Sphère émotionnelle

Les causes des comportements adultères

Les causes des comportements adultères

Les causes des comportements adultères

Les moteurs de l'adultère.

L’adultère, un seul mot pour définir une multiplicité de comportements sexuels extra-conjugaux. Cette globalisation du phénomène adultérin n’aide pas à sa compréhension et induit une aspiration à le penser en termes exclusifs. 

Nuancer l'approche de l'adultère.

Pour la psychothérapeute Esther Perel, la conception contemporaine du couple, qui se dit tout, qui fait peser sur l’autre l’entière responsabilité du bonheur, est un leurre et cette approche du lien conjugal nous empêcherait de voir la réalité du mariage qui serait au mieux un arrangement imparfait. L’adultère naîtrait donc dans un espace de conflit entre le fantasmé et le réel. En clair, nous attendrions tellement de notre conjoint et de la relation, qu’immanquablement nous serions en proie à la déception. L’adultère serait alors le moyen de palier un défaut de réalisation dans le couple, l’échappatoire d’une vie devenue source de frustration. Sans doute certains adultères trouvent-ils leur motivation dans cette attente non résolue du bonheur, mais est-ce toujours le cas ?

Certainement pas, d’ailleurs Esther Perel reconnait paradoxalement que l’on peut être satisfait de sa vie de couple, aimer et tromper son conjoint. La mauvaise qualité de l’union n’est donc pas toujours et forcément la source des infidélités. De plus il serait juste de différencier les adultères exceptionnel et récurrent, l’un et l’autre ne portant pas les mêmes préjudices au couple. 

L’adultère exceptionnel qui prend la forme d’une seule et unique parenthèse enchantée ne saurait être considéré comme une trahison, pas plus qu’un coup de canif dans les liens du mariage. On le considérera comme faisant partie du jardin secret que chaque individu a non  le droit et le devoir de cultiver, pour ne pas tomber dans la fusion totale des individualités se fondant dans un tout aussi uniformisant que sclérosant. L’adultère exceptionnel ne doit aucunement signifier un désamour du partenaire, pas plus qu’un ennui ou une frustration, il ne sera donc pas un motif valable pour remettre en cause l’union maritale s’il est découvert. 

L’adultère récurrent, concrétisé par des tromperies répétées, est quant à lui plus problématique et doit interroger autant la vie de couple que les contours psychologiques de l’infidèle. 

Le syndrome de Don Juan ou donjuanisme.

La psychanalyse s’est appuyée sur le mythe de Don Juan pour définir un comportement relationnel pathologiquement tourné vers la séduction. Bien que l’appellation renvoie naturellement à l’homme, les femmes sont aussi concernées par le syndrome. Le donjuanisme se traduit par un besoin compulsif de séduire, de susciter l’intérêt et l’admiration. La personne atteinte par ce trouble relationnel aspire avant toute chose à la reconnaissance, le grand frisson ou la passion amoureuse n’étant que buts subalternes. Le passage à l’acte, la relation sexuelle, n’est donc pour le Don juan qu’une moitié de cerise sur le gâteau. Le psychanalyste, Jean-Pierre Winter, pense le donjuanisme comme : « La volonté effrénée de plaire reposant sur une faille narcissique, une dépendance insatiable au regard de l’autre. » L’adultère du Don Juan n’est pas motivé par une vie sexuelle de couple insatisfaisante, mais par le besoin maladif de séduire pour se sentir reconnu et vivant. 

L’addiction sexuelle.

Caractérisée par des comportements sexuels avec perte de contrôle, un désir d’y mettre fin sans y parvenir et des conséquences négatives sur le sujet et son entourage, l’addiction sexuelle touche cinq fois plus les hommes que les femmes. C’est un trouble obsessionnel compulsif ou encore un trouble du contrôle des impulsions sexuelles. Contrairement au donjuanisme où la séduction prime sur le reste, le rapport sexuel est érigé en but ultime par la personne addicte. Le recours aux prostituées, qui ne présenterait aucun bénéfice pour le Don Juan, est courant chez les addicts au sexe du fait de leur disposition psychologique à l’objectification de l’autre et de leur moindre intérêt pour la séduction. Quant aux femmes souffrant de ce trouble, elles préféreront se tourner vers les sites de rencontres libertines que faire appel à des prostitués de type escort-boy. Les comportements adultères induits par l’addiction sexuelle ne sont de facto pas en lien avec une éventuelle problématique de couple. 

Le désir de quitter ce moi que l’on aime plus.

Esther Perel propose un angle de vu novateur sur l’adultère lorsque, dit-elle, l’adultérin ne recherche pas quelqu’un d’autre, mais qu’il va voir ailleurs pour (re)trouver un autre lui-même, qu’il désire se séparer de la personne qu’il est devenu et non pas de celle qui partage sa vie. L’uniformisation des comportements que l’on constate dans des couples trop fusionnels convie à un abandon du moi singulier au profit du moi collectif. Ce renoncement insidieux à l’identité propre, pris pour gage d’un amour total, dans lequel on partage tout, on se dit tout, où l’intimité, le jardin secret n’existe plus, s’apparente à une aliénation dont finalement il est sain de vouloir se départir. Malgré son imperfection, l’adultère est dans la situation présente une solution pour retrouver cette identité propre et unique.

