Angleterre : de nouvelles disposition contre la culture porno

Au Royaume Uni, de nouvelles dispositions seront prises pour lutter contre la culture porno.
Certains d’entre nous se rappellent l’émotion suscitée par la découverte d’une pile de revues bien cachée sous le lit de leur grand frère. Des magazines remplis de femmes nues en talons aiguilles, souriantes, dévoilant qui un bout de sein, qui un généreux fessier, qui quelques poils pubiens. C’était le temps du “porno à papa”, une époque révolue, bien loin derrière nous.
Aujourd’hui, le porno est devenu une industrie et ses productions ont envahi nos écrans, notre vie. L’accès aux contenus pornographiques est rendu si simple que tout un chacun peut à l’envie, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, “voir du cul”. Le problème est que ce "tout un chacun" inclut aussi nos enfants. Les dernières études ont montré que la moitié des ados entre 11 et 16 ans s'adonne à la pornographie et les conséquences en sont dramatiques car la pornographie de ce siècle, basée sur la violence et la réification des corps, leur donne le sentiment que la soumission, la brutalité, l'humiliation, la dégradation, la douleur sont des composantes normales de l’acte sexuel. Devons-nous nous étonner dès lors, que les ados garçons aient du mal à comprendre le concept de consentement quand le modèle qui leur ait proposé ne parle que du contraire ? Et devons-nous jouer les vierges effarouchées devant ces jeunes filles obligées de porter des shorts sous leurs jupes pour tenter d'échapper au harcèlement sexuel qui s'est banalisé dans les cours d'école ?
Dans ce contexte de plus en plus malsain, l’obligation qui sera faite aux consommateurs anglais de prouver qu’ils sont majeurs pour entrer sur un site porno est donc salutaire. Matt Hancock, secrétaire d'état du numérique, a déclaré devant la Chambre Des Communes que le Royaume Uni allait se doter d’un système de protection des enfants contre la pornographie unique au monde. Les sociétés qui voudront diffuser des contenus pornos seront soumises à des règles très précises et se verront bloquées si elles ne les respectent pas. Pour accéder aux sites pornos, les utilisateurs devront montrer patte blanche en donnant les coordonnées de leur carte bancaire et en s’acquittant d’une petite redevance. Bien sûr cette dernière laissera des traces sur les relevés de compte, ce qui devraient faire réfléchir les consommateurs impénitents.
Est-ce le retour de l’état paternaliste ou la création d’un état liberticide ?
Est-ce que le gouvernement britannique veut encourager les citoyens à modifier des comportements sexuels qu’il juge non conformes à la morale ? Certainement pas. Il s’agit avant tout de protéger les enfants et pour ce faire, il n’y pas d’autre solution que d’imposer aux pornographes quelques contraintes.
Le porno est nuisible. Désolé pour ceux qui aiment ça et qui s’en servent pour pimenter leur vie sexuelle, mais les preuves sont là. L’année dernière, Porhub a reçu 23 milliards de visites. Cela pourrait être une bonne chose si les contenus diffusés présentaient des hommes et femmes passant ensemble d’agréables moments érotiques. Mais ce n’est pas le cas. Les recherches les plus courantes sont "cris et douleurs", "gang bang extrême et brutal", "agression nocturne" etc…
S'il est tout à fait concevable que la plupart des amateurs de ce type de vidéos soient des partenaires aimants parfaitement intégrés dans le tissu social, le contraire est tout aussi envisageable. Beaucoup d’hommes addicts de pornographie extrême ont détruit leur mariage, perdu leur travail et même parfois se sont tellement désocialisés qu’il se sont retrouvés à la rue. Le porno détruit les femmes mais aussi les hommes et induit des changements sociétaux inquiétants.
Tim Berners-Lee, l’un des inventeurs du World Wide Web (www) qui parlait du web comme d’une plateforme permettant à chacun, où qu’il soit, de partager de l’information et de collaborer au-delà des frontières géographiques et culturelles, ne se doutait sans doute pas que son projet ferait du Net un territoire pestilentiel. Bien sûr les lois qui nous protègent des agressions réduisent forcément nos libertés et dans le cas présent ce doit être le prix à payer pour préserver nos enfants de l’agression pornographique.
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