Sphère sociétale

Harcèlement, discrimination et violences machistes, comment en sortir ?

Harcèlement, discrimination et violences machistes, comment en sortir ?

Harcèlement, discrimination et violences machistes, comment en sortir ?

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez les hommes ?

Qu’est-ce que les hommes ne comprennent pas, ou de quoi ont-ils peur ? L’affaire Weinstein va-t-elle enfin sonner le glas de l’omertà qui entoure depuis bien trop longtemps le harcèlement sexuel dont les femmes sont majoritairement victimes ? On l’espère, mais rien n’est moins sûr. Les plaintes portées par des personnalités médiatiques ont ouvert la porte à une vague de révélations touchant non seulement l’industrie cinématographique mais plus largement le monde du commerce, de l’art, du sport et de la politique. La déferlante pourrait gagner en puissance et ébranler définitivement les fondations de la loi du silence, si tant est qu'à la libération de la parole des femmes s'ajoute celle des hommes qui ne se reconnaissent pas dans la masculinité agressive. 

La guerre contre le harcèlement sexuel nécessite une mobilisation générale.

Dans le monde de l'art, 2 000 personnes ont signé une lettre de protestation contre le harcèlement sexuel. Le photographe Terry Richardson, qui a travaillé avec des géants de la mode comme Hugo Boss, Gucci ou encore Sisley, s’est trouvé sous le feu des projecteurs suite aux accusations de quelques top modèles. L’industrie du disque n’est pas épargnée par ce fléau, pas plus que le milieu politique. Un flot de confidences prenant des airs de tsunami ébranle le patriarcat machiste obsolescent et on ne peut que s’en réjouir. Mais tout n’est pas gagné car passé l’emballement médiatique que l’on craint éphémère, que restera-t-il des déclarations de bonnes intentions ? 

Quand certains pensent que nous avons atteint un point de non-retour et que les choses ne seront plus jamais comme avant, d’autres plus pragmatiques s’inquiètent d’un rapide retour à la normale, à l’anormal devrait-on dire. Les inquiétudes sont fondées car l’histoire récente des scandales sexuels montre combien la mémoire est volatile. L'affaire Dutroux a défrayé la chronique et déclenché une condamnation politique univoque de la pédophilie mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Rien ! Des milliers de sites proposent au vu et au su de nos dirigeants des contenus pédopornographiques sans être inquiétés le moins du monde. 

Ce qui est sans doute différent de nos jours, c'est le besoin de libérer la parole, de dénoncer et d'éradiquer l’intolérable une bonne fois pour toute.

Depuis les débuts du féminisme, aux alentours du 18° siècle, des femmes se sont battues pour faire reconnaître leur droit au respect de leur intégrité physique et morale et faire condamner les violences sexuelles dont elles étaient victimes. On ne peut nier que depuis, des progrès ont été réalisés et nombre de lois sont venues sanctionner les comportements abusifs. Pour autant, la société est restée ancrée sur ses fonds patriarcaux. Le véritable changement vient des victimes elles-mêmes qui de plus en plus osent rendre public les offenses subies, passant par-delà la honte et l’idée d’une co-responsabilité présumée. Les femmes ne se tairont plus et ce fait porte les germes d’une évolution salvatrice. 

Si les femmes montent au créneau, nous attendons maintenant que les institutions prennent le relais, qu’elles s’allient avec les associations militant pour leurs droits et surtout leurs donnent les moyens financiers pour continuer le combat. La popularité des victimes de Weinstein est providentielle, elle a permis de mettre un coup de pied dans la fourmilière. Mais la plupart des victimes de harcèlement et d’abus sexuels sont des femmes "ordinaires".  Moins intéressantes médiatiquement parlant, elles ne peuvent compter que sur le tissu associatif pour faire entendre leur douleur et être soutenues dans leur démarche de dénonciation. Il ne peut y avoir un double discours qui, d’un côté, pourfendrait les agresseurs et de l'autre, passerait sous silence les besoins de financement des groupes associatifs engagés dans la lutte. Les politiques doivent prendre leurs responsabilités et agir avec force et détermination. Le moment que nous vivons est précieux et tous ceux qui aspirent à une société plus harmonieuse devraient le saisir pour amplifier le rejet de toutes formes d’agressions envers les femmes.

Le courage de toutes celles qui ont décidé de ne plus se taire ne doit pas nous faire oublier que la route est encore longue et nous réjouir de cette prise de parole ne peut suffire. Nous nous devons de répondre à ces héroïques prises de position en nous engageant résolument, sans ambiguïté, en utilisant tous les moyens à notre disposition pour combattre ces violences. Nous ne devons plus détourner le regard quand une femme subit une agression. Nous ne devons plus nous taire sous prétexte de cohésion familiale ou quand un collègue de bureau dépasse les bornes. Nous devons agir chaque fois qu’une situation le requiert. C’est la réponse collective de la masse silencieuse des gens ordinaires qui permettra de gagner le combat contre le harcèlement et les abus sexuels.

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