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Quand la justice méprise les victimes de viol

Quand la justice méprise les victimes de viol

L'impéritie endémique de la justice française n'en finit pas de légitimer le permis de violer

Quand la justice méprise les victimes de viol

Deux ans pour l'agresseur, perpétuité pour les victimes 

La justice française vient de rendre, dans une double affaire de viol, un énième verdict dégoulinant de mansuétude. Alors que les pouvoirs publics exhortent les victimes de violences sexuelles à se manifester sans délai, à systématiquement porter plainte pour que justice leur soit dignement rendue, preuve est une nouvelle fois faite d'une position de façade tristement démagogique. En l'occurence, mercredi 29 juin, Bamdad A., chauffeur de taxi, est ressorti le sourire aux lèvres de la cour d'assises d'Évry-Couronnes. Bien que reconnu coupable de deux viols, ce multirécidiviste, n'a été condamné qu'à deux ans de prison ferme. Plus immoral encore, la peine étant aménageable, il a pu regagner son foyer familial libre de toute contrainte. Jugé sous le régime de la loi précédant celle de mars 2020, les viols ayant été commis en 2016, il purgera sa condamnation en semi-liberté ou en liberté restreinte et contrôlée par le port d'un bracelet électronique. Si le parquet a décidé de faire appel, jugeant d'un trop grand différentiel entre ce qui avait été requis, 12 ans de prison, et la condamnation effective, il faudra quoiqu'il en soit attendre de nombreuses années avant que l'affaire ne soit rejugée... si elle l'est un jour.

Il semble que ce soit au regard de sa vie de famille, de son statut de chef d'entreprise, de sa supposée bonne conduite depuis les faits, que ce criminel ait bénéficié de la clémence des jurés. Comme trop souvent la justice s'est apitoyée sur le sort de l'agresseur et a traité avec un mépris outrageant la souffrance des victimes, refusant au passage de reconnaître que les conséquences délétères de leur agression perdureront pendant des années, si ce n'est leur vie durant. La culture du déni des traumatismes induits par les violences sexuelles est plus que jamais d'actualité. 

Interviewée sur BFM TV, après avoir lancé un cri de détresse sur les réseaux sociaux, l'une des victimes a fait état de son désarroi, de son incompréhension légitime, face à ce que l'on peut qualifier d'une éhontée parodie de justice. Trop c'est trop et il est temps de repenser la façon dont doivent être jugés les délits et crimes sexuels car de toute évidence tribunaux correctionnels et cour d'assises n'ont pas les qualifications requises pour les appréhender dans toutes leurs dimensions. Si l'on peut manifester une certaine forme d'absolution vis-à-vis de l'incompétence, il ne peut en être de même vis-à-vis de l'indulgence répugnante dont font preuve magistrats et jurés à l'égard des agresseurs sexuels. 

Concrètement, les législateurs doivent d'urgence assumer leurs responsabilités et créer des juridictions spécifiques, composées de magistrats et magistrates spécialisé.es et dûment formé.es à l'examen des violences sexuelles. Par trop complexes ces affaires ne peuvent plus être laissées à l'appréciation ignorante des juges ordinaires et des jurys populaires.  

Se ranger à l'idée qu'aucune faute n'est impardonnable n'est pas faire preuve d'humanité quand il s'agit de juger ces sordides individus qui par la ruse ou la force s'autorisent à prendre possession d'un corps, de l'avilir, de le souiller. La radicalité la plus absolue doit maintenant présider à leur jugement. Des sentences de prison ferme incompressibles est le minimum que l'on puisse revendiquer pour mettre un coup d'arrêt au permis de violer.

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