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Rencontre en ligne, escrocs et prédateurs sexuels

Rencontre en ligne, escrocs et prédateurs sexuels

Rencontre en ligne, escrocs et prédateurs sexuels

Pièges et dangers de la rencontre en ligne.

La révolution numérique a bouleversé bien des aspects de la vie sociale et particulièrement la façon dont les gens entrent en contact, que ce soit pour échanger des idées, partager des recettes de cuisine, des astuces pour faciliter la vie quotidienne, militer pour des causes humanistes ou encore rencontrer l’âme sœur. C’est sans doute dans ce dernier domaine que les changements sont les plus notables, sites et applications de rencontres s’étant imposés comme les incontournables acteurs de l’amour romantique et du hook-up (le coup d'un soir). Mal vus au premier temps de leur développement, considérés comme une médiocre alternative aux modes de rencontre traditionnels, ils ont peu à peu réussi à renverser la tendance et on estime aujourd’hui que 20 à 30% des couples se forment via les plateformes de rencontre en ligne. Révolution ? Pas autant qu’on pourrait le croire, car si nous entrons en relation par ordinateurs interposés, la finalité demeure la même : le contact physique, et s’il existe des couples qui vivent une relation amoureuse et/ou sexuelle purement numérique, gageons qu’ils ne soient pas les plus nombreux. 

Agir en conscience des risques.

Au vu du nombre croissant de couples qui disent s'être trouvés via un site de rencontre en ligne, on pourrait penser qu'elle est le moyen idéal pour trouver l'âme sœur. Toutefois pour attirer la perle rare encore faut-il se plier aux exigences de la rencontre 2.0 et accepter de se définir par le menu détail. Pour multiplier les chances de matcher la bonne personne, les promoteurs du dating invitent leurs abonnés à répondre à des questionnaires méthodiques et se dévoiler autant que possible. Mais, la rédaction du profil souvent présentée comme l'élément clé du succès encouragent certains dateurs zélés a révéler des informations sensibles susceptibles de tomber entre les mains de personnes mal intentionnées. Une étude de Kapersky en 2017 a mis en évidence qu’une personne sur dix faisait apparaître son adresse postale sur son profil, partageait des détails sur son travail, ou des éléments d'information détaillés sur sa famille, et que 9% des usagers avaient posté des photos et vidéos très intimes.

Si une partie des daters est sincère et honnête, une autre l’est nettement moins et pour des raisons diverses n'hésite pas à mentir éhontément. Il est donc difficile de savoir si la personne avec laquelle on est entré en contact est portée par de bonnes ou mauvaises intentions. Selon l’étude de Kapersky, les personnes sans emploi et les femmes célibataires seraient les plus exposées à des rencontres malsaines. Il faut s’en convaincre, les prédateurs sexuels qui chassaient de nuit dans les rues sombres, opèrent aujourd'hui sur le net et les sites de rencontres qui, dans leur écrasante majorité, font preuve d'un manque de rigueur, voire d'une négligence coupable, dans le contrôle de leurs membres. Cela est d’autant plus vrai pour les sites gratuits, véritables poubelles où se mélangent toutes sortes d’aigrefins et de violeurs patentés. 

Sans tomber dans une méfiance excessive, nous devons accepter le fait que les faux profils sont légion sur les sites de rencontre en ligne. Aucun d'entre eux n’est d’ailleurs en mesure de certifier à 100% la véracité des informations que leurs membres affichent sur leur profil. L’exigence de présentation d’un document officiel d’identité, pour rassurante qu’elle soit, ne peut être le gage d’une totale transparence et ne doutons pas que les prédateurs sauront toujours trouver des astuces pour passer entre les mailles des meilleurs systèmes de filtrage. 

Il revient donc aux usagers de faire preuve de vigilance et de s’en tenir à quelques règles simples pour éviter les rencontres fâcheuses.

  • Prendre soin de contrôler la réalité des photos de profil par capture d’écran et recherche sur google image.
  • Comparer le profil affiché sur le site avec celui ou ceux exposés sur d'autres réseaux sociaux.
  • Ne jamais donner ni adresse, ni numéro de téléphone.
  • Ne jamais envoyer de photos ou vidéos dénudées. 
  • Ne jamais donner un premier rendez-vous à domicile et toujours privilégier les lieux publics.
  • Avertir un/une ami proche lors d’un premier rendez-vous.
  • Avertir les administrateurs de la plateforme de rencontres en cas de demandes suspectes et/ou de messages déplaisants.
  • Écouter son intuition si mauvais feeling (une déception temporaire vaut mieux qu'un regret éternel).
  • Bannir les sites gratuits.

