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Charte de l'Écosexologie : pour une nouvelle sexologie

Charte de l'Écosexologie : pour une nouvelle sexologie

Le projet Osphères, dans la perspective d’une autre sexologie, a produit une réflexion et alimenté un corpus de textes balayant l’ensemble des sujets liés à la sexualité, l’amour, l’érotisme, sur les plans émotionnel, fonctionnel et sociétal. Cette perspective se nomme aujourd’hui "Écosexologie".

Charte de l'Écosexologie : pour une nouvelle sexologie

Mieux se connaître, pour mieux s'aimer

Qu'en est-il de la sexologie ?

Si les pionniers* de la sexologie ont eu l’ambition d’en faire une discipline autonome, sa confiscation par la sphère médicale en a réduit l’identité à une sous-catégorie de la médecine. Avec cette double conséquence : l’érosion des fondations humanistes de la sexologie et la précellence accordée à la conception mécaniste des rapports intimes. Une nouvelle donne qui a ouvert la voie à la commercialisation du Viagra pour la dysfonction érectile, de la Flibansérine et de la Kisspeptin pour les troubles de la libido féminine et bientôt à celle d’une pilule pour l’anorgasmie. Ainsi, l’étiologie des affections de la sexualité érogène se concentre-t-elle maintenant sur le champ réduit des altérations physiologiques, s’exonérant par là même d’examiner l’environnement, l’histoire et le vécu émotionnel de l’individu, autrement dit les composantes essentielles de sa constitution psychique. La rationalisation scientifique de l’humain a pris le pas sur l’analyse circonstanciée de ses comportements. Alors que reste-t-il de la consultation sexologique ? : un entretien succinct qui répond par la prescription à la demande de restauration rapide, et à moindre coût pour le thérapeute, de la faisabilité du rapport sexuel. Mais pour autant que la chimie soit en mesure d’effacer le symptôme, de redonner un semblant de vie à la relation intime, elle n’offre qu’un temps de répit momentané. Car, dans 95% des cas, la causalité psychogène, émotionnelle, est prévalente dans l’exercice contrarié de la sexualité érogène. C’est pourquoi le symptôme et la plainte exprimés n’avaient, pour la sexologie historique, de valeur que celle d’une porte d'entrée dans les coulisses de l’intimité conjugale des plaignant.es. Cette approche, qui certes n’autorisait pas le règlement immédiat des problèmes, mais avait l’avantage d’inscrire la guérison dans la durée, ne fait plus école dans l’univers de la sexologie médicale qui préfère porter la focale sur la défaillance présumée des organes génitaux que sur le sens caché du symptôme. In fine, en évitant d’affronter la complexité du psychisme humain et des relations interpersonnelles, en se recroquevillant sur le rapport sexuel stricto sensu, la sexologie médicale s’est métamorphosée en une discipline de la santé sexuelle, la sexiatrie*. 

Par ailleurs, contrairement à ce qu’avait initié Magnus Hirschfeld, le sexologue moderne s’est désengagé de toute implication, de toute prise de position politique. On remarquera, entre autres, que l’analyse du phénomène porno-prostitutionnel, de ses conséquences en matière de violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants, n’est pas confiée aux sexologues mais aux sociologues. La sexologie contemporaine a déserté le sociétal, le politique, et abandonné tout un pan de l'action et de la recherche qui lui incombe par nature.

Dans la perspective souhaitable d’une autre sexologie, nous avons produit un corpus de textes balayant l’ensemble des sujets liés à la sexualité, l’amour, l’érotisme, sur les plans émotionnel, fonctionnel et sociétal. Cette perspective se nomme aujourd’hui "Écosexologie". Inspirée de la sexologie humaniste du docteur Jacques Waynberg, elle est la rencontre originale des sciences humaines et des sciences sociales. L’écosexologie est à la fois une psychosexologie, une biosexologie, une sociosexologie, une anthroposexologie et une ethnosexologie. Conçue sous l’égide d’une philosophie elle tend à redonner du sens à l’exploration des émotions érogènes.

Les principes écosexologiques

1- L’écosexologie s’attache à l’examen minutieux des écosystèmes dans lesquels évoluent l’individu et le couple. Elle porte notamment l’attention sur les interactions croisées et complexes entre leurs paramètres constitutifs : potentiel émotionnel, potentiel cognitif, ambitions personnelles, image de soi, capital santé, historique du vécu, codes et tabous culturels, attentes et injonctions sociétales. La clinique écosexologique vise expressément la mise en évidence des ruptures d’harmonie écosystémique.

2- L’écosexologie se départit du concept de rapport sexuel ou profit de celui d’expérience émotionnelle. Elle postule que de la capacité à s’émouvoir de la vie au sens le plus large dépend la bonne qualité de la relation intime.

3- L’écosexologie est fondamentalement attachée à la liberté d’expression des diverses orientations érotiques et sexuelles, mais aussi à la liberté d’Être dans le respect de l’Autre. L’écosexologie ne porte pas de jugement moral sur la nature des relations intimes. Elle se focalise sur le désir réciproque, la rétribution équitable des émotions et l’épanouissement personnel pour jauger sa validité. 

4- L'écosexologie constate que la consommation de sexe et de pornographie exerce sur le couple une contrainte délétère. Ainsi l’expérience érotique "pornifiée", qui impose l’effacement du singulier au profit d’une standardisation psychocomportementale, est-elle contreproductive, anxiogène et souvent traumatisante. C'est pourquoi l’écosexologie invite à écrire une histoire de l’union centrée sur l’acceptation de la singularité et le développement de l’authenticité. 

5- L’écosexologie défend la nécessité de repenser le rapport au corps, au désir, au plaisir, à la liberté, au bonheur, dans une optique d’hédonisme réfléchi. Il s'agit de reformuler les conditions de faisabilité de l'expérience émotionnelle dans sa dimension durablement épanouissante. 

6- L’écosexologie condamne toutes formes de violence et d’exploitation sexuelles. Elle fait du combat contre la porno-prostitution et la pédocriminalité les symboles de son engagement en faveur d’une société ré-humanisée.

7- L’écosexologie milite en faveur de l’éducation aux sexualités reproductive et érogène par l’acquisition d’un savoir érudit et exhaustif. Elle préconise de confier cet enseignement à des personnes dûment qualifiées. 

9- L’écosexologie souhaite que le plus grand nombre puisse bénéficier du soutien d’un.e thérapeute quand le besoin s’en fait sentir. L’écosexologue s’engage à pratiquer des tarifs en adéquation avec cet objectif.

10- Enfin, l’écosexologie s’accorde avec les principes de vie écologistes. Elle porte un regard critique sur l’implication de la pharmaceutique, de la cosmétique et de la chirurgie esthétique dans la mise en œuvre des sexualités érogène et reproductive. L’écosexologie œuvre à l’avènement d’un projet sociétal empreint d’humanisme. 

* Parmi les pionniers de la sexologie, citons le docteur-sexologue Jacques Waynberg penseur de la sexologie humaniste.

* Le terme "sexiatrie" a été proposé par le docteur-sexologue Jacques Waynberg pour définir la mutation de sexologie en médecine de la santé sexuelle. La sexiatrie est à la sexologie ce que la psychiatrie est à la psychologie.

* Crédit illustration : Twin Flame You Are

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