Sphère émotionnelle

Couple, routine et désir.

Couple, routine et désir.

La sexologue Ester Perel en fait un axe privilégié de sa réflexion sur la durabilité du couple, le désir n'existe pas de lui-même sur le long terme. Il faut y consacrer une minimum d'attention et utiliser quelques stratégies pour le stimuler.

Couple, routine et désir.

Le désir : perturbateurs et stimulants.

La psycho-sexo thérapeute belge Esther Perel en est convaincue, la vie de couple se fonde sur une dichotomie porteuse de contradictions. D’un côté, elle demande sécurité, fiabilité et constance. Trois facteurs qui autorisent à vivre sereinement le quotidien et que l'on regroupe sous le terme générique de routine : habitude de penser ou d’agir selon des schémas invariables en repoussant toute idée de nouveauté ou de prise de risque. D’un autre côté, la dynamique de couple se nourrit du désir qui réclame passion, danger, frustration et... prise de risque.

Routine ou désir.

La routine a des facettes positives. Source de stabilité elle libère l’esprit de l'anxiété de l'incertitude. Elle a une fonction apaisante et n'est pas, contrairement aux idées reçues, inévitablement antagoniste du désir. Toutefois lorsque dans l'histoire du couple tout devient inlassablement routinier, que ce soit dans les relations courantes ou l'intimité, le désir de l'autre se volatilise et le couple sombre dans l'ennui et/ou le conflictuel. Inversement, un couple ne saurait fonctionner durablement en misant seulement sur le désir, la passion et la prise de risque, car les tensions générées par l’instabilité du quotidien chercheront résolution dans l’implosion de la relation. Vivre en couple, c’est donc se confronter à la complexité née d'une nécessaire conciliation entre les éléments constitutifs de la routine et ceux du désir.

S’il est relativement simple de mettre en place une routine, entretenir le désir est moins aisé. Ester Perel en fait un axe privilégié de sa réflexion sur la durabilité du couple, le désir n'existe pas de lui-même sur le long terme. Il faut y consacrer une minimum d'attention et utiliser quelques stratégies pour le stimuler :

  • échanger, parler, débattre des attentes érotiques ;
  • se réserver des temps de tête à tête romantique ;
  • partager des expériences émotionnelles fortes sans rapport avec le sexe : s'émouvoir de concert devant un film, une pièce de théâtre, lors d'un voyage aventureux, d'un défi sportif, etc. ;
  • se rendre désirable en titillant avec subtilité et prudence la jalousie de son ou sa partenaire ;
  • proposer de l'inattendu aussi bien dans la sexualité qu'en dehors ;
  • se servir de la frustration.                                                                                     

Désir et frustration.

Si vous avez vécu des temps de séparation pour cause professionnelle ou autre, vous avez certainement senti un regain d'intérêt pour votre partenaire. Rien de plus normal. Car la frustration et le jeun érotique sont des outils redoutables pour attiser le feu du désir. Avant l'usage généralisé de la pilule contraceptive, nombres de couples s'imposaient des temps de pause pendant les périodes de fertilité. Périodes qui avaient l'avantage de donner, si besoin était, un bon coup de boost au désir. Aujourd'hui il est possible de faire l'amour à l'envi. Pour le plus grand nombre c'est un progrès, une avancée en matière de liberté. Pour autant les couples ne semblent pas, dans leur majorité, plus heureux, plus sexuellement épanouis qu'ils ne l'étaient auparavant. Peut-être serait-il opportun de redonner à la frustration des lettres de noblesse, de reconnaître qu'en exacerbant le désir, elle exalte la volupté et la jouissance qui en retour poussent à désirer plus encore. Un cercle vertueux qui permet de maintenir la relation de couple dans une bonne dynamique érotique. 

Déplaisir sexuel vs désir.

Même si l'on fait ce qu'il faut pour l'entretenir, le désir reste tributaire de la qualité de l'expérience érotique. Autrement dit, des rapports sexuels régulièrement ou systématiquement insatisfaisants conduiront immanquablement à sa totale érosion. Et les stratégies sus-citées ne sauraient renverser la tendance. Quand la mémoire du déplaisir se fait trop prégnante, le couple se dirige à pas sûrs vers une période de mésentente sexuelle. Phase critique qu'il ne surmontera qu'à la condition d'un réel potentiel érotique restant et de sa volonté d'affronter les problèmes.

Ce sont en général les femmes qui en premier expérimentent une perte d'appétence. En toute logique elles sont aussi les premières à se plaindre de la qualité des rapports lors des consultations sexologiques. Étonnamment dans l'intimité elles préfèrent performer le désir que pointer les prestations de leur partenaire. Une stratégie de préservation du couple qui conduit irrémédiablement à un épuisement émotionnel et à terme à une perte totale d'envie. Une solution qui ne résolve donc pas la problématique de fond.


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