Harcèlement sexuel à l'école : il faut agir.

Si d’une manière générale le harcèlement sexuel est inacceptable, il l’est encore plus en milieu scolaire.
Nous serions en droit de penser le sein de la noble institution comme un sanctuaire naturel et inviolable de l’enfance, un lieu privilégié exempt de violence. Mais ce n’est pas possible. Les cours d’école ne sont plus des aires jeux où résonnent les rires innocents mais des espaces où les cris étouffés des victimes de harcèlement se noient dans l'indifférence générale. Les filles n'y apprennent plus à jouer à la marelle mais à subir les débordements libidineux de leurs camarades masculins. Difficile de connaître très exactement la proportion d’entre elles qui a subi des violences de type sexiste. Il n’est pas toujours simple de confier ce que l’on vit quand on est enfant. Quoi qu’il en soit, les différentes enquêtes révèlent, en France mais aussi dans la quasi-totalité des pays occidentaux, une tendance à l’expansion du phénomène.
Le harcèlement sexuel n’est pas un fait nouveau.
Déjà dans les années 1920, les dames redoutaient les "frotteurs" qui sévissaient dans les transports en commun. Le fléau prit une telle ampleur qu'il fût envisagé de créer dans les rames de métro des compartiments dédiés aux femmes. Un siècle plus tard, la problématique est toujours d'actualité et si nouveauté il y a, elle tient à la nature des harceleurs, pour certains à peine pubères, et à la multiplicité des agressions. Les nouvelles technologies, n’en doutons pas, concourent à l’émergence des conduites déviantes. La pornographie et son message toxique envahissent les écrans des smartphones. Un quart des garçons a été en contact avec son premier matériel pornographique avant l’âge de 12 ans et il est alarmant de constater que leur référence en matière de relation sexuelle prend la forme d'un homme brutal prêt à assouvir ses pulsions sans marquer aucun égard pour ses partenaires. Ce qui hier était considéré comme hardcore, réservé à un public "d’initiés", est aujourd’hui à la portée immédiate de tout un chacun et notamment de nos enfants. Les contenus, d’une violence extrême, qui exposent les femmes comme des objets sexuels sans âme tout en banalisant les attitudes masculines hyper sexualisées, doivent interpeller. Les commentaires avilissants qui y sont associés et l’absolue misogynie du genre ne peuvent que concourir à dégrader l’estime que les jeunes garçons ont des jeunes filles.
Il est temps d’agir.
Serait-il techniquement compliqué d’exiger la présentation d’une pièce d’identité ou d’une carte de crédit pour accéder aux sites pornos ? Le pouvoir politique ne peut-il pas mettre la pression sur les hébergeurs afin qu’ils engagent des moyens techniques au service d’un contrôle plus strict des contenus diffusés ? L’idée n’est pas d’interdire la pornographie mais d’encadrer sa diffusion. Il serait absurde de ne voir la solution du problème que sous l’angle de la censure.
L’éducation doit aussi jouer un rôle dans la promotion d’attitudes respectueuses envers les femmes et plus globalement envers le genre humain. En matière d’érotisme et d’éducation à la sexualité, tout reste à faire. Nous sommes coupables nous, adultes, de laisser le soin à l’industrie pornographique d’éduquer nos enfants, coupables en tant que parents. Lesquels d’entre nous sont réellement au fait de ce que l’on trouve en libre accès sur le net ? Coupables en tant qu’éducateurs. On aimerait voir l’Éducation Nationale monter au créneau, mettre en place de vrais et sérieux cours d’éducation à l’érotisme et la sexualité. Quand la pornographie fait du consentement un accessoire, l’éducation doit le remettre au centre du processus érotique. Quand la pornographie propose un érotisme monochrome, l’éducation se doit d’en montrer la luxuriance, la diversité. Quand la pornographie ne sait même plus écrire le mot amour, l’éducation doit faire comprendre qu’il est un ingrédient indispensable de l’alchimie érotique.
Nous devons convaincre nos enfants que le harcèlement sexuel et la contrainte ne sont en aucun cas acceptables, les encourager à se mettre en valeur les uns les autres et leur enseigner que le consentement, l’enthousiasme mutuel, sont les bases requises pour construire une belle et saine vie relationnelle.
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