La transgression.

La fonction érotique, ou l’exercice conscient du plaisir sexuel, noue un rapport intime avec le concept de transgression compris comme une infraction volontaire des lois, codes moraux et tabous. Dans le cas de l’adultère la transgression s’opère au dépend de la loi sacrée du mariage qui exige la fidélité des époux. On est en droit de supposer, bien que le sujet manque d’étude, que de nombreuses relations adultères s’organisent sur le mode transgressif. Les adultérins motivés par l’excitation découlant de la violation du pacte conjugal sont en recherche d’émotions puissantes, de désir ardent, de jouissance intense, qu’ils ne trouvent probablement plus au sein de leur couple. Remarquons que la transgression porte un tel potentiel érotique que l’adultère, relation sexuelle cachée, existe parfois dans l’union libertine !  

L’incompatibilité érotique.

Pour que le couple ait une vie sexuelle épanouie, la compatibilité de leurs univers érotiques est déterminante. L’érotisme au sens large, c’est-à-dire compris comme un horizon à la sexualité, se compose des moyens qu’élabore un individu pour obtenir le mode de jouissance qui répond à la singularité (évolutive) de son organisation pulsionnelle et fantasmatique. Il en découle une extrême variété de manifestations, un infini de possibilités exploratoires. La probabilité que deux individus partagent le même univers érotique est donc relativement faible. Dans la plupart des cas, les couples doivent se contenter d’un espace commun plus moins étendu, d’une compatibilité érotique partielle, résultant de l’intersection des ensembles « érotisme de l’épouse » et « érotisme de l’époux ». Parfois, cette intersection est inexistante, les ensembles sont disjoints et érotiquement incompatibles. Les couples qui se sont unis, malgré cette discordance, au profit d’une évidente erreur relationnelle vont - à moins de faire une croix sur la sexualité et de vivre monacalement – évolués dans un contexte favorisant l’adultère. L’incompatibilité érotique peut être préexistante à l’union, mais aussi se développer au fil du temps. C’est ce qu’il advient lorsque l’un des partenaires, pour quantité de raison, connait une atrophie ou un déplacement de son champ érotique. 

L’ennui, la routine, la monotonie.

Comme aime à le rappeler Esther Perel, rien de plus radical pour tuer la vie sexuelle d’un couple que le triptyque, ennui, routine, monotonie. Lorsqu’il s’installe, les moteurs du désir s’éteignent et si le couple n’a pas l’envie ou les ressources pour améliorer la situation, la sexualité n’a plus de raison d’exister. Dès lors soit on parvient à vivre sans, soit on cherche ou saisit l’occasion de renouer avec les plaisirs du sexe à l’extérieur. L’adultère est alors conséquent d’une relation de couple devenue érotiquement aride. 

La discorde permanente.

Typiquement elle révèle le désamour des partenaires, ne vivant que des situations conflictuelles, dans un état constant de tension. Le dégoût à supplanter l’amour et si la séparation est dans cette hypothèse souhaitable, les principes moraux ou l’engourdissement psychologique sont susceptibles de constituer des freins à sa réalisation. Cet étau émotionnel éprouvant ouvre une voie royale à l’adultère, qu’on ne saurait présentement condamné mordicus tant il présente l’avantage d’offrir une soupape de décompression aux conjoints en détresse. 

Conclusion.

Aujourd’hui comme hier l’engagement marital demande de faire efforts et concessions. Cependant, le mariage qui aujourd’hui tient plus du folklore que de la sacralité ne contient plus les ferments d’abnégation, de compassion, d’altruisme permettant de surmonter et dépasser les aléas de la vie. L’adultère trouve dans ce contexte une liberté d’expression d’autant plus prononcée que le consumérisme sexuel s’est incontestablement érigé en modèle sociétal et que par ailleurs dans une société du tout jetable, du tout remplaçable, on privilégie les solutions les plus simples et les plus expéditives pour remédier aux problèmes. Quelles que soient les motifs ayant poussé un conjoint à l’infidélité, l’adultère récurrent demeure une trahison et si l’on est plus enclin à disserter sur l’époux ou l’épouse volage et lui trouver des excuses, n'oublions pas que les blessures et la souffrance s’attachent toujours à la personne trompée. En tout état de cause l’adultère n’est ni une normalité, ni une fatalité et, en dehors de son expression exceptionnelle, doit interroger autant la relation de couple que la personnalité psychologique de l’adultérin. Pour ce faire, sexologues et psychologues sont les meilleurs recours, ils sont à même de pointer les vecteurs de l’infidélité et de fournir les outils de compréhension nécessaires pour engager un processus de modification comportementale. Enfin, ce qui vaut pour l’adultère vaut aussi pour les comportements infidèles dans les relations de concubinage. 

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