La vasectomie, partager plus que le plaisir
La contraception masculine n'est plus taboue. De plus en plus d'hommes désirent s'impliquer dans la prévention des grossesses non désirées. C'est la marque encourageante d'un changement de paradigme social.

Implication et responsabilisation masculines dans le processus contraceptif.
La contraception est encore aujourd’hui principalement assumée par les femmes. La pilule étant la méthode la plus largement utilisée, bien avant le DIU (stérilet), les méthodes alternatives, Ogino ou Billings, les spermicides, implants et autres procédés hormonaux. La pilule est efficace. Son taux d’échec oscille autour des 5%. Néanmoins, on ne peut s’exonérer de mentionner que la responsabilité de l’échec contraceptif repose entièrement sur les femmes qui de surcroît prennent des risques pour leur santé. Aujourd’hui la réflexion sur la contraception ne peut plus faire l’impasse sur l’implication des hommes qui disposent d’au moins deux solutions fiables, l’andro-switch et la vasectomie.
La vasectomie, qui se base sur le principe de stérilisation, est aujourd’hui une intervention chirurgicale bien maîtrisée et quasiment indolore. Il s’agit de sortir les canaux déférents hors du scrotum, puis de les couper et ainsi bloquer le passage des spermatozoïdes. Pratiquée sous anesthésie locale, l’opération ne dure qu’une dizaine de minutes. Il existe plusieurs techniques de vasectomie dont une nommée vasectomie sans bistouri. Inventée en Chine en 1974, elle nécessite l’emploi de deux instruments spéciaux qui permettent de sortir les canaux déférents par une seule et petite ouverture réalisée au milieu du scrotum. Contrairement à la technique dite « classique », qui exige de pratiquer deux larges incisions, elle n’implique pas la pose de points de suture. On estime qu’ainsi les risques de complications, infections et saignements, sont réduits et que le patient récupère plus facilement.
Organisation de l'appareil génital masculin.
La stérilisation n’est pas opérante immédiatement après la vasectomie, les canaux déférents abritant de nombreux spermatozoïdes au-dessus de la zone d’intervention. Pour cette raison il est important d'éjaculer régulièrement et impératif d’utiliser un moyen de contraception pendant deux à trois mois. Passé ce délai la réalisation d’un spermogramme permettra de certifier la réussite de la stérilisation. On estime que la plupart des hommes vasectomisés sont reconnus stériles dès leur premier spermogramme. Dans de rares cas, un deuxième, voire un troisième test sera nécessaire. Il peut arriver que les canaux déférents se recanalisent spontanément, généralement dans les premiers temps suivant l’opération et parfois plusieurs années après. Il est donc conseillé de faire régulièrement contrôler la stérilité.
Les deux principaux procédés de vasectomie.
La vasectomie n’a que peu d’incidence sur l’éjaculation, les spermatozoïdes ne constituant que 2 à 3% de celle-ci. La plus grande partie du liquide éjaculé est produite par les vésicules séminales situées au-dessus de la prostate. Si les testicules continuent de produire des spermatozoïdes ils sont détruits par des macrophages au niveau de l’épididyme.
La vasectomie est dite très sécuritaire, c’est-à-dire que les complications afférentes à l’intervention sont relativement rares et bégnines. Malgré tout, peuvent survenir : des saignements, hématomes, infections, des douleurs testiculaires induites par une épididymite congestive ou un nodule cicatriciel sur les canaux déférents. Dans moins de 0,1% des cas les patients se plaignent de douleurs chroniques.
De multiple études conduites depuis une quarantaine d’années sur plusieurs milliers d’hommes ont permis de montrer que la vasectomie ne cause pas de problèmes de santé particuliers. La controverse qui a été soulevée au sujet de la relation entre cette dernière et le cancer de la prostate semble aujourd’hui résolue, la communauté médicale reconnaissant dans son ensemble que l’opération n’est pas un facteur de risque cancéreux.
La vasectomie ne perturbe en rien le désir et les activités sexuelles. L’érection n’est pas impactée, les sensations voluptueuses restent les mêmes et les vasectomisés éjaculent normalement. De plus, de nombreux couples font état d’une amélioration de la qualité de leurs relations intimes et ce pour plusieurs raisons. La décision de procéder à une vasectomie est généralement le résultat d’un dialogue constructif. L'implication et la responsabilisation de l'homme dans le processus de prévention de la fécondation renforcent la complicité du couple, ce qui est bénéfique pour sa sexualité. Par ailleurs délestés de l’anxiété d’une grossesse non désirée les partenaires peuvent s’autoriser un réel lâcher prise, un facteur déterminant dans la réussite de leur projet érotique.
Point très important, plusieurs études ont montré que la vasectomie ne prémunit pas de la transmission des IST et particulièrement du VIH. De fait en dehors de l’exercice d’une sexualité de couple le port du préservatif reste l’indispensable allié de la sécurité des rapports sexuels.
S’il existe actuellement une solution pour récréer la perméabilité des canaux déférents, la vasovasostomie, et donc envisager un retour à la fertilité, il est préférable de considérer la vasectomie comme une stérilisation permanente, car la vasovasostomie n’est couronnée de succès que dans la moitié des cas. Prenant en compte l'imprévisibilité de la vie, il est sage de prévoir une demande d'autoconservation du sperme.
Enfin, médecins, urologues et sexologues sont là pour vous conseiller et vous aider à prendre la bonne décision. N’hésitez jamais à leur faire part de vos questions, doutes et inquiétudes.
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