L'essor des robots sexuels

Si nous nous référons aux prédictions du futurologue Ian Pearson, la société de demain sera dominée par les robots et les hommes augmentés.
Suivant le concept "d’homme augmenté" ou de "transhumanisme", nos corps se verront adjoindre divers dispositifs destinés à augmenter leurs potentialités innées. De son côté, la robotique est appelée à nous aider, voire nous suppléer dans tous les domaines du quotidien. Beaucoup de gens s’effraient à l’idée de cette "révolution" mais tout bien considéré, rien de très nouveau.
Le concept d’homme augmenté ne date pas d’hier car en inventant l’outil, il y a environ 2,5 millions d’années, l’homme s'est transformé, il s'est "augmenté". Par la suite, il n’a pas cessé de chercher les moyens de transcender ses capacités naturelles. Aujourd'hui, la nouveauté réside dans la possibilité d'intérioriser des dispositifs augmentants. Génomes optimisés et organes renforcés permettront d’être plus fort, plus rapide, plus intelligent, d’une manière générale en meilleure santé et, souhaitons-le, plus heureux. Concernant la robotique pure et dure, il est possible qu’à l’horizon 2040-2050 nombre de nos emplois soient pris par des robots plus ou moins humanoïdes mais encore là, quoi de vraiment nouveau si ce n’est une réinvention de l’esclavage et d’une société à la romaine.
S’agissant de la sexualité, peu de changement en vue.
L’homme sexuellement augmenté devrait être, aux dires des transhumanistes, plus performant, plus émotionnellement sophistiqué et plus orgasmique. Mais là encore ce sont des spéculations qui n'engagent que ceux qui les formulent. Par ailleurs, l'apparition des robots dans le champ de la sexualité pourrait contribuer à l'émergence d'une nouvelle paraphilie centrée sur les rapports sexuels avec des humanoïdes mais dans ce domaine aussi, il est important de raison garder et de ne pas mettre la charrue avant les bœufs.
Beaucoup d’entre nous abordent ce techno-érotisme avec la crainte et le scepticisme qui va de pair avec les révolutions mais si nous réfléchissons un peu, nous devrions tomber d’accord sur le fait que la jouissance via les sex-toys est déjà un techno-érotisme embryonnaire. Les robots sexuels n'apportent aucune révolution mais s'inscrivent dans la continuité d'une évolution de la sexualité qui veut voir dans les gadgets des alliés de la jouissance. Les sexbots ne sont pas autre chose, même si les industriels nous promettent qu'une fois dotés d'intelligence artificielle ils seront sensibles, émotifs et friendly, ils n'en resteront pas moins des gadgets, des objets sans âme.
Certains veulent voir dans cette évolution technologique un espoir pour toutes les personnes qui ne peuvent, pour une raison ou pour une autre, avoir de relations intimes satisfaisantes. David Levy, auteur de Love and Sex with Robots, argumente en ce sens, "Pour des individus privés de relations sexuelles, je pense que les sex robots seront une bénédiction. Ils pourront palier leurs problèmes, remplir le vide qui habite leur vie et être plus heureux." D’autres se persuadent que ces machines permettront de mettre un terme à la prostitution. D’autres encore, comme le concepteur Japonais Shin Takagi pensent que des robots sexuels infantiles, child sex robot, pourraient aider les pédophiles en leur permettant d’assouvir leurs pulsions sans causer de dégâts.
A contrario, le Docteur Kathleen Richardson, responsable de The Campain Against Sex Robots, ne croit pas que le développement des robots sexuels puisse produire de quelconques bénéfices pour l’homme et la société. Pour elle, il faut s’opposer par tous les moyens à cette évolution technologique qui ne peut que contribuer à renforcer les inégalités entre hommes et femmes, légitimer les violences faites aux femmes et aux enfants et faire l’apologie des relations basées sur la domination. "Nous ne sommes pas d’accord avec les arguments qui servent l’idée de robots sexuels pouvant contribuer à réduire l’exploitation sexuelle ou la violence envers les prostitués, car tout porte à croire que la technologie et le commerce du sexe se renforcent l’un l’autre et génèrent une demande encore plus forte de chair humaine."
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