Les prisonniers transgenres et les violences sexuelles.

Les prisonniers transgenres américains au régime de la double peine.
Si les agressions sexuelles en prison sont monnaie courante et concernent 4% de la population carcérale, les prisonniers transgenres sont particulièrement touchés par le phénomène. Une étude faite dans une prison californienne a montré que 59% des détenus transgenres, incarcérés dans des prisons pour hommes, étaient victimes de violences sexuelles. Ce qui est plus inquiétant encore est le traitement qui peut leur être réservé à la suite d’une agression.
Quid de la communauté transgenre ?
L'identité de genre doit être comprise comme une identité psychique et non génitale. Être transgenre c'est se sentir d'un genre différent de celui assigné à la naissance par la nature. Une femme transgenre possède des organes génitaux mâles mais s'identifie au genre féminin dans ses comportements, ses désirs, et de fait, vit comme une femme. Un homme transgenre est à contrario une personne née femme mais qui développe une identité masculine. Notons que la notion de genre ne se confond pas avec celle d'orientation sexuelle.
Si pour le commun des mortels le genre d’une personne est déterminé par sa génitalité, réfutant par là même la notion de transidentité, pour d'autres les transgenres ne deviennent vraiment "hommes" ou "femmes" qu'après opération. L’exceptionnelle constitution psychique des transidentitaires les conduit à subir l’incompréhension de la société et la plupart d’entre eux sont victimes de discrimination. Beaucoup sont rejetés par leur famille, se voient refuser l'accès au logement, ou sont agressés verbalement. Rares sont ceux qui trouvent un emploi salarié et beaucoup basculent, faute d’autres solutions, dans la prostitution ou des activités criminelles de survie.
Les transgenres en prison.
Le gouvernement fédéral américain, ainsi que la majorité des états, reconnaissent aux personnes transgenres le droit de changer de nom et de demander la modification de leur genre sur tout papier d'identité. Malgré cela, de graves incompréhensions subsistent dans la population en général et en particulier dans le milieu carcéral.
L'administration pénitentiaire, dans la plupart des cas, ne prend pas en compte la notion de transidentité. Ainsi les transgenres femmes sont incarcérées dans des prisons pour hommes, et les transgenres hommes dans des prisons pour femmes. La désinformation, l'hostilité des personnels carcéraux et des détenus à l'égard des transgenres font courir de grands dangers à cette population. Dans la plupart des cas, leur identité est simplement bafouée, il leur est impossible de s'habiller comme ils le souhaitent et ils se voient refuser l'accès aux produits d'hygiène appropriés. Les transgenres femmes incarcérées dans des prisons pour hommes doivent prendre leur douche avec les autres détenus. Dans ce contexte elles sont rapidement "ciblées" et victimes d'agressions sexuelles répétées.
Le plus souvent, les transgenres n'ont pas la possibilité d'accéder aux soins que leur transition nécessite, entraînant problèmes médicaux et psychologiques. Beaucoup aussi sont totalement coupés du monde extérieur car l'administration pénitentiaire de nombreux états ne reconnaît pas de droit de visite à des personnes qui ne sont pas directement de la famille.
De plus, la santé et le "bien-être" des prisonniers transgenres sont affectés par les agressions verbales ininterrompues des équipes de surveillants et des codétenus. L'usage répété d'adjectifs dégradants crée un contexte délétère dans lequel ils doivent vivre tout au long de leur incarcération. En cas d'agression, les transgenres qui osent porter plainte ne sont que très rarement pris en considération.
Dans certains établissements pénitentiaires, ils sont isolés du reste de la population dès leur arrivée, ou sitôt que des faits d'agressions sexuelles sont révélés. Si dans la majorité des cas l'isolement est une mesure de sauvegarde, dans quelques autres on peut entrevoir une forme de mauvais traitement car il provoque une grande et profonde détresse émotionnelle. De plus, enfermés pendant 23 heures par jour, il leur est impossible d'accéder aux différents programmes éducatifs. Il n'est pas étonnant dans ces conditions, que les victimes n'osent pas porter plainte.
Dans ce marasme, les avocats sont les seuls à pouvoir jouer un rôle déterminant pour l'amélioration des conditions de détention de cette population particulièrement fragile. Une détenue confiait : "Mon avocat a été la seule personne à me voir comme une femme, au milieu de tous ceux qui n'avaient qu’une intention, me violer".
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