Polyamour, parole de femme !

Le polyamour est aussi éloigné de la monogamie que du libertinage.
Peut-être n’avez-vous jamais eu un gros feeling pour la monogamie. Peut-être que le mariage vous semble d’un autre temps, temps où les femmes n’y cherchaient que sécurité et confort. Peut-être êtes-vous de celles qui rêvent d’un ailleurs, d’une autre façon de concevoir les relations amoureuses, dans une plus grande diversité, une pluralité des sentiments. Alors il se peut que vous soyez en quête du polyamour.
Le polyamour est une philosophie de vie qui reconnaît à tout un chacun la faculté de tomber amoureux de plusieurs personnes en même temps. Pour ses adeptes, le polyamour est la plus délicieuse façon d’aimer. Il rend aux femmes une liberté que les systèmes androcentrés leur avait confisquée. Le polyamour n’est-il pas la révolution dont le mouvement féministe avait besoin ?
En aucun cas on ne peut assimiler le polyamour à la recherche de multiples partenaires sexuels. D’ailleurs, rien n’empêche d’imaginer un polyamour platonique. L’être polyamoureux accepte de suivre le cours de sa vie sentimentale sans autre préoccupation que celle de vivre amoureusement et ouvre les frontières entre amour et amitié.
Mais peut-on vraiment aimer une personne et en même temps penser à une autre ?
Et que fait-on de la jalousie ? N’est-il pas dangereux de croire qu’une seule personne puisse remplir pleinement la vie d’une autre, être tout à la fois son amie, sa confidente, son amour, sa partenaire érotique ? En mettant le polyamour en perspective du projet sentimental, en mettant l’ego de côté, en oubliant que l’on puisse être le seul composant de vie de l’autre, il est probable que l’on se sente plus léger, plus libre. En faisant fi de la jalousie, il devient possible d’entendre que l’autre puisse trouver d’autres sources d’attraction que soi.
Selon les polyamoureuses, les relations non-monogames révolutionnent la vision de l’amour et de la sexualité. L’une d’elle confie : "En embrassant le polyamour, j’ai eu l’impression de me débarrasser d’un soutien-gorge oppressant. Dès mon adolescence j’étais autant attirée par les filles que les garçons. J’aimais bien embrasser les filles en soirée. J’avais aussi du mal à comprendre la notion d’adultère. Quand j’ai rencontré la communauté des polys, j’ai compris que pour certains il était naturel de donner de l’amour tous azimuts. C’est ce que je ressentais en moi depuis longtemps et je me suis libérée du carcan sociétal. Oui j’aime les filles et les garçons, oui je peux en aimer plusieurs à la fois."
Si le polyamour est un modèle relationnel attrayant, il n’est pourtant pas exempt de tracasseries sentimentales.
Comme dans toute relation, les pleurs, les chagrins, les crises existentielles font partie du parcours. Le doute peut s’insinuer après une aventure malheureuse et s’accompagner du sentiment de ne plus savoir ce qui vous rend libre ou vous contraint. En multipliant les expériences, on multiplie aussi les joies et les peines mais plus d’amour ne veut pas dire meilleur amour. N’est pas polyamoureux qui veut. Pas si simple de se sentir à l’aise émotionnellement et sexuellement avec plusieurs partenaires. Il faut pouvoir assumer socialement sans honte, être honnête avec soi-même, bien dans sa peau, en pleine conscience, à défaut de quoi on risque de souffrir et de faire souffrir, d’être une mauvaise polyamoureuse.
On comprend aujourd’hui combien les femmes ont refoulé leurs désirs profonds. Qu’elles aient maintenant la volonté de parler vrai et vivre comme bon leur semble ne peut que nous réjouir. Dans la lutte contre les privilèges, les inégalités et les tentatives de contrôle des droits des femmes, le polyamour est une révolution, un manifeste pour la liberté des sentiments. Le monde serait sans doute plus agréable à vivre si les gens étaient plus ouverts au polyamour. Aimer plusieurs personnes en même temps c’est parler plusieurs langues. C’est être ouvert à plus de discussions, d’échanges, de communication. L’amour que nous pouvons donner est certainement infini et il serait idiot de s’en priver.
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