Sydney : un festival original dédié à l'érotisme.

Nous pourrions croire que nos sociétés modernes sont sexuellement émancipées, mais est-ce vraiment le cas ?
Face aux pratiques alternatives, BDSM et fétichistes, les peurs et préjugés sont encore légion. Le sexe et l'érotisme peuvent prendre des formes aussi diverses que variées. Certaines nous sont familières d’autres absolument étrangères. Nous ne pouvons prétendre être sexuellement libérés quand, confrontés à des pratiques érotiques qui ne sont pas les nôtres, nous faisons preuve d’ostracisme.
C’est ce postulat qui sans doute a prévalu à l’organisation du Sydney festival of really good sex qui explore les différents aspects et variations de l’expression érotique. S’il existe d’autres évènements de ce type en Australie, le festival de Sydney se distingue par une approche très ouverte, éducative et souvent subversive du sexe et de l’érotisme. Les festivaliers ont la possibilité de participer à des ateliers découverte, des conférences, des performances artistiques et finalement, à une grande soirée où, si tel est leur souhait, ils pourront mettre en pratique les enseignements reçus.
Le festival est pensé comme un espace de discussion, d’exploration et d’expérimentation.
L’objectif est avant tout d’aider les gens à se sentir plus confortables avec ce qu’ils sont et ce qu’ils aiment vraiment, et d'offrir aux participants des opportunités d’accroître leurs connaissances et d’enrichir leur expérience.
Peter Banki, l’inventeur de cette grande kermesse de l’érotisme, a voulu donner une dimension sociale à la manifestation. Notre société est clivante et les possibilités d’échanger avec des individus qui ne sont pas de notre milieu sont de fait très rares. Rien de tout cela au Syndney festival of really good sex. Les jeunes et les anciens, les hétéros et les queers, les gens aux revenus modestes et les plus fortunés, les gros et les maigres, les personnes porteuses de handicap et les valides, les célibataires et les couples, les personnes impliquées dans des schémas relationnels atypiques ainsi que ceux friands de pratiques érotiques hors normes, tous se rencontrent, échangent et partagent.
Pour Peter Banki, il est important d’offrir aux adultes des espaces protégés dans lesquels ils puissent se sentir libres d’explorer le champ des possibles érotiques, loin des préjugés de la société. Mais dans un même temps, il souhaiterait que les gens se confrontent à ces préjugés, à ciel ouvert pourrait-on dire, les remettent en question, car c’est le seul moyen de permettre à notre culture de devenir plus libre et surtout plus mature.
La communauté LGBT s’est battue bec et ongles pour faire reconnaître ses droits.
Pour ce faire elle a dû sortir de son antre et s’exposer en pleine lumière. Il doit en être de même pour tous les aficionados du BDSM qui, animés par la peur de perdre leur job ou de froisser leur famille, n’osent pas se montrer au grand jour. Le regard de la société sur les pratiques érotiques qui sortent de la norme est encore très virulent, et le fait est que la majeure partie des kinkys préfère mener une double vie que de subir l’opprobre de leurs collègues, parents et amis. Il reste donc d’énormes efforts à fournir pour contrer cette stigmatisation. Il nous faut comprendre que les pratiques BDSM, bondage, shibari, fessée et autres érotisations du pouvoir, même s’il elles choquent les non-initiés ne doivent pas être perçues comme violentes, irresponsables et dangereuses. Il semblerait au contraire qu’elles soient plutôt une joyeuse expression du désir sexuel et de l’amour.
L’érotisme, quelle que soit sa forme, est un horizon à la sexualité, une façon de nous éloigner de notre nature primitive. L’érotisme est lié à la culture, à la démarche politique et à plein d’autres choses. Les maîtres tantristes parlent de force vitale, rappelant au passage que le sexe et la vie sont intimement liés. L’érotisme a le pouvoir d’ouvrir notre esprit, de questionner nos valeurs, ce qui nous semble aller de soi, comme notre orientation sexuelle, notre genre et ce que deux ou plusieurs adultes consentants ont le droit de faire ensemble. En d'autres termes, d’un point de vue philosophique, il serait important de s’interroger sur ce qu’est l’érotisme aujourd’hui.
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