Sphère émotionnelle

Témoignage : Les pleurs après l'orgasme

Témoignage : Les pleurs après l'orgasme

Diplômé de l'Institut de Sexologie du docteur Jacques Waynberg, Eric Royer répond aux questions des abonnés.es.

Témoignage : Les pleurs après l'orgasme

L'orgasme ou la résolution d'un état émotionnel érogène

Lise, 28 ans, restauratrice

Je suis en couple depuis plus depuis deux ans. Tout se passe bien, à mon goût, et ma sexualité est très satisfaisante. Je parviens à l’orgasme presque à chaque fois, mais rarement lors de la pénétration. Cependant, lorsque j’ai un orgasme j’éclate en sanglots. Ça ne dure pas longtemps et après avoir copieusement pleuré, je me sens super bien. Je remarque que cela ne se produit pas lorsque je me masturbe seule. Mon compagnon est très compréhensif et m’entoure de toute son affection lorsque ça arrive. Mais on ne comprend pas pourquoi mes orgasmes sont assortis de pleurs après-coup. Surtout, c’est une chose qui n’arrivait pas dans mes autres relations. J’ai fait des recherches sur Internet, mais je n’ai pas trouvé de réponse satisfaisante. Je précise que je n’ai pas vécu d’histoires traumatisantes et que j’ai toujours apprécié les relations sexuelles. J’aimerais avoir votre opinion.

Ce que j’en pense

La principale information que je retiens de votre témoignage est que tout va pour le mieux. Cela dit, je comprends votre questionnement, car les pleurs post-orgasmiques paraissent antinomiques avec l’expérience épanouissante de la sexualité érogène. On est généralement enclin à pleurer dans des situations qui éprouvent négativement notre sensibilité et non l’inverse.

Que vous n’ayez rien trouvé d’éclairant sur le Net ne m’étonne aucunement dans la mesure où la relation sexuelle est rarement appréhendée par le prisme dominant des émotions. C’est pourtant ainsi qu’il conviendrait de le faire systématiquement, car la relation sexuelle est avant tout une expérience émotionnelle qui ne se différencie pas, dans ses fondements, des autres expériences émotionnelles. C'est pourquoi la question des émotions, qui permet une plus juste compréhension des phénomènes physico-psychiques en jeu dans la sexualité érogène, est au centre de la clinique écosexologique. 

Aujourd’hui, ma réflexion est entièrement axée autour du concept d’état émotionnel que je définirais en quelques mots comme un état de tension, né de la perception d’un ou plusieurs stimulus, appelant une résolution. Par exemple, la peur est un état émotionnel, un état de tension né de la perception d’un danger dont la résolution s’exprime en termes de fuite ou de combat. Le désir sexuel est un état émotionnel, un état de tension né de la perception érogène d’autrui dont la résolution s’exprime en termes de volupté et d’orgasme. Dans cette perspective je conjecture que l’essence du mécanisme physico-psychique de la résolution orgasmique, l’éclat orgasmique, est en tout point identique aux résolutions des états émotionnels qui se traduisent par l’éclat de rire, l’éclat de joie ou l’éclat de sanglots. Il est conséquemment logique que puisse s’opérer une réaction en chaîne de type orgasme-rire ou orgasme-pleurs, l’orgasme, le rire, la joie, les sanglots étant différents types d’expression d’un même processus de résolution émotionnelle. Je dirai que la personne, en pareil cas, expérimente une résolution à double détente de l'état émotionnel érogène certainement lié au fait que l’intensité de ce dernier, ou plus précisément la perception subjective de cette intensité est trop élevée pour que l’orgasme seul y suffise. C’est finalement ce que vous signifiez lorsque vous mentionnez vous sentir super bien après avoir pleuré ou que vos orgasmes masturbatoires ne sont pas suivis d’un éclat de sanglots (l’expérience solitaire étant émotionnellement moins investie que celle vécue avec votre partenaire). Remarquez enfin que la résolution complète des états émotionnels est toujours associée à des sentiments de soulagement, de bien-être et/ou de bonheur. Ce que confirme votre témoignage.

En conclusion, je vous conseille de ne surtout pas réfréner vos pleurs et de les accueillir comme une démonstration supplémentaire de l’excellente qualité émotionnelle de vos rapports intimes. 

Je précise toutefois que la compréhension de ces pleurs aurait été différente si par exemple vous aviez mentionné une relation à votre sexualité érogène moralement ambiguë, entachée d'un sentiment de honte voire de dégoût.

Les réflexions proposées s’établissent sur les faits que vous rapportez. Pour poser un diagnostic précis, il est indispensable d'avoir la vision la plus holistique possible de votre situation et la consultation sexologique est la seule option envisageable.

* Crédit illustration : Art de rue-Rookie

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