Bangladesh : les hackers sur la sellette

Au Bangladesh, la police propose des ateliers aux adolescentes pour les aider à se protéger des prédateurs qui sévissent sur le net.
Au Bangladesh, la prolifération des smartphones et des réseaux sociaux s’est accompagnée, comme partout dans le monde, d’une recrudescence des cas de harcèlement sexuel et ransomware. Cependant, dans ce pays très conservateur, une photo un peu osée qu'un hacker menace de divulguer suffit à contraindre une victime au silence.
Le problème a pris une telle ampleur que la police a décidé de créer des ateliers d’initiation aux dangers du web à destination des adolescentes qui représentent plus de 70% des cas de harcèlement et tentatives d’extorsion de fonds. Peu d’entre elles se doutaient qu’il soit possible de se faire agresser et rançonner via les réseaux sociaux et beaucoup l’ont appris à leurs dépens. Il faut dire que les cybercriminels ne manquent pas d’imagination, d’audace et de talents pour le piratage informatique. Très souvent, ils réalisent des photo-montages compromettants à partir de clichés de pornstars dénudées dont ils remplacent le visage par celui de leur victime.
Le but des ateliers est avant tout d’enseigner à ces adolescentes particulièrement fragiles l’art de déjouer les pièges tendus par les hackers. Apprendre à examiner minutieusement un profil Facebook avant d’accepter une invitation, savoir démasquer un faux profil, ne pas divulguer d’informations trop personnelles. Harunur Rashid, ministre des Technologies et de l’Information, a souhaité que la formation prenne en compte le fait que la plupart des filles, ne sachant pas qui peut venir à leur secours en cas d’agression, finissent en désespoir de cause par céder au chantage des criminels. Après le stage, elles savent qu’elles ne sont pas seules, que la police est là pour les écouter, recevoir leur plainte et les aider.
Depuis 2002, chaque année le Bangladesh connait une croissance à deux chiffres de son nombre de connectés. Il y a donc un besoin urgent d’information et de formation quant à la bonne utilisation du net et de ses dangers potentiels. Ceci est d’autant plus vrai dans un pays où l’éducation sexuelle est plus que rare, rendant les jeunes Bangladaises particulièrement vulnérables car particulièrement naïves.
En 2013, le Bangladesh a inauguré un tribunal spécialisé dans le cybercrime. Quelques centaines de cas ont été jugés, dont certains très épineux du fait de leur caractère communautaire. Si la machine judiciaire est en marche, les officiels concèdent que le manque de personnel, l’inadaptation des lois à la cybercriminalité et la réticence des victimes à porter plainte permet encore à nombre de hackers de passer à travers les mailles du filet.
En attendant que le système répressif n’atteigne sa pleine maturité, il faut espérer que les conseils prodigués par la police portent leurs fruits et permettent aux jeunes Bangladaises d’utiliser les services du net en toute sécurité.
{reply-to}{comment}{status-info}
Poster un commentaire