Polyamour, quelques configurations d'amours multiples

Le polyamour est avant tout une philosophie, un mode de vie qui permet de structurer une relation amoureuse impliquant plus de deux personnes sans qu'aucune d'elles ne se sente lésée.
Parce que l'art du partage ne s'improvise pas toujours, certaines configurations polyamoureuses répondent à des exigences différentes selon la place de chacun-e. Toutefois, trois variations principales de polyamour régentent les relations de couples multiples : la relation hiérarchisée, la relation égalitaire et la relation poly-familiale, "une relation de trois personnes ou plus, dans laquelle il existe un fort engagement relationnel entre tous les membres et qui peut ou non inclure le sexe" (D. Corbett, personnel communication, 17/03/99).
Quoi qu'il en soit, chaque organisation correspond à une architecture précise, dont voici quelques exemples (ni exhaustifs, ni figés dans leur configuration), tous plus ou moins calqués sur ces trois formes de relation.
- La relation primaire
Dans un contexte hiérarchique d'amours pluriels, la relation primaire sera privilégiée par rapport aux autres. L'implication sera marquée de différentes façons ; soit que les deux partenaires seront mariés (avec ou sans enfants) et partageront le même lieu de vie, soit que l'intérêt porté à l'amant-e primaire sera plus grand, quelle que soit la situation matrimoniale. En effet, dans certains cas, la relation est dite primaire lorsqu'elle est la plus ancienne. Toutefois, la polyrelation peut également compter plusieurs primaires. Par exemple, si deux femmes d'une même formation poly comptant cinq personnes ont eu des enfants avec le même homme, il paraît logique que ces deux relations soient pareillement considérées comme primaires par rapport aux autres. Plus généralement, l'amant-e primaire bénéficiera d'une plus grande implication affective de son conjoint. Le lien primaire a souvent pour corolaires de plus grands investissements, qu'ils soient d'ordre émotionnel, économique ou familial.
- Les relations secondaire, tertiaire, etc.
Toujours dans le cadre d'une polyrelation hiérarchique entre au moins trois personnes, la relation secondaire découle logiquement de la primaire et décrit une implication plus légère puisque dépourvue des complexités et contraintes associées à un lien primaire. La relation tertiaire découlera de la secondaire etc. Dans un système hiérarchique, on est finalement en présence d'une répartition en cascade des rôles de chacun-e, mais toujours axé sur un seul. En effet, une personne peut vivre plusieurs histoires d'amour simultanément mais elle reste le dénominateur commun à chacune d'elles. Dans certains cas, les liens étroits existent entre trois personnes et sont d'égale importance ; ce sont des Triades (triangle ou triangle équilatéral), un terme qui décrit un engagement particulièrement fort pouvant même faire l'objet d'une cérémonie d'engagement ou plus simplement, un même lien unissant trois personnes, quel que soit le degré d'engagement.
- Les relations Vé ou "V"
Comme l'indique visuellement les trois extrémités de la lettre "V", ce type de relation implique seulement trois personnes, dont une constitue le "point de pivot". Dans ce cas de figure, les deux relations qu'une même personne (le pivot) entretient avec les deux autres sont d'égale importance, et en principe non hiérarchiques. Mais le lien unissant les deux branches du "V" entre elles est généralement de moindre importance que celui unissant chacune d'elles au pivot. Nous retrouvons donc ici encore, la notion de dénominateur commun, le pivot, la personne centrale autour de laquelle gravitent toutes les autres, en dépit d'un désir de réciprocité, d'équité ou d'équilibre.
- Mariage en série (ou mariage en ligne)
Au tout début du XXème siècle, un auteur de science-fiction, Robert A Heinlein, imagina une sorte d'immortalité familiale rendue possible par l'intégration à un mariage existant, de nouveaux membres plus jeunes. Cette forme de mariage familiale s'étirant sur plusieurs générations, la disparition progressive des mariés - lesquels sont "remplacés" par les nouveaux venus - n'entraîne pas l'extinction de la famille. L'auteur voit le mariage ou ménage familial comme une sorte de microcosme institutionnel gravitant non pas autour d'un couple monogame, mais d'une famille, prenant ainsi des airs d'association communautaire garante tant de son capital que de son bien-être et sa longévité. Bien sûr, dans le roman Révolte sur la lune, polygamie et polyandrie sont légales, ce qui n'est pas le cas dans nos sociétés occidentales.
- Polyfidélité
Même au sein de relations polyamoureuses, la fidélité reste parfois une valeur forte. Dans ce type d'arrangement, quel que soit le nombre de personnes composant la relation, l'activité sexuelle est exclusivement réservée aux membres du groupe, ce qui exclut toute relation sexuelle extérieure à celui-ci.
Précisons également qu'une polyrelation amoureuse ne réunit pas obligatoirement des personnes ayant la même orientation sexuelle à l'exclusion de toute autre. Le groupe peut être composé à la fois de personnes hétéros, homos ou trans. Tout ne s'articule pas uniquement autour du sexuel dans une relation polyamoureuse - quand bien même y prendrait-il une certaine part plus ou moins importante - mais plutôt des sentiments qui unissent les personnes.
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