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La sexualité féminine, un eldorado commercial 1/2

La sexualité féminine, un eldorado commercial 1/2

Ignorée et dépréciée pendant des siècles, la sexualité féminine est depuis une cinquantaine d'années au centre de toutes les attentions. Mais derrière les discours bienveillants se cache une réalité foncièrement mercantile.

La sexualité féminine, un eldorado commercial 1/2

Une sexualité sous contrôle de l'industrie pharmaceutique.

À partir des années 60, alors que les femmes se défont peu à peu de leur état de dépendance sociale et morale, se profile l'espoir que leur soit reconnu le droit de disposer librement de leur corps et d'en jouir comme bon leur semble. Mais la libération sexuelle portera des fruits dont elles ne seront pas les principales bénéficiaires. Comprenant qu'il offrait de formidables perspectives commerciales, pharmaceutique, cosmétique et esthétique, investiront le champ de la sexualité féminine, usant de tous les stratagèmes marketing pour créer et distribuer une large palette de produits le plus souvent inutiles et parfois dangereux pour la santé. 

La pilule contraceptive.

En 1956 est commercialisée en RFA, la première pilule contraceptive. Jusqu'à lors les femmes se débrouillent comme elles le peuvent, abstinence et méthode Ogino, contrôle des températures, préservatif et coït interrompu. Toutefois aucune méthode n'est suffisamment fiable pour les autoriser à vivre sereinement leur sexualité. Les grossesses non désirées sont fréquentes et nombre d'entre elles se soldent par des avortements clandestins. Réalisés dans des conditions d'hygiène minimales, ils sont couramment suivis, d'infections, septicémies, hémorragies et décès. L'arrivée de la pilule est donc perçue comme la solution miracle qui va les affranchir des contingences néfastes de la sexualité.


La première plaquette de pilules contraceptives.

Bien que l'industrie pharmaceutique assure de la parfaite innocuité de la technique, la pilule est un perturbateur des biorythmes hormonaux qui bloque l'ovulation, modifie l'endomètre pour le rendre impropre à la nidation d'un œuf fécondé et/ou épaissit la glaire cervicale pour empêcher les spermatozoïdes de franchir le col de l'utérus. Mais en ce milieu de siècle, on se persuade que l'on peut à l'envi et sans conséquences modifier le fonctionnement du corps humain et de la nature. L'ère de la chimie toute puissante est née et le grand capital investit massivement dans cette industrie nouvelle à forte rentabilité. À partir des années 70, des voix s'élèvent pour dénoncer les effets toxiques des produits de synthèse et la pilule est mise sur la sellette. Pour les promoteurs de la contraception hormonale l'heure est au déni. S'inspirant de la stratégie des cigarettiers, ils multiplient les études scientifiques biaisées pour démontrer l'absence de lien de causalité entre pilule, prise de poids, crises acnéiques, saignements, thromboses, phlébites et cancers. Néanmoins, malgré l'efficacité de leur lobbying ils devront, à l'aube du nouveau millénaire, reconnaître la réalité : la pilule est nocive pour la santé. 

La vaccination.

Dans les années 70, le médecin allemand Harald zur Hausen émet l'hypothèse d'une relation entre l'infection au papillomavirus et le cancer du col de l'utérus. Le lien de causalité est formellement établi quelques temps plus tard et un pan de la recherche pharmaceutique se focalise sur la mise au point d'un vaccin. Le 8 juin 2006, la société Merck & Co propose à la commercialisation une première version de son Gardasil, puis en 2014 une deuxième, dite nonavalente, susceptible d'immuniser contre 9 des 200 génotypes du virus. Présenté à grand renfort de communication, le Gardasil est censé sauver la vie de millions de femmes. Si son efficacité et son innocuité sont rapidement mises en question, l'OMS ainsi que l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) font leur possible pour rassurer la population féminine. « Sans danger et très efficace » la vaccination est même recommandée pour toutes les filles âgées de 9 ans et plus. Alors qu'il y a tout lieu de douter de sa pertinence, que les cas d'affections du système nerveux se multiplient, les intérêts financiers supplantent ceux de la raison. Pourtant, le papillomavirus ne déclenche l'apparition de cellules cancéreuses que plusieurs années après avoir contaminé le col de l'utérus et il suffit d'un suivi gynécologique régulier pour le dépister et le combattre bien avant qu'il ne produise ses effets délétères.


Le Gardasil version quadrivalente.

En 2019, la bactérie chlamydia trachomatis entre dans le viseur des laboratoires. Généralement asymptomatique, elle peut provoquer, salpingite, stérilité et grossesses extra-utérines. Bien que le préservatif soit parfaitement adapté pour prévenir sa contamination, Robin Shattock, professeur à l'Imperial College London et co-auteur de l'étude préliminaire, a soutenu avec plusieurs de ses confrères la création d'un vaccin. 

S'il n'est pas question de nier l'utilité de la vaccination, nous pouvons nous inquiéter de sa généralisation à des maladies qu'il est possible de combattre autrement et des effets contreproductifs qu'entraîne la déresponsabilisation des comportements sexuels. Car la sécurité sanitaire est affaire de vigilance, de prise de conscience, de respect des précautions élémentaires et finalement d'éducation. Mais pour le business ce type de prophylaxie ne présente aucun intérêt.

L'accouchement programmé et sans douleur.

Au début des années 50, Fernand Lamaze, médecin et accoucheur, importe d'URSS une méthode révolutionnaire d'accouchement sans douleurs (ASD). Basée sur la théorie du conditionnement des réflexes, la technique nécessite une préparation spécifique qui demande le plein investissement des futurs parturientes. La clinique des Bluets, dans laquelle Lamaze met en œuvre l'ASD, est surnommée par les médias de l'époque « la maternité où l'on ne crie plus ». Pourtant cette méthode de préparation à l'accouchement, qui selon les témoignages donnait des résultats probants, ne fera pas révolution. Coïncidence ou pas, s'affine dans le même temps un autre procédé de neutralisation de la douleur, utilisant des produits anesthésiants, la péridurale. Popularisée dans les années 60 par Philip Raikes Bromage, elle s'imposera aux dépens des méthodes d'accouchement alternatives. Si personne ne doute de son efficacité et de son utilité en dernier recours, elle présente l'inconvénient majeur de déposséder les femmes d'une part importante de leur accouchement.


Le médecin Fernand Lamaze.

La péridurale s'inscrit dans un rapport froid et technique au corps féminin qui s'exprime à l'identique dans la parturition programmée. Pour des raisons d'optimisation, de planification, mais surtout de rentabilité économique, quantité de femmes se voient contraintes de mettre leur enfant au monde le jour où le corps médical l'a décidé. Alors que la nature sait très exactement pourquoi, quand et comment déclencher l'acte final de la procréation, l'obstétrique recourt à l'ocytocine de synthèse pour forcer l'effacement et l'ouverture du col de l'utérus, ou pire pratique des césariennes sans que cela ne soit justifié par une nécessité absolue.

Si l'industrie pharmaceutique s'est immiscée avec succès dans l'intimité féminine, celles de la cosmétique et de l'esthétique lui emboiteront le pas. Partageant la même ambition de contrôle et d'objectification du corps féminin, pour le rendre entièrement disponible et conforme aux attentes masculines, elles imposeront leur vision de l’idéal féminin et l’idée qu’il est synonyme d’intégration, de réussites sociale et amoureuse. Entériné par les médias, le cinéma et la pub, il induira les femmes à développer une anxiété de la conformité dont le marketing sera tirer le meilleur parti. 

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