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L'addiction sexuelle peut aussi toucher les femmes

L'addiction sexuelle peut aussi toucher les femmes

S’il n’est pas aisé de comprendre ce qui différencie le ludique du pathologique, accepter sa condition d'addict et la combattre l'est encore moins.

L'addiction sexuelle peut aussi toucher les femmes

Libération ou addiction sexuelle.

Dans la culture populaire, la masturbation, le porno, les addictions sexuelles sont associés implicitement à la sexualité masculine. De façon symptomatique le débat sur la probité des conduites sexuelles met l’accent sur l’hypersexualité des hommes en occultant systématiquement l’aspect féminin du problème. 

"Lorsque l’on évoque la notion d’addiction sexuelle, d’hyper sexualité, de dépendance sexuelle, combien d’entre nous y associent spontanément l’image d’un homme ?" C’est la question qu'Hélène a posée quand nous avons commencé à parler de son histoire, douloureuse comme peuvent l’être les histoires d’enfermement dans les prisons de l’addiction, une histoire de femme en proie à des démons incontrôlables qui l’ont conduite à perdre pied.

Issue d’un milieu conservateur, catholique, Hélène a grandi dans un contexte familial sain et aimant. Si on y parlait très peu de sexualité elle ne se rappelle pas pour autant que les conversations relatives au sujet ait été teintées de pudibonderie. Cependant, elle souligne que ses masturbations de jeune fille ont toujours été accompagnées d’un énorme sentiment de honte. "Adolescente, j’ai toujours pris énormément de plaisir dans la masturbation mais j’ai aussi toujours été très honteuse de ça. Je crois d’ailleurs que j’ai cherché des situations érotiques ambigües, mêlant honte et plaisir parce que je ne savais pas séparer les deux."

Hélène se définit elle-même comme "ex-accroc au sexe". Elle confesse avoir passé des jours entiers à se caresser en regardant des films pornos, avoir eu des relations sexuelles non protégées avec des hommes qu’elle pouvait rencontrer au coin d’une rue et que son "insatiable envie de baiser" avait compromis de belles histoires d’amour. Elle reconnait que son addiction au sexe était devenue destructrice au fil du temps, occasionnant plus de malaises que de satisfactions. "J’ai souvent sacrifié des soirées entre amis pour des soirées où je savais qu’il y avait des opportunités sexuelles. J’ai tué dans l’œuf de multiples occasions de trouver l’amour parce qu’au fond de moi, je ne m'en sentais pas digne. Il m’est aussi arrivé de ne pas pouvoir me concentrer sur mon travail, tant le désir de sexe occupait mon espace cérébral."  

" Quand je me tape trois heures de porno dans la journée et deux mecs dans la soirée c’est un problème mais si je réduis à une heure de porno et un mec est-ce que c’est ok ?"  S’il n’est pas aisé de comprendre ce qui différencie le ludique du pathologique, accepter sa condition d'addict et la combattre l'est encore moins. "Je crois avoir tout tenté pour sortir de l’ornière ; séminaires, groupe de paroles, médiation et psychothérapie, mais à postériori je sais qu’il manquait le déclic et aussi la personne capable de prendre mon histoire au sérieux, à cerner mon problème d’un point de vue féminin."

Vers la quarantaine, Hélène a rencontré celui qui est aujourd’hui son mari, éducateur spécialisé dans les addictions. "Il m’a aidé à comprendre les fondements de mes tourments sexuels sans porter de jugement. J’ai appris à être honnête vis-à-vis de moi et des autres, de vivre sainement une relation, et petit à petit j’ai pu modifier mon approche de la sexualité." 

L’histoire d’Hélène n’est pas isolée et il est important de comprendre que les troubles du désir peuvent toucher tout un chacun, car leurs fondements ne sont pas précisément établis et aucun lien de cause à effet systématique n'a été mis en évidence. Le témoignage d’Hélène, qui estime avoir été élevée dans un environnement sain et aimant lui ayant permis de vivre une enfance heureuse, est à cet égard révélateur. Toutefois, comme le montre ce témoignage il semble que l'addiction sexuelle opère comme un moyen inavoué de se désengager des contraintes sociales en privilégiant l'euphorie de l'expérience sexuelle à la pénibilité du quotidien.


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