets délétères sur le plaisir sexuel, l’ivresse excessive entraîne une augmentation des comportements à risque souvent à l'origine d'agressions sexuelles, de grossesses non désirées et de contaminations par une IST.
Pour nuancer le propos sur l’alcoolisation, il convient de mettre en perspective les quantités ingurgitées. Sans faire référence à de quelconques études, mais en nous appuyant sur nos propres expériences nous pouvons affirmer que l’alcool, lorsqu’il est consommé en faible quantité, stimule le désir, libère l’esprit, accroît les sensations, la puissance des orgasmes, aussi bien chez les femmes que chez les hommes, permettant de plus à ces derniers d’améliorer leur capacité érectile et de retarder leur éjaculation. Comme en matière de consommation de cannabis, tout est question de contrôle de soi et de tempérance.
Lorsque le manque de tempérance prend la forme d’un alcoolisme chronique, la survenue de troubles tels la polynévrite (maladie inflammatoire qui affecte l’extrémité des nerfs du système nerveux périphérique), l’hypogonadisme (atteinte de la fonction endocrinienne au niveau cérébral et testiculaire) ou encore, l’altération des fonctions cognitives, corrompt la sexualité au plus haut point.
L'alcool et le surmoi.
Le surmoi est soluble dans l’alcool, disait Freud. Autrement formulé, l’alcool permet de contourner la censure du surmoi. Instance de notre personnalité psychique, le surmoi se construit culturellement sur la base des tabous universels, l’inceste, le meurtre. Il s’amende des interdits propres à la société dans laquelle nous vivons et de ceux transmis par le noyau familial. Il est un rempart salutaire contre les poussées pulsionnelles inconscientes potentiellement dangereuses pour nous même et notre entourage. Cependant, il est aussi le siège d’interdits, sociaux, religieux et familiaux, pouvant nuire à l’épanouissement sexuel. Par exemple, dans une famille où la nudité des filles est un tabou absolu, celles-ci peuvent manifester à l’âge adulte réticence, déplaisir, voire dégoût pour une sexualité en pleine lumière. Dans toutes les structures sociales où les pratiques sexuelles s’exprimant en dehors du cadre d’une sexualité standard sont intégrées dans le surmoi comme des interdits, ou simplement dans les sociétés qui ont accolé au sexe une image négative, la sexualité érotisée devra composer avec la transgression, la culpabilité et leur potentiel inhibiteur. L’alcool, en désactivant tout ou partie du surmoi, permet donc à la sexualité de s'exonérer de la contrainte des tabous et de s'exprimer plus librement. L’effet désinhibiteur de l’alcool n’est donc pas autre chose qu’une mise en veille provisoire du surmoi.
Alors si l’alcool est en mesure de favoriser l’expression de la sexualité, pourquoi pas ! Le tout étant de ne pas aller au-delà de l’ivresse légère et de choisir des boissons alcoolisées qui éveillent les sens, des vins, des champagnes, des whiskys de qualité qui en plus de faire tomber les barrières stimuleront les émotions.
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