Témoignage : le désir est-il hormodépendant ?
Diplômé de l'Institut de Sexologie du docteur Jacques Waynberg, Eric Royer répond aux questions des abonnés.es.

Perte de libido soudaine, sans raison apparente
Émilie, 34 ans, céramiste
J’ai 34 ans, il me semble être en pleine forme, je fais beaucoup de sport, je ne suis pas stressée, je ne bois pas, sauf occasion exceptionnelle, je ne fume pas et je suis en couple depuis deux ans avec un garçon que j’aime profondément. Voilà un an, sans que je comprenne pourquoi et de façon soudaine, j’ai perdu toute ma libido, alors que jusque-là j’étais plutôt super enthousiaste dès qu’il s’agissait d’avoir des relations sexuelles. Aujourd’hui je me sens fermée, sans désir, et la pénétration est douloureuse parce que je ne lubrifie plus, même quand je suis psychologiquement excitée par des idées ou des fantasmes. Mon corps ne répond plus. Je me force alors que je n’en ai pas envie et mon compagnon est découragé parce que je ne prends jamais d’initiative. Je ne m’attendais pas du tout à cette évolution et je me demande si je n’ai pas un problème de dérèglement hormonal. Pourriez-vous me donner votre avis sur ma situation ?
Ce que j’en pense
En premier lieu il est important de noter que la libido féminine n’est pas hormonodépendante, du moins pas dans les mêmes proportions que sa contrepartie masculine, et que la perte de désir féminin s’explique le plus souvent par des expériences érotiques pénibles et insatisfaisantes. Ce qui ne semble pas être foncièrement votre cas puisque vous persistez à percevoir des envies et qu’en conséquence j'en déduis volontiers que votre libido n’est pas totalement éteinte. Ce qui est intrigant dans votre témoignage relève de l’absence de réactions corporelles, de lubrification, même quand vous êtes, selon vos dires, excitée par des idées ou des fantasmes. La chose l’est d’autant plus que plusieurs études ont démontré que l’exposition à des contenus sexuellement explicites provoque chez les femmes, même en l’absence d’une réceptivité explicite, des réponses physiologiques typiquement associées à l’excitation sexuelle. De fait votre cas me laisse perplexe pour cette raison, mais aussi parce que toutes les autres explications, fatigue, maladie, stress, anxiété, tabagisme, alcoolisme, toxicomanie, ne peuvent être retenues. Il appert donc qu’un dysfonctionnement, dont la nature m’échappe, perturbe votre vie sexuelle. Je vous conseille de consulter le plus urgemment possible à la fois votre gynécologue, votre médecin et par la suite un ou une sexologue.
Enfin, comme vos relations intimes s’accompagnent de douleurs, d’une dyspareunie, il serait bien, tant que votre problème n’est pas solutionné, que vous vous absteniez de toutes relations sexuelles. J’ose espérer que votre compagnon comprendra aisément que le temps n’est pas propice aux expériences érotiques et qu’il serait contreproductif que vous vous forciez à lui faire plaisir. Gardez espoir, mais ne restez pas s’en rien entreprendre.
Les réflexions proposées s’établissent sur les faits que vous rapportez. Pour poser un diagnostic il est indispensable d'avoir la vision la plus holistique possible de votre situation et la consultation en couple est la seule option envisageable.
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