L'orgasme multiple chez l'homme

Définition et propriétés de la multiorgasmie masculine.
Pour la plupart des hommes le couple orgasme-éjaculation signe, selon la durée de la période réfractaire, l’arrêt momentané ou définitif des ébats amoureux. Cette composante de l’éros masculin qui n’autorise la reprise des activités sexuelles qu’après un laps de temps plus ou moins long, n’est pas aussi immuable que l’on pourrait le croire. Les enseignements tantrique et taoïste proposent d’ailleurs des techniques pour dépasser les contraintes imposées par la nature et développer la capacité à enchaîner les orgasmes sans période de latence. Cela dit, pas de solutions miracles, mais un long travail d’apprentissage du contrôle de soi. Mais parce que la nature est souvent injuste, accordant à certains ce qu’elle refuse à d’autres, certains hommes ont le privilège d’être dotés de façon innée de pouvoir multiorgasmique.
Deux événements distincts.
À cause de leur proximité temporelle, l’orgasme et l’éjaculation, paraissent n’être qu’un seul et même événement, alors qu’ils répondent à deux processus bien différenciés. Le fait est mis en évidence, entre autres, par ceux qui ont acquis la faculté d’avoir des orgasmes non éjaculatoires, tels les tantrikas ou les hommes ayant subi une prostatectomie. À l’inverse il est possible d’éjaculer sans ressentir d’orgasme, phénomène que peuvent connaître, lors d’un massage prostatique, les hommes victimes d’une lésion de la moelle épinière.
La période réfractaire.
La période réfractaire qui suit l’éjaculation, une vingtaine de minutes de moyenne, rend toute nouvelle stimulation du pénis incapable d’induire une érection. La fonction de cette période réfractaire demeure énigmatique. Pour certains, elle permettrait de reconstituer le stock de spermatozoïdes en vue de l’éjaculation suivante, pour d’autres elle serait un rempart contre une stimulation continue et irritante, voire abrasive, des parties génitales.
L'orgasme selon Kinsey.
Pour Kinsey, fondateur de « Institute for Sex Research », l’orgasme est un relâchement soudain de la tension nerveuse qui s’accompagne de spasmes locaux ou d’intenses convulsions. Le professeur Komisaruk, neuro-scientifique, pense l’orgasme en termes de sensations de plaisirs répondant à une stimulation des zones génitales et/ou d’autres zones du corps. Si l’on peut conjecturer sur la nature de l’orgasme, ses manifestations physiques sont quant à elles clairement identifiées : changement de la pression artérielle, accélération du rythme cardiaque, contractions des muscles du plancher pelvien. L’intensité de l’orgasme est variable et dépend de facteurs tels que l’âge, le volume d’éjaculat, et/ou la nature de l’expérience érotique.
Les deux facettes de la multiorgasmie.
La multiorgasmie est caractérisée par la possibilité pour un homme de produire plusieurs orgasmes séparés par un intervalle de temps inférieur à 20 minutes (le temps moyen de la période réfractaire). On peut distinguer deux types de multiorgasmie masculine.
- Le premier est nommé multiorgasmie « sporadique ». Il se caractérise par le maintien d’une érection post-orgasmique et la nécessité d’une stimulation sexuelle plus importante pour atteindre l’orgasme suivant. Chaque orgasme est généralement accompagné d’une éjaculation dont le volume est de moins en moins important. Dans certains cas, notamment lorsque l’individu maîtrise les techniques tantriques, l’éjaculation ne peut survenir que lors du dernier orgasme.
- Le second, nommé multiorgasmie « condensée », est décrit dans un petit nombre d’études. Ici, l’homme expérimente une salve d’orgasmes non-éjaculatoires, séparés par des intervalles de temps allant de quelques secondes à deux minutes maximum.
Concernant la multiorgasmie « condensée », il semble qu’une seule étude ait documenté sa physiologie (Warkentin KM, Gray RE, et al). Le sujet étudié, un quinquagénaire, avait subi une prostatectomie radicale dix ans auparavant. Son taux de testostérone était inférieur à 50ng/dL, soit identique à celui d’un homme ayant subi une castration chimique. Selon le témoignage du docteur Stacy Elliott, spécialisée dans la médecine sexuelle, cet homme pouvait en se masturbant produire une salve de 4 orgasmes sur deux minutes de temps. Pareil phénomène aurait été constaté par des médecins sexologues traitant des patients atteints de dysfonction érectile iatrogène, induite par le traitement de leur cancer de la prostate, et présentant le même historique médical que le sujet suivi par Warkentin et al.
Les études plus nombreuses dédiées à la multiorgasmie « sporadique », ont montré que ses caractéristiques physiologiques étaient similaires à celles de la mono-orgasmie. Une seule recherche, conduite en 2002 par Haake, Exton, Haverkamp et al, a pu émettre l’hypothèse d’une différence. Alors que l’homme mono-orgasmique connait une poussée de prolactine immédiatement après l’orgasme, dont le niveau reste élevé pendant 30 à 60 minutes, Haake, Exton, Haverkamp n’ont rien relevé de tel chez l’homme multiorgasmique. Conséquemment ils ont supputé que la prolactine puisse être responsable de la période réfractaire. De surcroît d’autres chercheurs ont suggéré que cette même hormone avait la capacité de réduire le désir sexuel et le degré d’excitation. Toutes ces conclusions sont à prendre avec la circonspection qui s’impose et devront pour être confirmées attendre la réalisation d’études à plus grande échelle, car la prolactine n’est sans doute pas la seule hormone en cause dans le déclenchement de la période réfractaire.
Prévalence de la multiorgasmie.
Si l’on en croit les recherches mené par Kinsey, la multiorgasmie naturelle serait relativement rare, entre 8,3% et 9,1% chez les 20-30 ans. De plus ces pourcentages semblent décliner chez les trentenaires pour se stabiliser ensuite. Les résultats obtenus par Kinsey ont été corroborés par d’autres équipes de recherche, même si les pourcentages obtenus variaient sensiblement. La moindre prévalence de la multiorgasmie chez les hommes âgées peut s’expliquer par les effets du vieillissement, et/ou comme l’avaient noté Master et Johnson par un accroissement de leur période réfractaire.
Kinsey et al ont produit une étude très controversée impliquant 182 pré-adolescents et adolescents. L’adolescence, au sens de Kinsey, est la période où les jeunes hommes commencent à éjaculer, entre 11 et 14 ans en général. A l’issue de leurs travaux, les chercheurs ont conclu que plus de 50% des garçons étaient multiorgasmiques, et que 30% pouvaient produire au moins 5 orgasmes successifs. À noter que certains individus qui avaient à peine 10 ans n’étaient pas encore en mesure de produire la moindre éjaculation ce qui confirme a minima qu’orgasme et éjaculation sont concomitants mais fondamentalement distincts.
Dans la deuxième partie de cet article nous nous attacherons à mettre en évidence les facteurs qui facilitent la multiorgasmie masculine.
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