Anatomie de la sodomie
Les qualité de confiance, connexion émotionnelle, degré d’intimité et curiosité sont les principaux déterminants d'une perception positive de la sodomie.

La sodomie, un plaisir parmi d'autres.
Dans la gamme des pratiques sexuelles sujettes à débats et cause de mésentente conjugale la sodomie se pose en figure de proue. Surexposition médiatique, omniprésence dans la production pornographique, la pénétration anale est à la mode. Bien qu'elle n'emporte pas souvent l'adhésion spontanée des femmes, anxiété de la douleur, considérations d'ordre moral et/ou hygiénique en modérant instinctivement l'attrait, elle serait, aux dires des autoproclamés.es sexperts.es, l'exemple type de la pratique qui consacre les amants en phase avec leur époque.
Le sexe anal peut être aussi désagréable, douloureux, qu’intensément « pleasurable ». Si les magazines féminins se font fort de présenter leurs meilleurs conseils, ils omettent la plupart du temps de pointer le désir comme facteur primordial de réussite de l'expérience. En préambule de toutes recommandations devrait s'énoncer que l'on ne s'essaie pas à la sodomie pour contenter un partenaire particulièrement demandeur, mais que l'on s'y livre sur la base d'une excitation pleine et entière et/ou d'une curiosité authentique. Une publication, parue dans « The journal of Sexual Medicine », a montré que les qualité de confiance, connexion émotionnelle, d’intimité et curiosité sont les principaux déterminants d'une perception positive de la sodomie.
Lubrifier oui, mais pas avec n'importe quoi !
Ordinairement la zone anale ne produit pas de substances typiquement lubrificatrices. L'utilisation d'un lubrifiant est donc un incontournable. Une attention particulière doit être portée au choix du produit. Gras, il aura l’inconvénient d’altérer l’étanchéité et la résistance des préservatifs, parfumé celui d’irriter les muqueuses. La vaseline, le beurre, la margarine sont à proscrire, ils contribuent à surchauffer le conduit anal. Si la salive est communément utilisée, son efficacité réduite dans le temps, sa qualité changeante et les risques liés à la présence d’agents pathogènes, n’en font pas le lubrifiant idéal. Les meilleurs produits sont les gels à base d'eau, incolores et inodores. Lorsque la sodomie est pratiquée avec des sextoys il est indispensable de s’en tenir au lubrifiant prescrit par le fabricant.
Sont fortement déconseillées les crèmes lubrifiantes anesthésiantes. Il en existe plusieurs sur le marché, Amazon en propose différentes marques généralement présentées comme des crèmes relaxantes. L'anesthésie de la zone, pour confortable qu’elle soit, interdit de percevoir les signaux d'alerte et fait courir des risques dont les conséquences fâcheuses ne se révèleront qu’une fois son action dissipée. Par ailleurs, ces crèmes, que les hardeuses utilisent pour supporter les pénétrations extrêmes, sont conçues pour annihiler toutes sensations, ce qui dans le cadre d'une quête de volupté est par principe contreproductif. En tout état de cause, la douleur doit questionner le désir de sodomie et/ou la qualité de ses préparation et réalisation.
Pierre Tomy Le Boucher.
Apprendre le relâchement.
Quand, malgré une bonne lubrification, un partenaire attentionné et un désir véritable, les sensations douloureuses font obstacles il est conseillé de pratiquer quelques exercices de dilatation — L’anatomie du conduit anal comprend un lot important de terminaisons nerveuses, de vaisseaux sanguins et un réseau de muscles puissants impliqués dans la gestion des selles : les sphincters interne et externe. Le premier, programmé pour ne se relâcher qu'au moment de l'expulsion, constitue logiquement le principal frein à la pénétration— Quoiqu’il en soit de la méthode choisie, doigté, godemiché, sextoy, la douleur ne doit jamais s’inviter. L’idée n’étant pas d’apprendre à la supporter, mais à trouver le relâchement psycho-physique qui conduit à la volupté. Pour ce faire il est essentiel d'adopter une respiration lente et profonde. L’idéal est sans doute de s’exercer en solitaire, de manière à garder une totale maîtrise de l’approche et de la gestuelle. Il peut aussi être envisagé de porter un rosebud plusieurs minutes (15 à 30 min) avant le rapport. En toutes circonstances l’usage d’un lubrifiant est indispensable.