Vulnérable ou non, nul n'est à l'abris d'une mauvaise rencontre.

Si la plupart des femmes se disent conscientes des risques liés à la rencontre en ligne, il faut toutefois souligner que les barrières de leur méfiance peuvent rapidement céder face aux arguments d'un habile et séduisant manipulateur. Le phénomène est notamment fréquent chez les femmes en situation de vulnérabilité affective, comme le montre un arrêt de la cour de cassation du 23 janvier 2019 jugeant de la constitution d’un viol par surprise commis par un homme s’étant présenté sous un faux profil. Pour les deux plaignantes, abusées à quelques mois d'intervalle, Anthony B, 37 ans, physique avenant et sportif, architecte d’intérieur exerçant à Monaco, avait tout du « Prince charmant ». Séduites par le profil enjôleur et rassurées par l’envoi de nombreuses photos, en réalité celles d’un mannequin de mode, elles acceptent de le rencontrer à son domicile et de suivre à la lettre un scénario érotique particulièrement aventureux : entrer dans son appartement, se bander les yeux sans l’avoir vu, se mettre nue, se laisser guider par sa voix pour le rejoindre dans une chambre où elles doivent être attachées avant de subir ses assauts. La chose faite, elles découvrent alors qu’elle ont été possédées dans les grandes largeurs, car l’homme n’a rien d’un playboy. Vouté, ridé, bedonnant et passablement dégarni, le séducteur n’a pas loin de 70 ans. L’aventure exceptionnelle, le moment magique promis, se transforme ipso facto en agression sexuelle caractérisée, motivant un dépôt de plainte fort légitime. Sans revenir sur le déroulé judiciaire qui aboutira à la saisine de la Cour de cassation et un arrêt qui fera certainement jurisprudence, il est important de souligner que la tromperie a pu aller à son terme non parce que ces femmes étaient particulièrement naïves, mais parce que leur agresseur a su comprendre et profiter de leur état de carence psycho-affective. Cela dit il serait absurde et dangereux de circonscrire les cibles de chasse des prédateurs à quelques cas marginaux et aucune femme ne peut se prévaloir d'être à l'abri de leur sinistre duplicité. Pour rocambolesque qu’elle soit cette affaire n’en est pas moins symptomatique de notre tendance à l'aveuglement dès lors que se dessine la perspective d’une rencontre extraordinaire.. 

Les hommes aussi.

Dans le cadre de la rencontre en ligne, les hommes en fragilité affective sont aussi des proies faciles. Pour Bernard M, 56 ans, cadre supérieur en instance de divorce, l’occasion de renouer avec les joies du sexe se présente sous la forme d’une jeune femme accorte abordée sur un site de rencontres en libre accès. Habilement manipulé, flatté de se retrouver un charme irrésistible, il s'enflamme et malgré le scepticisme de ses proches amis, se persuade qu'une bonne fée s'est penchée sur son destin. Après une semaine d’échanges de plus en plus caliente, il accepte un plan sexe par webcams interposées. Erreur fatale. Menacé de voir les images divulguées au sein de son entreprise et à sa famille, il se pliera aux injonctions de ses escrocs : payer 5.000 euros de rançon (mandat-cash vers la Côte d’Ivoire) pour récupérer la vidéo. L’affaire n’est pas isolée et le ministère de l’intérieur alerte sur le développement rapide de ce type d’escroquerie en rappelant les bons réflexes :

  • Évitez les discussions webcam avec des personnes que nous n’avez jamais rencontrées.
  • N’envoyez jamais d’argent, cela ne réglera rien.
  • Ne répondez pas aux messages et coupez tout contact avec les escrocs.
  • Supprimez le contact de votre Facebook ou autres réseaux sociaux.
  • Si l’escroc vous envoie un lien internet de la vidéo, ne paniquez pas, elle est souvent en privée donc invisible du public.
  • Demandez la suppression au site hébergeur
  • Et surtout, rendez-vous à l’adresse www.internet-signalement.gouv.fr et signalez l’escroquerie dont vous êtes victimes aux services de Police.

Alors que nous sommes méfiants de manière réflexe dans un espace extérieur face à un inconnu (aussi engageant soit-il), on peut supposer que le fait d’être chez soi, dans un environnement sécure, altère notre capacité de vigilance quand se présente sur notre écran le même inconnu. Pour naviguer et rencontrer en toute sécurité sur le net il faudrait donc agir en conscience et adopter les attitudes de vigilance qui prévalent dans la rue, un bar, une discothèque ou tout autre lieu public. Enfin, quels que soient notre préférence sexuelle, notre genre, notre intelligence ou notre force de caractère, nous sommes tous concernés par les risques liés à ce mode de rencontres. 

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