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Sexualité : ces normes qui nous empoisonnent !

Sexualité : ces normes qui nous empoisonnent !

Sexualité : ces normes qui nous empoisonnent !

Inventez votre sexualité de couple.

Pour être sexuellement heureux, épanoui, le couple devrait faire l’amour tant de fois par semaine, agrémenter ses pratiques de tel ou tel jeu érotique, en passer systématiquement par les préliminaires (sexuels), avoir des orgasmes, passer en revue les positions du kamasutra, etc., une litanie de recommandations qui peu à peu ont pris la forme de nouvelles normes remplaçant celles moralistes que la pseudo-révolution sexuelle avait fait voler en éclats. Chasser le naturel… Vouloir donner des clés aux couples pour une meilleure vie sexuelle est certainement porté par des intentions louables. Mais encore faut-il que ces clés puissent ouvrir des perspectives réjouissantes et de toute évidence ce n’est pas toujours le cas. La raison principale tient au fait qu’en matière de sexualité, et contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, il n’y a pas de recettes, ni de mode d’emploi, c’est à chacun de déterminer ce qui lui correspond.

Un, deux, trois rapports par semaine ? 

S’appuyant sur diverses études et autres recommandations de spécialistes de la sexualité, les médias se font fort de déterminer la fréquence idéale de nos rapports sexuels. Cependant, si l’on peut effectivement mettre en évidence par les outils mathématiques qu’en moyenne un couple fait l’amour tant de fois par semaine, rien ne permet d’affirmer que se situer dans cette moyenne constitue un idéal. Mais pour nombre de couples, l’idée de ne pas s’accorder sur la norme est source de remise en question de leur sexualité quand bien même elle leur donnerait entière satisfaction. Ce constat aberrant, les sexologues le font de plus en plus régulièrement, signe de l’impact nocif que peuvent avoir les médias sur nos vies quand ils s’arrogent des prérogatives, en l’occurrence celle de dispenser des conseils en sexualité.

S’étalonner sur la fréquence standard des rapports intimes n’a aucun intérêt si ce n’est celui d’instaurer le doute là où il n’a pas lieu d’être. Alors qu’en est-il de l’idéal ? Certainement est-il le fruit d’un accord, tacite ou express, des partenaires qui leur a permis de trouver le tempo qui leur convient. Celui-ci peut être quotidien, hebdomadaire, mensuel, peu importe.

Si la périodicité des rapports n’est pas un critère permettant de dire si un couple est épanoui, la qualité des rapports constitue, elle, un essentiel. Et en la matière, tout est question d’apprentissage, d’écoute et de dialogue. « Combien de fois par mois parlez-vous de sexualité ? » serait sans doute une question plus pertinente à poser aux couples en proie aux différends érotiques.

Combien de temps doit durer un rapport sexuel ?

Deux minutes, vingt minutes, une heure, combien de temps doit durer un rapport sexuel ? Question récurrente des forums dédiés à la sexualité, la durée idéale d’un rapport sexuel n’est en réalité pas définissable, car il n’existe qu’un idéal, celui que chaque couple doit déterminer pour son bien-être érotique. Sachant qu’un rapport de quelques minutes peut être plus satisfaisant qu’un marathon du sexe et que l’inverse est aussi vrai, il est inepte de vouloir poser une norme. En outre, le contexte, l’envie du moment, peuvent ouvrir sur des rapports plus ou moins longs. 

Et la sodomie, on en parle ?

Sujet particulièrement à la mode, la sodomie fait vendre. Aucune rubrique sexo digne de ce nom ne saurait faire l’impasse sur le coït anal. Autrefois tabou, il est aujourd’hui la pratique censée mettre du piment ou donner un coup de fouet à notre libido de couple. « Osez la sodomie » est devenu le leitmotiv de tous les pseudos experts en sexualité qui ne sont pas avares de conseils en lubrification et détente de la zone anale. Mais plus rares sont ceux qui mettent l’accent sur le désir et le fantasme de vivre cette expérience. Or sans envie, la sodomie laisse le plus souvent dans la mémoire de « l’accueillante » un souvenir douloureux. 

Parce que la zone anale n’a pas un degré d’érogénéité identique chez toutes les femmes, on ne peut décemment laisser croire que pour apprécier la sodomie il suffit d’oser, de se détendre et de se lubrifier abondamment (soulignons à ce propos que la dilatation nécessaire à la pénétration anale adviendra assez naturellement sous l’influence d’un puissant désir). S’il y avait deux conseils à donner, le premier serait à l’endroit des femmes : « Osez la sodomie seulement si l’idée vous excite follement », le second pour les hommes : « Effleurez d’un doigt l’anus de votre partenaire, sa réaction vous indiquera si elle est prête à s’ouvrir à la sodomie. »

Doit-on tout essayer pour être au top ?

Libertinage, échangisme, sex-toys, BDSM, kinbaku, tantrisme, kamasutra, etc. doit-on tout expérimenter pour être au top ? Si l’on s’en tient à la norme médiatique, il serait effectivement indiqué de se livrer à toutes les expériences pour acquérir le statut de couple libéré et épanoui. On ne peut que déplorer cette vision des choses car rien ne permet d’affirmer que la multiplicité des expériences est un gage de réussite sexuelle. Au contraire se lancer dans des pratiques érotiques tous azimuts pour dire que l’on a essayé et que notre couple est fun  peut plus facilement détruire la relation que la faire grandir. L’épanouissement du couple ne se mesure pas à l’aune de la diversité de ses pratiques, mais plus sûrement à celle de sa complicité fantasmatique. Si cette dernière est entière, bien que se résumant à un seul type d’activité, le couple n’a pas de raison d’aller jouer sur d’autres terrains si ce n’est pour avoir le sentiment d’être dans la norme des « couples sexuellement libérés » et de prendre le risque de gâcher une belle histoire. Toutefois si la curiosité et les fantasmes partagés poussent au renouvellement des scénarios érotiques, pourquoi se priver de bousculer les habitudes ? Dans ce cas la multiplicité des aventures sera porteuse d’un plus relationnel.

Alors que doit-on retenir de ce que les médias nous racontent sur la sexualité ? À vrai dire, pas grand-chose et surtout pas leur vision normative de la sexualité. L’essentiel pour le couple est de profiter au mieux de son capital érotique propre, de développer une fantasmatique commune en s’appuyant sur une communication franche et décomplexée. 

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