Le lavement en question.
Si le lavement n'est pas obligatoire, il procure un indéniable confort psycho-physique. Pour une bonne efficacité il est préconisé l’utilisation d’une poire anale préalablement remplie d'une eau tout juste tiède. Une fois le liquide introduit dans le rectum, il suffit de le retenir une trentaine de secondes, puis de l'évacuer. L’opération ne doit pas être répétée plus de deux fois. Pour celles et ceux qui manifestent une profonde aversion pour les matières fécales, le processus peut s'agrémenter d'un lavement supplémentaire réalisé à l’aide d’une canule spéciale que l’on met en lieu et place du pommeau de douche. Attention à la température et au débit d’eau, qui doivent être tiède et léger. La durée de l'opération ne doit pas excéder une à deux minutes. Le lavement n’est pas un acte anodin, il convient de le pratiquer avec mesure et discernement. Il est même fortement déconseillé dans toutes les situations suivantes : grossesse, maladie hémorroïdaire, saignements intestinaux, opération récente du système digestif, diverticules, maladie de Crohn et rectocolite hémorragique.
Pierre Tomy Le Boucher.
Stimulez, en douceur.
Les préliminaires à la sodomie ne doivent être ni négligés ni réalisés en mode porno. À défaut d'une mise en condition ad hoc l'expérience a de fortes chances d'être traumatisante tant sur le plan physique (microfissures anales) que psychique. C'est à chaque couple d'inventer le mode opératoire qui convient pour stimuler le désir et favoriser le relâchement. L’anulingus fait partie des possibles préparatifs à la sodomie. Notons que ce dernier expose à d’éventuelles contaminations bactériennes. Les réactions de la partenaire sont des indicateurs précieux, elle ne doit pas hésiter à exprimer clairement ses ressentis, sauf à ce que son amant soit en mesure de déchiffrer sa communication implicite.
Prévention et risques associés.
La prévention des risques associés à la sodomie n'est guère différente de celle attachée aux autres formes de rapports sexuels :
- Le port du préservatif reste l'indispensable agent de sécurité des relations entre partenaires occasionnels ;
- On le recommande aussi aux couples monogames et fidèles, car les germes présents sur le conduit anal et dans le rectum peuvent remonter l'urètre pénien et générer des prostatites aigües ;
- Il est essentiel de s'interdire toutes pénétration vaginale et fellation après sodomie sans avoir au préalable nettoyer très soigneusement le pénis ou remplacé le préservatif ;
- La zone anale est fragile il est donc important d'adopter des comportements en conscience ;
- De légers saignements peuvent survenir dans la suite de la pratique, ils ne sont pas forcément signes de gravité, mais par prudence il sera préférable d'en référer aux médecin traitant et/ou gynécologue ;
- Les hémorroïdes ne constituent pas un risque particulier hormis celui de la douleur. Si en aucun cas la sodomie n’est à l’origine de la maladie hémorroïdaire, elle peut toutefois la révéler en déclenchant ses symptômes.
Conclusion.
Les raisons pour lesquelles la pénétration anale est jouissive sont encore assez mystérieuses. En effet la muqueuse rectale est insensible et si le conduit anal est riche de terminaisons nerveuses il ne possède pas les récepteurs sensitifs des aires érogènes primaires. Raison pour laquelle nombre de femmes rapportent que sans une stimulation du clitoris la sodomie ne produit que peu d'effets voluptueux et encore moins d'orgasme. Soulignons enfin que l'interdit et la transgression sont des facteur psychiques dont l'implication dans la dynamique du plaisir anal ne peut être écartée.
La sodomie fait partie du registre des possibles, mais jamais des obligatoires. Il serait trompeur de prétendre que l’accomplissement érotique se joue à l’aune de cette pratique. La réussite du projet érotique est avant tout liée à la complicité et la capacité des amants à s'émouvoir. C’est à chaque couple de trouver en conscience la voie qui convient pour que les vécus érotiques soient équitablement porteurs de jouissance et de satisfaction émotionnelle.
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