Sphère sociétale

Coronavirus, confinement total et violences conjugales.

Coronavirus, confinement total et violences conjugales.

Coronavirus, confinement total et violences conjugales.

Nous étions nombreux à attendre fébrilement l’allocution du Président Macron ce lundi 16 mars 2020 à 20h.

Sans surprise, nous apprenions, en ce début de phase 3 de l'épidémie de coronavirus, que des mesures drastiques, « les plus strictes d’Europe », seront imposées par le gouvernement pour ralentir la propagation du Covid-19, « épargner des vies » et alléger ainsi la charge d’hôpitaux déjà étranglés depuis près de 15 ans par des choix de réformes aberrants que médecins et soignants.es n’ont eu de cesse de dénoncer. Il y va de notre survie, « Nous sommes en guerre », a répété tel un mantra Emmanuel Macron aux 35,3 millions de téléspectateurs français, un record d’audience absolu. Un discours qualifié « d’infantilisant et creux » par Olivier Besancenot, de « rhétorique guerrière inutile » pour le secrétaire national d'Europe écologie les Verts Julien Bayou, des mesures de « confinement flou » pour Olivier Faure, patron du Parti Socialiste, et Fabien Roussel du Parti Communiste… Ici et là, on pointe l’amateurisme, les injonctions contradictoires et l'incompétence d’un gouvernement dépassé par une situation qu’il n’a pas daigné prendre à bras le corps alors qu’il en était encore temps. Mais quoi qu’il en soit la messe est dite, on ne réécrira pas l’histoire de cette guerre sanitaire qui n’a d’ailleurs pas commencé en janvier 2020.

Confinement total, mieux vaut tard que jamais !

Désormais, le temps est à l’application de ces « décisions exigeantes » qu’annonçait EM sur son compte Twitter dans l’après-midi du 16 mars, et à la mise en place d’un durcissement des mesures de confinement snobées par un grand nombre de Français désinvoltes, flânant par centaines dans les parcs au lendemain des recommandations du 1er ministre Edouard Philippe de limiter les déplacements au strict nécessaire.


#ConfinementTotal : Emmanuel Macron n’aura pas prononcé ces mots lors de son allocution, pas une fois, nous y sommes pourtant en depuis le mardi 17 mars 12h00. Désormais, les recommandations à ne pas faire sont des interdictions de faire, à quelques tolérances près, des exceptions dont nous sommes tenus de déclarer « sur l’honneur » la nature après avoir téléchargé, imprimé et dûment rempli l’attestation de déplacement dérogatoire mise à disposition sur https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus. Civisme et responsabilité sont de rigueur et le message de Christophe Castaner est clair : #RestezChezVous ! Mais si une majorité est en capacité de se conformer aux exigences d’une mesure de confinement général, n’a-t-on rien oublié ? Ou plutôt n’a-t-on oublié personne ?

Les grands oubliés du confinement total : les femmes et enfants victimes de violences conjugales.

Marlène Schiappa aura beau rappeler les dispositifs en place pour aider les victimes de violences conjugales dont on connaît par ailleurs les lacunes en temps normal ayant conduit dans un grand nombre de cas, à ce décompte macabre de 151 féminicides pour l’année 2019, il est à craindre que les violences domestiques explosent alors que victimes et agresseurs seront confinés ensemble 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 pour une durée indéterminée.

Alors que les forces de police et de gendarmerie sont massivement réquisitionnées pour faire respecter les consignes du gouvernement et verbaliser les contrevenants, Marlène Schiappa rappelle sans rougir que, confinement ou pas, « l’éviction du conjoint violent doit être la règle ». Alors que la ligne d'écoute 3919 seulement accessible de 9h à 22h en semaine et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés sera, certes maintenu mais « réduit pour protéger au mieux les écoutantes du virus et respecter les consignes ». Alors que l’hôpital,  «  lieu-clé pour la prise en charge de ces femmes, en premier lieu dans les services d’urgence et les services gynéco-obstétriques. » voit ces mêmes services engorgés par le déferlement de malades infectés au Covid-19, comment ne pas craindre le pire ?

Si l’attestation mentionne la nécessité de déplacement pour la garde d’enfants, s'appliquant aux mères en danger comme aux ex-conjoints violents, l’option de danger imminent au sein du foyer en est absente.


Par ailleurs, comment imaginer qu’une victime en danger imminent, ait la possibilité, l’occasion ou même le temps de se rendre sur le site du gouvernement pour télécharger, imprimer et remplir ce document ? Mais dans le cas contraire, pourquoi ne pas avoir pensé à proposer aux femmes victimes de violences, une option leur permettant une prise en charge immédiate par les forces de l'ordre ? S’il semble évident que cette situation constitue un cas de force majeure, ni le président Macron, ni le 1er ministre, ni le ministre de l’Intérieur, pas même Marlène Schiappa en charge du ministère ad hoc, ne l'ont évoquée. 


Vers un scandale sanitaire ?

Après avoir relativisé, voire nié la dangerosité du covid-19 pendant plusieurs semaines. Après avoir autorisé l’entrée de 3 000 supporters italiens sur le territoire français pour un match de foot quand l'épidémie faisait rage dans le nord de l'Italie. Après avoir négligé de mettre en quarantaine les militaires de la base de Creil revenus de Wu Han. Après avoir maintenu obstinément le premier tour des élections municipales alors que la ministre de la santé, Agnès Buzin avait alerté l'exécutif de la nécessité d'un report, le gouvernement entend combattre l’épidémie avec une attestation, un document déclaratif donc à la valeur relative passant de mains en mains, inutile et absurde. En effet, les premiers piétons et automobilistes controlés le signalent : les policiers qui les ont arrêtés pour vérifier leur attestation ne portaient ni gants ni masques !

Une fois encore, les femmes et les enfants victimes de violences sont laissés sur le bord du chemin, par la force des choses (guerre sanitaire oblige) et la velléité d'un gouvernement plus enclin à la course au pouvoir qu'à la protection des plus vulnérables. Dans une interview accordée au journal Le Monde, Agnès Buzin confiait avoir pleuré à son départ du ministère, sachant que la vague du tsunami était devant nous, estimant que les élections municipales n’auraient pas dû avoir lieu et que le coronavirus ferait « des milliers de morts ».

Mais qu'en sera t-il des victimes collatérales épargnées par le virus, mais qui auront succombé aux coups de leur conjoint durant cette période de confinement ? Hélas à la fin, la France comptera ses morts et #NousToutes, ses féminicides.




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