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Mesdames, simuler l'orgasme n'est pas une solution !

Mesdames, simuler l'orgasme n'est pas une solution !

Simuler l'orgasme, quelle femme ne l'a pas fait ? Les raisons de ce mécanisme psycho-sexuel très particulier sont diverses, mais toutes parlent d'une même problématique : l'absence de confiance et de communication au sein du couple.

Mesdames, simuler l'orgasme n'est pas une solution !

Ce que raconte la simulation de l'orgasme de nos vies sexuelles.

Les raisons pour lesquelles 54% des femmes déclarent avoir déjà au moins une fois dans leur vie simulé l’orgasme ne sont pas si nombreuses : rassurer le partenaire quant à ses performances et/ou l'amour qu'on lui porte, « passer sous silence » une réelle anorgasmie, un manque d’appétit pour la sexualité du plaisir, ou encore abréger des ébats rébarbatifs.

La dysfonction de la relation.

Quelles qu’en soient ses motivations, l’expression feinte de l’orgasme est révélatrice d’un dysfonctionnement de la relation sexuelle et d’une oblitération de la communication. La simulation dépasse donc le cadre de l’histoire personnelle des femmes pour s’inscrire dans celui du couple et de sa faculté à parler librement de sexualité. La communication serait, si l’on devait définir des priorités, l’instrument principal de la construction de l’univers érotique propre à chaque couple. Ce n’est qu’à la condition d’inventer des gestuels, des scénarios érotiques en adéquation avec leurs préférences, désirs et fantasmes que les partenaires trouveront la plénitude sexuelle. Accepter d’être sincère, de parler en toute franchise, en refusant l’autocensure au risque de déstabiliser ou choquer, sont les piliers de la compréhension mutuelle indispensable pour investir des territoires érotiques sur lesquels il sera possible d’expérimenter en toute sérénité et d’en jouir pleinement.

La mésentente sexuelle et la complexité de la sexualité féminine.

Dans son acception la plus globale, simuler l'orgasme n’affecte pas exclusivement celui-ci, mais la relation sexuelle dans son ensemble. Que les hommes aient tendance, de par leur faculté à déclencher facilement des orgasmes, à se contenter du minimum syndical est un fait qui ne peut en lui-même endosser toute la responsabilité de la mésentente sexuelle. La simulation est une non-communication, une communication des émotions biaisée qui pétrifie les comportements sexuels les moins à même d’ouvrir sur la volupté et l’orgasme. En laissant croire qu’il y a du plaisir là où il n’y a qu’ennui, les simulatrices créent leur propre cercle vicieux de démotivation érotique qui à terme peut se commuer en aphrodisie, une anorexie sexuelle marquée par une absence totale de désir. Alors que la simulation est, en règle générale, sous-tendue par la volonté de solidifier le couple, l’érosion du désir conduira inexorablement à l’évitement des activités sexuelles et finalement, à la possible désintégration de l’union. Sans qu’il soit intention de stigmatiser les femmes qui simulent, il est question d’apporter des éléments de réflexion susceptibles de modifier une attitude qui les dessert en premier lieu. 

En toute logique, si l’on retient l’évidente complexité de la sexualité féminine, on conviendra de la nécessité de communiquer des ressentis authentiques pour que le partenaire masculin comprenne ce qu’il doit ou ne doit pas faire. Effectivement si sa conduite est couronnée d’encouragements, alors qu’elle ne produit que des sensations désagréables, il lui sera impossible de trouver les bons gestes et le bon tempo. L’érotisme est un art qui se pratique à deux et dans lequel chacun doit s’engager avec un maximum de sincérité. À défaut, l’expérience ne peut que déboucher sur la déception, l’insatisfaction et au bout du compte créer une distanciation physique fatale à la survie du couple. 


La dictature de l'orgasme.

Simuler l'orgasme peut être aussi le corollaire d’une conception de la sexualité qui voudrait que sans orgasme l’expérience érotique soit nulle et non avenue. Cette idée qui tend à disqualifier les aventures sexuelles sans conclusion orgasmique recèle une part d’ineptie. Que l’instant du climax puisse être particulièrement puissant émotionnellement est une réalité, qu’il soit la condition sine qua none de la qualité des ébats amoureux est  une contre-vérité. En sacralisant une manifestation de la jouissance ne durant qu'une poignée de secondes, on néantise les sensations de la volupté, les émotions de l’excitation psychique, qui peuvent être goûtées dans toute leur plénitude, sans limite de temps. Par cette approche restrictive de la sexualité du plaisir nombre d’expériences érotiques sont perçues à tort comme des rendez-vous manqués et à la satisfaction se substitue la frustration. 

