L'homme de dos et de fesses

L'homme de dos et de fesses

Au-delà de la puissance physique sublimée par la musculature dorsale, de la sensualité érotique d’une paire de fesses bien en chair, on doit reconnaître que le rendu esthétique des deux combinés est émotionnellement singulier.

Les fesses, celles des hommes.

Quelle est la partie du corps de l’homme la plus attirante pour une femme d’un point de vue purement esthétique ? Ou plutôt qu’elle est celle qui est la plus érotiquement signifiante ? Si vous pensez le visage, les yeux ou les pectoraux, vous êtes côté pile, alors que la vérité se trouverait plutôt côté fesses. C’est ce qui ressort des nombreux témoignages que nous avons pu recueillir. Un « joli petit cul » surplombé par un dos puissant semble être particulièrement émoustillant pour une (grande) partie la gent féminine. 

Les Dieux du Stade. François Rousseau.

Après avoir parcouru différents forums dédiés à la question, nous avons cherché des études sérieuses pouvant expliquer le pourquoi de cette fréquente attirance pour les fesses et le dos des hommes. Curieusement, nous n’avons rien trouvé de probant, alors que le net regorge d’études détaillant les raisons pour lesquelles les hommes portent une attention particulièrement soutenue aux fessiers de ces dames. Une preuve supplémentaire qu’en matière de sexualité et fantasmes féminins nous sommes encore loin du compte et qu’il reste beaucoup à comprendre et apprendre. 

L'Hercule de Baccio Bandinelli. 16ème siècle.

Toutefois, la docteure Kerri Johnson, attachée au département de psychologie de l’Université de Californie à Los Angeles, livre quelques réflexions sur le sujet. Pour elle, les fesses ne sont pas séduisantes en elles-mêmes. Ce serait plutôt le rapport entre la largeur du dos et ces dernières qui serait à l’origine de l’émoi féminin, l’idéal étant un dos en V, type nageur de compétition, planté sur un fessier légèrement rebondi, un tantinet musculeux. Cela étant, aux dires des intéressées, des fesses plates, tombantes ou trop grosses, quoi qu’il en soit de la largeur du dos, ne font pas partie des préférences, qui par ailleurs sont assez hétéroclites. 

Une belle brochette pour tous les goûts ou presque...

La plastique masculine idéale semble néanmoins répondre à des critères qui ont peu évolué avec le temps. La statuaire antique mettait déjà en valeur des hommes au dos large et puissant, avec une taille « affinée » et un fessier bien dessiné.

L'une des bacchantes chevauchant une panthère. Bronze attribué à Michel Ange. 1506-08

Au-delà de la puissance physique sublimée par la musculature dorsale, de la sensualité érotique d’une paire de fesses bien en chair, on doit reconnaître que le rendu esthétique des deux combinés est émotionnellement singulier. Ce n’est pas fortuit, le qualificatif le plus souvent usité pour signifier le charme exercé par le dos et le fessier masculins est : « émouvant ». Le charme s’opèrerait au niveau de l’émotion esthétique pure et non, comme souvent entendu, de la rassurante protection suggérée par un corps robuste. 

L’objectification du corps masculin, sa perception sur un plan exclusivement formel, de la part de la gent féminin, déconstruisent les aprioris qui voudraient que les femmes ne soient sensibles qu’à des éléments immatériels : l’intelligence, l’humour, la bienveillance, la disponibilité, l’écoute, etc. Les hommes ne sont pas rompus au « female gaze », ce regard qui déshabille. S’il est moins perceptible, il n’en est pas moins tangible. Certes les femmes se montrent plus discrètes, moins insistantes et intrusives. Certainement du fait d’un conditionnement à la retenue dans l’expression des émotions sexuelles, elles se sont habituées à les contenir. Pour autant les prétendues différences de genre, que l’on croyait naturelles et inscrites dans le marbre, ne sont que le résultats de constructions sociales qui aujourd’hui n’ont plus vraiment de sens. Et on s’en réjouit.