Le nouveau millénaire sera-t-il sexless ?

De plus en plus de célibataires chez les 20-24 ans.

Au vu d’une récente étude publiée aux USA, il apparaît que le pourcentage des jeunes gens entre 20 et 24 ans n’ayant pas de partenaire sexuel est passé de 6% chez les personnes nées dans les années 60 à 15% chez celles nées dans les années 90. Ces résultats interpellent car ils vont à l’encontre de l’idée communément admise qu’internet favorise les "coups d’un soir", que l’on "baise aujourd’hui plus qu’hier". On croit donc à tort que les applications de type Tinder reflètent la tendance d’une génération à privilégier et multiplier les rencontres éphémères au détriment des histoires au long cours.

L’information n’est pas si anodine qu’il y paraît car on note chez les jeunes adultes une aspiration au "sexless" et ce dans plusieurs pays industrialisés. Seraient-ce les prémices d’un désir plus profond de privilégier d’autres aspects de la relation ? L'hypersexualisation de la société aurait-elle pour corollaire d’enlever toute magie à l’aventure érotique et conduire à l'asexualité ? Il est vrai que la surabondance de sollicitations explicitement sexuelles via les médias, la publicité, internet, finit par devenir lassante. En banalisant ce qui, hier encore, était entouré de mystères, source de toutes les rêveries, les promoteurs du sexe ne sont-ils pas en train d’éroder l’intérêt pour la bagatelle ?

Bien sûr d’autres facteurs pourraient expliquer cette désaffection grandissante pour les relations sexuelles.

Les jeunes gens restent plus longtemps chez leurs parents, ce qui ne facilite pas le développement d’une vie érotique. Les jeux vidéo, les banques de films comme Netflix, sont chronophages, on ne peut être partout à la fois. Il se peut aussi que la question "Avez-vous des relations sexuelles ?" soit interprétée différemment aujourd’hui. Pour beaucoup de jeunes du 21ème siècle, le sexe oral n’est pas considéré comme une relation sexuelle, alors qu’il l’était pour ceux des années 1960.

Mais un autre phénomène sème le doute. On observe depuis quelques années un retour à l’abstinence avant le mariage. Le mouvement né outre-Atlantique dans les années 1990 a gagné l’Europe à l’aube du nouveau siècle. Ces jeunes gens qui ont décidé de ne consommer leur union qu’avec leur futur époux se font appeler les "vrais fiancés". Il sont majoritairement croyants et veulent par l’abstinence marquer tout le respect qu’ils portent au sacrement du mariage, en faire l'une des plus belles preuves d’amour. Cela peut s'accorder avec une étude qui a montré que nombre de jeunes adultes souhaitent que leur première aventure érotique soit vraiment désirée.

Plusieurs décennies après la révolution sociale de la libération sexuelle, les jeunes générations vont-t-elles initier une contre révolution ? Pour répondre à la question et pour que les quelques signes de changement observés deviennent avant-coureurs, d’autres études devront être faites.