Sphère sociétale

Ce que nous dit le court-métrage "Je suis ordinaire" du viol conjugal

Ce que nous dit le court-métrage "Je suis ordinaire" du viol conjugal

Ce que nous dit le court-métrage

Le viol conjugal, une violence sexuelle ordinaire.

Beaucoup pourraient arguer la zone grise du consentement, alors que la réponse de la jeune femme aux avances de son conjoint est pourtant claire : "Non, j'ai pas envie là..." puis face au chantage affectif de ce dernier : "Quoi tu m'aimes plus, c'est ça ?", elle justifie son refus : "Mais non, c'est juste que je viens de sortir de la douche, que je suis fatiguée, voilà j'ai pas forcément envie de..." 

En France, le viol conjugal est condamné depuis seulement 1990, et la conjugalité considérée comme circonstance aggravante depuis 2006. En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de violences physique et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, est estimé à 219 000. L’auteur de ces violences est le mari, concubin, pacsé, petit-ami ; ancien ou actuel ; cohabitant ou non, révèle stop-violences-femmes.gouv.fr .

Chloé Fontaine :  "Si rien ne vous choque, c'est que vous êtes l'un des deux." 

Une scène ordinaire du quotidien d'un sympathique jeune couple. Perspective d'une petite soirée vidéo sous la couette ? D'un moment privilégié d'intimité câline ? On pourrait le croire, jusqu'au moment où s'invite une sourde violence, une effraction psychique et physique, un viol conjugal. Lui, hermétique au non-consentement de sa partenaire lui donne ce choix binaire : soit elle a envie, soit elle ne l'aime plus. Elle, en état de sidération psychique, ne bouge plus, ne parle plus, le regard dans le vide pendant et après le viol. On imagine le lendemain, les lendemains d'une femme dissociée, préparant le petit déjeuner des enfants, allant travailler, prenant un verre en terrasse avec des amies, comme si de rien n'était. Puis toutes les autres circonstances où se reproduira la même scène, parce qu'elle se reproduira, encore et encore. Violence  étouffée, "consentie" dirons certains.es. Si rien ne vous choque, vous pourriez vous-même être victime de violences sexuelles conjugales sans en avoir vraiment conscience. Ou bien vous pourriez être cet agresseur en totale cécité émotionnelle qui ne voit vraiment pas (ou ne veut pas voir) où est le problème.

Toutes ces femmes qui cèdent aux avances de leur conjoint, pour la pléthore de raisons que l'on connaît et dont la gradation à large spectre va du chantage affectif à la violence physique, sont violées, jour après jour, dans l'indifférence d'une société sous emprise des nombreux mythes sur le viol, dont le "vrai viol" qui exclut de fait le cadre marital. Même s'il est arrivé à tout le monde qu'un jour, un rapport sexuel soit en quelques sortes concédé, il n'en demeure pas moins que sans un plein consentement, un consentement enthousiaste et actif, tout acte de pénétration sexuelle posé en dehors de ce contexte est un viol ou s'en rapproche dangereusement. Le viol conjugal, dans sa forme "soft", tel qu'il est représenté dans ce court-métrage, en est le parfait exemple. 

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