La dictature de l’orgasme qui impose la poursuite d’un objectif unique, est apparue dans le sillage de la mise en évidence et reconnaissance de la disparité orgasmique entre hommes et femmes. Avec l’émergence du féminisme, les débats sur la sexualité du plaisir se sont focalisés sur cette iniquité devenu insupportable. Le constat n’est pas discutable et le désir féminin d’orgasme est légitime. Cependant, la recherche d’une parité orgasmique repose sur le postulat, rarement mis en examen, de l’indéfectible intensité de l’orgasme masculin. Or, cette assertion, qui a présidé à l’établissement de l’orgasme comme référent central de l’accomplissement érotique, est passablement erronée. À la source de cette méprise, la confusion entre l’éjaculation et l’orgasme, le visible et le ressenti. Contrairement à ce que sa manifestation suggère, les sensations qui accompagnent l’éjaculation ne sont pas monolithiques et peuvent être aussi grandioses qu’insignifiantes. De fait il est irrationnel d’accorder à l’orgasme une fonction autre que celle de mettre un terme momentanée aux ébats et de s’y référer pour juger de la réussite du projet érotique.


Un rapport délétère à la norme. 

Si la jouissance simulée renvoie à un dysfonctionnement de la relation sexuelle, nous devons reconnaître qu’aujourd’hui s’impose aux couples l’obligation d’avoir une vie sexuelle épanouie qui n’est pas sans effet sur la perception de la normalité orgasmique. Conséquemment on peut envisager que simuler l'orgasme tienne parfois lieu de pis-aller. Faute de mieux on fait semblant pour se persuader d’une plénitude sexuelle et faire valoir, quitte à mystifier, que l’on est dans la norme. Marqueur de réussite sociale, l’épanouissement sexuel est devenu une quête obsédante qui déplace les enjeux de la sexualité sur le plan de la rentabilité. La sexualité a acquis une fonction référentielle, on souhaite jouir non plus uniquement pour les émotions qui en découlent, mais parce qu’il est important de situer son couple dans une conformité. 

Un défaut d'éducation érotique.

La simulation n’est, hormis dans le cas d’une anorgasmie pathologique, que le résultat d’une mésentente sexuelle entretenue par un défaut de communication. Toutefois pour avoir des rapports de bonne qualité il ne suffit pas de le souhaiter. L’érotisme se travaille et s’apprend. Personne n’est doué spontanément pour la chose. Tout comme il serait absurde de prétendre devenir d’excellents.es artistes plasticiens.nes sans se confronter inlassablement à la matière, il l’est tout autant de croire que la maîtrise érotique surgira ex nihilo. S’il existe pléthore de magazines qui proposent leurs conseils, rarement ouvrent-ils sur une initiation conforme au bon développement de la fonction érotique. Ce n’est pas en martelant qu’un rapport doit durer tant de minutes, que telle position mène immanquablement au septième ciel, en faisant promotion de la sodomie ou du libertinage, en standardisant l’intimité sexuelle et invitant au psittacisme gestuelle que les couples peuvent avancer sur le chemin de la complicité érotique. 

Une absence de recours aux sexologues.

Enfin, la simulation orgasmique devrait toujours inviter à une réflexion personnelle, car en tout état de cause elle est symptomatique d’un dysfonctionnement de la sexualité et/ou de la communication qui porte les ferments de la dissolution de l’union. Que toutes les situations de couple ne se prêtent pas à l’ouverture de discussions libres ne doit pas occulter la possibilité d’une entrevue sexologique. Parce que les professionnels de la santé sexuelle sont formés pour répondre à tous les questionnements et qu’ils ont les outils permettant de recouvrer une qualité de rapports sexuels, il est toujours profitable de recourir à leurs conseils. Toutefois, faire appel à un sexologue n'est pas entré dans les mœurs curatives de tout un chacun. La peur d'être jugé, d'exposer son intime sexuel font que peu de femmes en difficulté osent s'engager dans une démarche thérapeutique. 

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