Grossesse et sexualité

La sexualité en période de grossesse.
La grossesse a incontestablement des effets sur le comportement sexuel des femmes. Montée ou chute de libido sont normales, fréquentes et fonction des différentes étapes de la gestation. Si certaines connaissent une plus forte libido et des orgasmes plus intenses, pour d’autres c’est le contraire. Bien que chacune vive une expérience unique, il existe cependant des éléments communs à toutes les grossesses.
Comment la grossesse affecte le comportement sexuel ?
D’un côté, les variations à la hausse des taux d’œstrogène et progestérone, ainsi qu’une augmentation de la vascularisation des organes génitaux peuvent induire une intensification du désir et du plaisir sexuel. D’un autre côté, les nausées, la fatigue, le stress et les nombreux changements physiques ont le pouvoir d’éroder l’appétit sexuel. Si chaque femme réagit de façon différente aux fluctuations hormonales, d’une manière générale il a été noté que le premier et le troisième trimestre étaient les périodes les plus défavorables en termes de libido, au contraire du deuxième.
Durant le premier trimestre, suite à l’implantation de l’embryon dans la muqueuse utérine, le syncytiotrophoblaste (un des tissus d’origine embryonnaire et non maternel du placenta) commence à produire une hormone spécifique, la chorionique gonadotrope humaine, un stimulant de la production d’œstrogènes et de progestérone. Ces fluctuations hormonales peuvent altérer l’humeur, engendrer des sensations nauséeuses, des épisodes de fatigue intense, du stress, des problèmes digestifs, rendre les seins douloureux, autant d’éléments propres à perturber la libido et l’activité sexuelle. Néanmoins, certaines femmes vont connaître un boost de désir lors des trois premiers mois.
C’est au cours du second trimestre que les femmes ressentent le plus souvent une augmentation de leur énergie libidinale. Les taux de chorionique gonadotrope, après avoir atteint leur pic aux alentours de la sixième semaine, décroissent. Les nausées s’estompent jusqu’à disparaître complètement, un regain d’énergie se fait sentir et l’humeur se stabilise. Parallèlement, pour assurer le bon développement du fœtus, les niveaux d’œstrogènes et progestérone continuent de grimper. Les effets collatéraux de ces modifications se traduisent par un désir sexuel accru, une meilleure lubrification vaginale, une plus importante arrivée de sang dans la vulve, une sensibilité des zones érogènes plus aiguë, une intensification des sensations et du plaisir. Plusieurs témoignages font état de la découverte de l’orgasme vaginale et du phénomène d’éjaculation lors de ce trimestre.
Le troisième trimestre est de toute évidence le plus délicat à appréhender. Prise de poids, enflure des jambes et des pieds (œdèmes), fatigue chronique, douleurs musculaires, inconfort urinaire, apparition d’hémorroïdes, douleurs lors des rapports, font partie des conséquences possibles du développement du fœtus qui ne vont pas faciliter la vie sexuelle. Le désir n’est pas en cause, mais son expression est rendue difficile. Précisons que ces désagréments vont varier d’intensité suivant que ce troisième trimestre se situe pendant ou hors des épisodes de fortes chaleurs estivales.
Les activités sexuelles présentent-elles un risque pendant la grossesse ?
Sur le sujet tous les spécialistes de la question sont unanimes, l’activité sexuelle est possible pendant toute la période de gestation, du premier au dernier jour. Les femmes qui craignent qu’elle n’affecte la santé de leur bébé peuvent se rassurer car elle ne comporte aucun risque pour lui. Toutes les formes classiques de sexualité sont donc possibles dans la mesure où elles sont pratiquées avec le plein consentement de la future maman, et respectueuses de ses envies et ressentis.
Le coït vaginal.
S'agissant de la pénétration vaginale, il n’y aucune raison de redouter de possibles préjudices pour le fœtus. Le cervix, ou col de l’utérus, l’utérus et le liquide amniotique le protègent efficacement. Le seul problème concernant le coït vaginal peut provenir de certaines positions inconfortables pour la femme. Il revient donc aux partenaires de trouver les solutions adaptées à la situation et de faire appel à un sexologue si les difficultés persistent.
Le coït anal.
Aucune contre-indication si la femme enceinte n’a pas développé d’hémorroïdes, complication fréquente de la grossesse. Le cas échéant les problèmes engendrés par les poussées hémorroïdaires incluent irritations, inconfort, douleurs et saignements.
Plus que jamais il est essentiel que le pénis ou les sex-toys soient soigneusement lavés lorsque la sodomie est suivie d’une pénétration vaginale, afin de réduire au minimum les risques d’infection du vagin par des bactéries pathogènes.
Le sexe oral et la masturbation.
Hormis le respect des règles d’hygiène élémentaires, cunilingus et masturbation peuvent être pratiqués sans crainte.
Quid des pratiques à risque ?
Sadomasochisme, BDSM, shibari..., dans ces circonstances très particulières, il est évident que de nombreuses expériences peuvent s'avérer dangereuses pour la femme enceinte, notamment certaines pratiques de contention (menottes, suspensions, cordes) susceptibles d'entraver la circulation sanguine. Il est donc impératif de consulter sexologue et gynécologue et suivre scrupuleusement leurs recommandations.
Quand faut-il s’abstenir de toute activité sexuelle ?
- Lorsqu'il existe un risque de fausse-couche.
- Lors de la survenue de saignements vaginaux.
- Lorsque la poche des eaux est endommagée et qu’une fuite de liquide amniotique a été détectée.
- En cas de placenta praevia (quand le placenta ne s’est pas inséré dans la partie haute de la cavité utérine) qui augmente le risque d’hémorragies sévères au cours du troisième trimestre.
- En cas de travail prématuré, soit quand les contractions commencent à dilater le col de l’utérus avant la 37ème semaine.
En conclusion.
Il est bien naturel que les femmes s’inquiètent de la santé de leur bébé in utero. Cependant l’anxiété ne doit pas prendre une ampleur excessive réduisant à néant et sans raison la vie sexuelle du couple. Sauf si les consultations gynécologiques apportent des éléments montrant un risque pour l’enfant et/ou la mère, l’activité sexuelle est en tous points bénéfique. Pour nombre de femmes, la période de grossesse est propice aux découvertes de nouvelles sensations qui seront pour la suite de leur vie érotique riches d’enseignements. Les partenaires quant à eux trouveront l’occasion d’améliorer leur écoute des ressentis de madame.
Par ailleurs, il est important de souligner que le temps de la grossesse et du post-partum, s'il est principalement supporté par la femme, n'en demeure pas moins une expérience intense et très impliquante pour le couple. Durant cette période, il est essentiel que le père s'emploie à soutenir sa compagne, notamment en respectant les fluctuations de sa libido et en mettant provisoirement de côté ses propres envies et besoins.
La gestation est une étape sensible pas toujours simple à gérer, surtout pour les femmes primipares. Nombre d’interrogations assaillent les jeunes mères, notamment sur la sexualité. Si la chose est normale et commune, il n’est pas pour autant recommandé de s’en tenir aux conseils, souvent pleins de bonnes attentions, des parents et ami.es, et les meilleurs interlocuteurs restent les professionnels de la santé génésique, gynécologues et sexologues, il ne faut donc jamais hésiter à solliciter leur aide.
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