Papillomavirus (HPV) chez l'homme

Infections à HPV, les hommes aussi.
Les virus HPV ne touchent pas seulement les femmes, ils sont également à l'origine de lésions bénignes ou cancéreuses chez l'homme. Dans 96% des cancers de la marge anale (contours externes de l'anus), on retrouve la présence de HPV, comme dans 33% des cancers du pénis. Selon le Dr Methorst, urologue, ancienne cheffe de clinique des hôpitaux Sud à Marseille, les condylomes qui sont des verrues génitales ou "crêtes de coq", sont dûs à des HPV non oncogènes. Mais à partir du moment où un patient en est porteur, le risque qu'il ait aussi été infecté par un HPV oncogène est beaucoup plus élevé, multiplié par 21 pour le cancer anal, par 8 pour le cancer du pénis et par 3 pour les cancers de la gorge. Plus rares, les cancers de la marge anale et du pénis ont toutefois augmenté de 20% entre 1979 et 2009(1).
Description, contamination et manifestations des HPV chez l'homme.
Le Virus du Papillome Humain (HPV) est un virus à ADN de la famille des Papillomaviridae. Il existe environ 200 génotypes différents de papillomavirus dont seulement une centaine est séquencée. Ses manifestations sont différentes selon qu'il se développe chez la femme ou chez l'homme mais pour l'un comme pour l'autre, il est fréquent qu'il passe totalement inaperçu et soit donc diagnostiqué tardivement.
Comment les hommes sont-ils infectés par le HPV ?
Les hommes peuvent contracter le HPV de la même façon que les femmes : par contact direct ou indirect intime, peau contre peau et/ou sexuel. Le virus peut se propager lors de rapports sexuels anaux, vaginaux ou oraux, que ce soit avec un membre du sexe opposé ou avec un autre homme. Le HPV peut rester en sommeil dans le corps d'un homme. Il peut donc être difficile de déterminer exactement quand ou par qui l'infection à papillomavirus a été contractée. Même si un homme est asymptomatique (c'est-à-dire qu'il n'y a aucun symptôme visible), il peut toujours transmettre le virus à sa ou son partenaire.
L'infection à HPV chez les hommes peut disparaître sans intervention médicale, généralement dans les deux ans. En fait, 90% de toutes les infections à HPV chez les hommes comme chez les femmes ne causent aucun problème car elles sont généralement éliminées par le système immunitaire. Il convient de souligner que le virus disparaît plus facilement chez les hommes que chez les femmes.
Symptômes du HPV chez l'homme : indicateurs et facteurs de risque
La plupart des hommes qui contractent le HPV ne développent jamais de symptômes et l'infection disparaît généralement d'elle-même. Cependant, s'il ne disparaît pas, il peut causer des verrues génitales (condylomes acuminés) ou certains types de cancer. Chez les hommes, les verrues peuvent apparaître sur le pénis, les testicules, l'anus (dans ou autour de celui-ci), les cuisses et/ou l'aine.
Ces verrues, totalement indolores, peuvent être groupées ou singulières, plates, surélevées ou en forme de choux-fleurs. Dans certains cas, comme par exemple chez les hommes qui ont des relations sexuelles orales avec d'autres hommes, les verrues peuvent apparaître à l'arrière de la gorge. Il faut parfois des semaines, voire des mois après un rapport sexuel contaminant avant que les condylomes n'apparaissent.
Des études montrent que les hommes et les femmes partagent les mêmes risques de contracter le HPV, le risque étant plus important chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels. Le tabagisme et la consommation d'alcool sont d'autres facteurs de risque.
Selon l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), la consommation de tabac, y compris les cigarettes, les cigares, les pipes, le tabac à chiquer ou le tabac à priser, est le principal facteur de risque de cancer de la tête et du cou. En outre, trois facteurs de risque augmentent le risque de contracter le HPV chez les hommes, à savoir :
- un système immunitaire faible en raison d'une transplantation d'organe ou d'une infection par le VIH ;
- des relations sexuelles avec d'autres hommes.
De nombreuses études récentes auraient également évoqué le rôle protecteur, bien que partiel, de la circoncision, contre les HPV et le HIV.
Complications liées au HPV chez l'homme.
Il existe une trentaine de types de papillomavirus à risque élevé pouvant entraîner des complications graves, notamment le cancer de l'anus ou du pénis. Ceci est généralement rare chez les hommes en bonne santé, toutefois, les homosexuels et bisexuels sexuellement actifs présentent un risque 17 fois plus élevé de contracter un cancer de l'anus que les hommes hétérosexuels. Ils sont aussi plus susceptibles de développer un cancer du pharynx que les femmes.
Traitements du HPV chez l'hommes.
Étant donné qu’il n’existe aucun traitement curatif contre le virus du papillome humain lui-même, la plupart des traitements contre cette maladie ciblent les principaux symptômes, à savoir les condylomes. Le plus souvent, ce sont les crèmes qui sont prescrites, bien que certains médecins puissent recommander de retirer ou de cryogéniser les verrues par voie chirurgicale. Certains médecins découragent le traitement précoce des verrues, attendu qu'elle peuvent ne pas toutes apparaître en même temps. Traiter une verrue dès son apparition peut donc s'avérer inutile si d'autres surviennent quelques jours plus tard, car il faudra alors procéder à une autre élimination.
Le HPV et le couple.
Au sein du couple, la question de la fidélité du/de la partenaire peut à tors être soulevée en cas de découverte de l'infection à HPV, comme cela peut être le cas d'autres infections sexuellement transmissibles. Mais le virus ayant pu être contracté de nombreuses années avant la manifestation des symptômes, il est généralement impossible de dater avec certitude le moment où l'on a été contaminé ou par qui. Le HPV ne doit donc pas être considéré comme un signe d’infidélité dans le couple puisqu'il n’y a aucun moyen de déterminer qui est à l’origine de l’infection.
Que faire en présences d'une infection à HPV ?
Il n'existe aucun moyen pour l'homme de savoir s'il est porteur asymptômatique du virus, seule l'apparition de condylomes lui indiquera la présence de la maladie. L'unique prévention est donc la surveillance des zones à risque, anus, pénis, scrotum et gorge. En cas de doute sur l'aspect d'une anomalie constatée, il est impératif de consulter son médecin, généraliste, dermatologue ou urologue.
En présence d'un papillomavirus, il est recommandé de suspendre toute relation sexuelle jusqu'à disparition des symptômes car le préservatif, masculin ou féminin, ne protège pas contre l'infection à HPV. En effet, la petite taille du virus (55 nm) lui permet de traverser la barrière physique de latex ou de polyuréthane.
En résumé, l'infection à HPV a de tous temps été présente chez la quasi totalité des hommes et des femmes sexuellement actifs. Dans 90% des cas, le virus est éliminé spontanément par le système immunitaire sans qu'on s'en rende compte, lorsqu'il persiste, il existe des moyens simples et efficaces d'en traiter les symptômes, responsables de la contamination.
1 - Site urofrance.org - communiqué de presse : HPV, un virus en cache un autre.
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