Sphère sociétale

Votre libération sexuelle n'est pas la nôtre !

Votre libération sexuelle n'est pas la nôtre !

Votre libération sexuelle n'est pas la nôtre !

Extraits de : « Vie et moeurs de la peuplade “Tuot” ou que vos os pourrissent sous la lune », Tout !, 30 juin 1971.

Nous avons écrit le texte sur les "Tuotiens" afin de montrer, en partant de nos expériences individuelles, comment en s'appuyant sur une définition erronée de la révolution sexuelle, les hommes en viennent à renforcer leur oppression sur nous. Ces cas, pour particuliers qu'ils soient, ont valeur d'exemples et il n'est nullement nécessaire d'y être directement impliqué pour y reconnaître le genre de relations que nous entretenons traditionnellement avec les hommes.

Tout le monde est concerné. Chaque homme a un lieu de pouvoir et une relation de pouvoir à une femme. Chacune d'entre nous a un "chef" dans sa vie.

Ce texte et celui qui suit ont été écrits collectivement. Nous essayons de donner une réponse collective à des situations que nous vivons depuis toujours isolément. Nous ne voulons plus nous contenter de discuter entre nous, en continuant de lutter seules contre nos oppressions individuelles.

Nous avons appris en écrivant ensemble ces textes, que combattre collectivement y compris nos oppressions dites "privées" est le seul moyen de ne pas continuer à se faire baiser et d'avoir une chance de changer notre relation aux hommes.

En écrivant ces textes et durant toutes les discussions qui les ont préparés et précédés, nous avons établi entre nous des relations moins proches des rôles qu'on nous impose et c'est une des choses qui nous paraissent les plus importantes dans l'immédiat.

Nous continuons à intérioriser les images de la femme et à en valoriser certaines par rapport à d'autres. Le fait de l'exprimer et d'en être conscientes ne signifie pas que nous en soyons libérées. 

Dès qu'il l'a fallu, les hommes ont même cru en une nouvelle image, celle de la femme libérée, la fille du "MLF" et notre tendance à nous est souvent de répondre à cette image comme ils l'attendent. Ils s'en servent pour revendiquer ouvertement un comportement en fait très traditionnel de mâle et s'appuient sur la révolte des femmes pour ériger en principe ledit comportement.

"La femme libérée" vient s'ajouter à la série des images. Ils nous fixent dans ce rôle et nous culpabilisent dès que nous n'y correspondons plus.

"Tu ne veux pas coucher avec Untel mon copain, ou Unetelle avec qui moi je couche, tu n'est pas libérée..."

"Tu es jalouse, tu n'es pas libérée..."

Tu ne veux pas que je couche avec Unetelle..."

Ce que nous voulons actuellement, ce n'est pas le renversement du pouvoir, mais la déconstruction du pouvoir à tous les niveaux, économiques, politique, idéologique, social, affectif, sexuel... En déconstruisant le pouvoir, nous voulons découvrir enfin notre totalité d'être humain, en rejetant les images quelles qu'elles soient. Le fait que nous puissions établir entre nous des relations, qui soient fondées sur la déconstruction quotidienne du pouvoir, nous permet d'acquérir une identité et une existence plus autonome par rapport à ce pouvoir. En ne cherchant plus à se conformer à notre image, nous entrevoyons la possibilité d'exister et du même coup, d'établir des relations radicalement différentes de celles que nous vivions jusqu'à présent, des relations que nous oserions appeler vraiment amour.

Il se trouve que ce n'est pas un hasard, que cela n'a été possible jusqu'ici qu'entre femmes. D'ores et déjà entre nous, il y a de l'amour : une tentative d'amour fondée sur la mort de l'image. Nous ne sommes pas désaliénées. Nous sommes en voie de libération. Ce n'est qu'après que nous pourrons parler vraiment d'amour.

Des militantes du M.L.F.

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